Dans un théâtre romain de Carthage archicomble où toutes les tranches d’âge du public étaient présentes, le comédien, danseur et présentateur Lotfi Abdelli s’est produit avec son nouveau one man show «Just Abdelli 100% tabou».
Un condensé de gros mots qu’il a proférés à profusion du début jusqu’à la fin de la représentation. Une représentation programmée dans le cadre de la 55e édition du festival de Carthage, qui a saisi l’occasion de rendre hommage au producteur et directeur des JCC disparu le jour même. Pour sa part, Lotfi Abdelli a témoigné sa reconnaissance et son amitié à cet homme qui a tant donné au cinéma et à la télévision.
Qu’un humoriste choisit d’utiliser une avalanche de grossièretés et réussit à cartonner avec un soi-disant show purement commercial, c’est son affaire mais que le festival international de Carthage le programme pour renflouer ses caisses, c’est vraiment le comble. Par ailleurs, le festival n’a pas pris la précaution de mentionner que le spectacle est réservé au public adulte. Or, sur les gradins, des parents non avertis étaient accompagnés de leurs enfants.
«Just Abdelli 100% tabou » est un long monologue non construit constitué de discussions de café avec des sous-entendus sur la sexualité. L’utilisation de la subversion est appréciable lorsque celle-ci est étudiée et construite dans le cadre d’un texte bien élaboré. Or, depuis son premier one man show «Made in Tunisia», Lotfi Abdelli, qui se targue de son niveau intellectuel limité : «Je suis bac moins quatre », ne cesse de faire de la provocation en usant de l’insolence, ce qui l’a placé au top des humoristes tunisiens.
Il y a des manières de titiller le public en lui renvoyant son image grossie qui consiste à mettre en place un texte structuré bâti sur une histoire et un fil conducteur pour donner consistance au show ou dans le cas de figure au stand-up.
Or, Lotfi Abdelli n’a cessé de déraper en passant du coq à l’âne dans ce portrait de la société tunisienne avec ses travers. En partant de sa propre personne, il renvoie dos à dos la famille et les gouvernants et pointe du doigt le système d’éducation familiale ainsi que la politique menée par le gouvernement, le tout dans un langage ordurier truffé de jeux de mots, de sous-entendus et d’insinuations.
Même s’il arrive à dompter le public par sa présence sur scène, il n’en demeure pas moins que sur le plan artistique le spectacle reste faible. Il jette l’hameçon au public qui mord à pleines dents et rit fort de cet humour borderline dont les seules et uniques références sont la rue. Dans cet exercice, qui n’est qu’une continuité de ce qu’il propose à la télévision dans son émission « Abdelli show time », il a fait appel dans l’écriture de ce stand-up à deux jeunes Saber César et Mohamed Ali Tounsi. «Just Abdelli 100% tabou » annonce-t-il la fin d’une expérience dans le one man show? Abdelli l’a juste insinué au milieu de la représentation.