Curieux, étions-nous, des résultats du Bac 2019 .Inquiets, même, un peu. L’année scolaire n’a pas été de tout repos, à l’instar de beaucoup d’autres depuis presque une décennie. Les choses, heureusement, se sont plutôt bien passées. Peu de triche, et des profs volontaires à la correction.
Résultats rassurants, aussi. Les 31% de réussite (hors épreuve de contrôle) réitèrent(nous dit-on)la moyenne générale du pays. Nos recalés du bac tournant, toujours, autour des 60%.
Rassurant n’est peut-être pas le mot. Acceptable, vu le contexte actuel. Vu les difficultés de «la transition».
Rappelons, d’abord, les chiffres de 2010 et de 2011 .Ils dépassaient les 50% de réussite. On en a parlé comme d’un record, la vérité est que c’était la tendance courante, fréquente, à travers les décades qui ont précédé. Il y a eu une flambée bachelière lors des années Bourguiba. Et moins de ralentissement qu’on ne suppose sous Ben Ali.
Les chiffres récents du Bac apparaissent, surévalués. Peu lus. Le plus probable : rarement décryptés. Il en résulte que nous interprétons mal, nous ne tirons pas les bonnes, les meilleures, conclusions.
Sur quelle base, par exemple, devons-nous juger le niveau de notre Bac et de nos bacheliers ? Sur les 5O% de 2010 ou sur les 31 de l’après-révolution ? Sur ce qu’affirment les experts, pas de crainte, les 2O% en moins ne signifient pas forcément recul. «Voire, 2010 n’était qu’un record, une exception». Soit, mais comment expliquer ,par ailleurs, l’inégalité croissante des chances entre les candidats du littoral et ceux du pays profond ?Entre les taux de réussite de Sfax, de Monastir et de Sousse et ceux de Jendouba, Tataouine, Kasserine et Kebili ? La différence est de l’ordre du simple au double aujourd’hui. 49, 32 pour Sfax2, petit 16 pour Kasserine, l’écart le plus grand ! Quand on s’en tient à «l’autorité» des chiffres, à leur seul attrait, on brade souvent les réalités. On hésite, en fait. On ne sait à quels chiffres il convient de se fier.
On «n’a même pas intérêt à savoir» parfois. On se voile la face. On refuse «d’aller loin».
Les 49% de réussite de Sfax 2 dénotent d’une belle tradition scolaire, certes, mais également, si l’on consent bien à chercher, de meilleures conditions de vie. Les 20 et les 16% de Kebili et de Kasserine, idem et a contrario : mauvais résultats, soit, mais pauvreté et modicité des moyens.
Ces vérités-là, on insiste, n’ont pas la sympathie de tout le monde, spécialement des responsables et des gouvernants.
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