Il y a deux semaines, à travers cette même rubrique, j’avais jeté comme cela, un nouveau vocable «sauvage» et chantonnant qui trottinait dans ma tête, celui d’‘‘Etéisme’’, à l’intention de nos lecteurs, comme on jette une bouteille à la mer contenant un Save Our Soul (littéralement : sauvons nos âmes). Sans pour autant espérer quelque chose en retour. Les signaux d’alarme et les infos d’alerte, venant des parapets de la vieille Europe, nous signalant que les Robinsons échoués sur les rivages d’une île déserte, n’avaient plus cours, et que c’étaient des vues de l’esprit de quelque romancier déconnecté des réalités de ce monde.
Et qui, plus est, le décor planté en Méditerranée souffrait-il non pas d’un ‘‘vague à l’âme’’, mais d’une turbulence telle qu’elle avait pris des accents tragiques à n’en plus finir depuis ces dernières années. Et au lieu de ces «Robinson faussement solitaires et fuyant la vieille Albion», c’étaient des «Vendredis» d’Afrique, ou d’ailleurs, qui pullulaient par centaines de mille, et qui gisaient désespérés à la surface des vagues impétueuses du côté de Zarzis et de Pantelleria, en Sicile, de connotation arabe (Bint El Arich»), quand ces harragas n’étaient pas purement et simplement achevés à coups de feu dans le rougeoiement des flots, une véritable «matenza humaine» aux couleurs pourpres, aux abords de Lampedousa ou de Mazara del Vallo.
Cette digression, chers lecteurs, pour planter le décor saugrenu de cette mare nostrum qui a perdu la boussole avec ses relents de nationalisme étriqués et d’accents de racisme à l’européenne qui ne pense qu’à ses intérêts.
Mais quelles espérances encore pour notre pays, ce petit mouchoir blanc, sur la rive sud ?
Eh bien, la bouteille à la mer, le vocable d’‘‘étéisme’’ étant découvert, qu’elle ne fût notre étonnement (je ne suis pas le seul) de voir qu’un petit groupe est né, cherchant à adhérer à cette petite philosophie de la vie humaine, en Méditerranée, sans prétention, que d’être un modèle d’existence régénéré par nos racines mythologiques; en un mot : nos particularismes culturels. Ils sont débarrassés de toutes ces entraves que nous avons citées, suscitant un certain engouement pour tous les Méditerranéens que nous sommes. Notre terre ferme, nos îles, le soleil et la mer, nos quatre saisons toujours ensoleillées, lumineuses, tempérées et les équinoxes d’été et celles d’un hiver rude qui se confondent. «C’est cela être étéiste, remettre de l’ordre avec nos rapports avec la nature», me dit une telle.
«L’étéisme, me dit un tel, c’est le contraire de l’obscurantisme bien que nous ayons besoin d’un certain ombrage. C’est tout cela qui règle notre existence. L’ombre a besoin de la lumière et vice versa. Elles cohabitent ensemble».
Une autre personne : «Il faut de la lumière pour l’ombre et de l’ombre pour la lumière», simplement dit !
Non, j’apprends par certaines pourquoi y a-t-il aussi plus de femmes que d’hommes qui adhèrent à cet étéisme ? — qu’il va falloir créer un mouvement étéiste en Tunisie.
On va créer les fondements même de l’étéisme. La relation que possède ce vocable avec tous les secteurs de la vie active sera un modèle pour tous les pays riverains de la Méditerranée pour combattre tranquille, naturellement et d’une façon zen, les retombées de la mondialisation, penser la relation de l’étéisme avec le secteur touristique.
L’étéisme et l’écologisme
L’étéisme et les relations sociales. L’étéisme et la culture et les arts. En vérité, nous sommes étéistes sans le savoir, et depuis longtemps.
Nous allons développer ce projet sur cette nouvelle vocation. Nous en parlerons une autre fois.
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