Homme de culture et de communication, Fadhel Jaziri, un des fondateurs de Nida Tounès : « Les discours qui paraissaient improvisés étaient minutieusement préparés»

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« Béji Caïd Essebssi est l’artisan d’une transition. Sous le règne de la Troïka, dans ce moment particulier, il avait mené une action avec beaucoup de doigté pour équilibrer, comme il aimait à le dire, le paysage politique. Il martelait sans cesse alors, « la patrie avant le parti », c’était sincère.

La première fois que j’ai eu une conversation qui a été la base de notre accord, il m’avait dit : « Je le fais par obligation, non en héros, et n’attends ni gloire ni reconnaissance ». Je l’ai connu de près de juin 2012 aux élections 2014, ainsi que les premières semaines de 2015. Par la suite, j’ai repris mon travail. C’était notre accord. Mais je me dois de le dire, j’ai connu une période formidable. J’estime avoir contribué modestement — ils étaient des centaines peut-être des milliers à l’époque — à avoir construit le mouvement de Nida Tounès.

Béji Caïd Essebsi était d’une grande délicatesse, d’une grande politesse et était doté d’une intuition politique rare. C’était un homme très patient. Il pouvait rester plusieurs heures assis sur une chaise à écouter. C’était un homme cultivé comme rarement. Un grand lecteur et il donnait l’impression d’être au courant de tout.

C’est un tribun et un homme de travail. Il comprenait à demi-mot et anticipait beaucoup. Les discours qui paraissaient improvisés étaient minutieusement préparés. Il préparait longuement ses rencontres avec la presse et avec le public. Béji Caïd Essebssi avait une mémoire phénoménale. Il avait la capacité de prendre du recul vis-à-vis de la fonction qu’il exerçait, lorsqu’il était Président de parti et, par la suite, chef d’Etat.

Il réussissait à forcer le respect même chez ses adversaires les plus farouches. Cétait un grand architecte des relations humaines. Il savait mesurer les rapports de force. Autour de la même table, il pouvait réunir des personnes qui ne se seraient pas croisées autrement. C’est cela qui le caractérisait, fédérer les gens. Des personnes qui n’auraient peut-être jamais pris un café ensemble se sont retrouvées à travailler main dans la main, à veiller des nuits entières à préparer des meetings. Pour le reste, il ne le cachait pas et même l’avait toujours revendiqué, ce qui lui importait, ce sont les résultats. »

H.L.

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