Comme prévu, l’été 2019 s’avère chaud. Bouillant. Il n’y a pas que la politique et la campagne électorale qui «allument des mèches». Il y a le climat, la canicule et la pénurie d’eau. Il y a nos enfants qui désertent en mer. Il y a le football et la CAN d’Egypte qui allument passions et passions. Il y a les festivals qui drainent foules déjà.
En trois fois rien de temps, ça pèse , plutôt, sur un si petit pays. On ne sait surtout où ranger les choses : dans les faits d’actualité ou dans la catégorie des pépins.
En politique, force est de le reconnaître, rien n’incite à l’optimisme. Bien au contraire, la campagne électorale qui s’esquisse (hors délais officiels ) est une campagne du «tout permis». Ce qui se passe sur les réseaux sociaux, à travers pages anonymes ou déclarées, est franchement rebutant. Insultes et bassesses en tous genres. Si le débat public sombre à ce point, c’est que nous nous leurrons sur nous-mêmes, c’est que nous ignorons jusqu’aux rudiments de la démocratie.
Les gouvernants et la classe politique, en général, ne donnent pas d’exemple, non plus. N’insistons pas sur les «bourdes» affichées à l’ARP. Ce qui fait le plus mal, à ces niveaux, c’est le spectacle de gens au pouvoir occupés à saper leurs futurs concurrents. Et pour cela on touche à l’interdit absolu :on use et abuse des moyens de l’Etat. Que seront les élections demain ?Nul n’en dit mot encore. Mais le risque, on le pressent :qu’à Dieu ne plaise, des suffrages, au final, détournés, truqués. Pour une démocratie à l’essai, la pire dégringolade. C’est d’emblée «toucher le fond» .
Les chaleurs records, on les connaît maintenant. Simple: elles sont à la hausse chaque année. En dix ans, nous sommes passés de 35 à 45 degrés de moyenne estivale, toutes régions cumulées. Des canicules insoutenables s’abattent chaque été sur la Tunisie. Le littoral un peu moins, mais les températures culminent, dans le pays profond. Et cela s’aggrave d’autant plus que se déclarent de terribles pénuries d’eau. A Gafsa et à Sidi Bouzid, juin et juillet, le pépin vire à la tragédie. Au presque «désert économique», au chômage et à la pauvreté s’ajoutent soif, sécheresse et maladies, désormais.
Autre drame, chronique, autre «gros pépin» : nos enfants qui fuient sur les barques de la mort. Deux décennies, et plus encore depuis la révolution, le désespoir d’une jeunesse sans emploi ni avenir va en s’amplifiant. Cet été, les chiffres donnent une centaine de victimes et de disparus. Entretemps, rien ne se fait. Misère et statu quo.
Entretemps, des directeurs de festivals annoncent fièrement leurs programmes et invitent «leurs publics» à redoubler de «joie de vivre» et de sorties.
Entretemps, d’autres publics, d’autres responsables, d’autres radios et d’autres télés s’époumonent à propos de la CAN d’Egypte et des heurs et malheurs de notre équipe nationale de foot.
Les festivals et le foot, pris par eux-mêmes, incarneraient le meilleur cet été. Mais dans le contexte, au milieu de tant et tant de pépins, qu’arrangent-ils vraiment ?A part de divertir et d’enflammer instantanément des foules, aident-ils à affronter les canicules, les pénuries d’eau, le chômage et la pauvreté, à résoudre nos problèmes dans la durée ?
Posons-nous, un peu, la question.