Selon le dernier rapport de la Banque centrale de Tunisie (BCT), le redressement de l’économie nationale amorcé en 2017 s’est confirmé en 2018, avec un taux de croissance passant de 1,9% à 2,5%, d’une année à l’autre, tiré par l’agriculture et le tourisme. Néanmoins, les pressions sur les équilibres globaux se sont accentuées, notamment au niveau du secteur extérieur et de l’inflation.
En effet, la croissance a bénéficié d’une récolte exceptionnelle d’olives à huile et de l’affermissement de l’activité dans les services marchands, particulièrement le tourisme. Cependant, la croissance du secteur industriel continue de subir le manque à gagner dû à la faiblesse de la production des hydrocarbures et du phosphate et dérivés, deux grands secteurs pourvoyeurs de devises, ainsi que la décélération de l’activité industrielle dans la Zone Euro affectant les exportations des principales industries manufacturières de la Tunisie.
Du côté de la demande, la croissance a été tirée essentiellement par la demande intérieure en dépit de la faible évolution de la consommation publique aux prix constants (0,3% en 2017 et 2018) et du ralentissement de la consommation privée (2,1% contre 2,4%) avec une part qui demeure importante dans le PIB. Quant à la Formation brute de capital fixe (Fbcf), elle s’est consolidée aux prix courants (7,9% contre 4,4%) et aux prix constants (2% contre 0,3%), alors que le taux d’investissement a continué de baisser, revenant de 18,8% à 18,5% du PIB, d’une année à l’autre.
Taux d’épargne faible
Parallèlement, le taux d’épargne, qui demeure faible par rapport aux moyennes historiques et aux niveaux enregistrés dans les pays concurrents, a connu une quasi stagnation, se traduisant par un élargissement du Gap de financement entre l’investissement et l’épargne.
Par ailleurs, le secteur extérieur a été marqué par une aggravation du déficit de la balance des opérations courantes atteignant un record de 11,1% du PIB contre 10,2% en 2017. L’évolution positive des recettes touristiques (+46,3%) et des transferts des Tunisiens à l’étranger (+10,1%) n’a compensé que partiellement le creusement du déficit de la balance commerciale imputable, essentiellement, au déficit de la balance énergétique. Ce déficit s’est élargi de 53% sous l’effet de la hausse des cours internationaux des hydrocarbures, conjuguée à la baisse des ressources nationales de l’énergie contre la poursuite de la tendance haussière de la demande.
En conséquence, les avoirs nets en devises ont poursuivi leur amenuisement en termes de jours d’importations (84 jours au terme de l’année 2018 contre 93 jours une année auparavant) bien qu’ils aient progressé en termes de valeur nominale. Ainsi, les pressions se sont poursuivies sur le taux de change du dinar qui s’est déprécié, en moyenne en 2018, de 12,9% à l’égard de l’euro et de 8,6% vis-à-vis du dollar. Dans ce contexte d’élargissement des besoins de financement, amplifié par un effet de change important, l’encours de la dette extérieure a progressé, passant de 63,7 à 72,9% du revenu national brut (Rndb), d’une année à l’autre.
Pour sa part, la situation des finances publiques s’est améliorée grâce à la hausse des ressources des Finances 2018, outre une certaine maîtrise des dépenses en dehors de celles de dépenses en dehors de celles de compensation qui ont atteint 4,6% du PIB suite à l’augmentation des cours de pétrole. Aussi, le déficit budgétaire est-il revenu à 4,8% du PIB contre 6,1% en 2017.