Des agriculteurs en colère ont bloqué les routes. Incapacité de certains centres à collecter de nouvelles quantités d’orge
La campagne des moissons continue toujours de nourrir des inquiétudes chez les céréaliculteurs qui se plaignent immanquablement d’un engorgement des centres de collecte dans de nombreuses régions et d’un mauvais barème d’agréage, jugé défavorable pour les professionnels, en cette année où ils espèrent récupérer une partie des pertes qu’ils ont subies lors des trois dernières campagnes agricoles marquées par la sécheresse et une production maigre et peu rentable.
Déjà, les céréaliculteurs du Kef ont manifesté la semaine dernière et procédé au blocage de la route reliant Le Kef à Tunis afin d’ attirer l’attention des autorités sur la situation jugée intenable en raison de l’engorgement excessif des centres de collecte et de leur incapacité à recevoir de nouvelles quantités de céréales, notamment pour la variété de l’orge dont la réception finale à été limitée au 20 juillet, alors que de nombreux champs n’ont pas été encore moissonnés, à une semaine avant cette date butoir qui permet aux agriculteurs de bénéficier d’une prime dite de prompte livraison estimée à 12 dinars pour le quintal d’orge (avant 20 juillet) et à 17 dinars pour celui du blé.
Barème d’agréage coercitif
Selon le président du syndicat des agriculteurs du Kef, Abderraouf Chebbi, la campagne des moissons a démarré dans de mauvaises conditions. Les centres de collecte ne sont pas en mesure d’absorber toutes les quantités collectées dans la région. Il a fallu, selon ses dires, faire beaucoup de pression sur les autorités pour parvenir, quoique tardivement, à l’ouverture d’un nouveau centre au Kef-Est dont la capacité est de 200 mille quintaux pour régler, enfin, cette question de saturation des centres de collecte et en découdre avec la grogne des agriculteurs et des transporteurs acculés à attendre, parfois de longues heures, pour livrer les quantités transportées .
Autre sujet d’inquiétude soulevé par les agriculteurs de Medjez El Bab, en l’occurrence celui du barème d’agréage des céréales jugé, à son tour, coercitif et peu favorable aux agriculteurs qui ont appelé de vive voix à sa révision, eu égard à plusieurs considérations, notamment les pertes qu’ils ont subies au cours des trois dernières campagnes et qui ont eu raison de leurs portes-feuilles, en raison de la sécheresse qui a prévalu dans le pays durant ces années de vaches maigres.
Les syndicats des agriculteurs ont, par ailleurs, lancé un appel au gouvernement pour reporter la date butoir de prompte livraison de l’orge à la fin du mois de juillet, et ce, afin de permettre une meilleure gestion de l’emploi du temps des agriculteurs et de leur donner la possibilité de livrer leurs productions dans de meilleures conditions, tout en appelant aussi à mieux gérer la surabondance dans le pays. Cela permet de mettre en place des visions stratégiques pour le secteur agricole et d’éviter la perte de certaines filières agricoles menacées de banqueroute ou même de disparition.
Jamel TAIBI