Les conditions climatiques étaient du côté du groupe de musique metal progressif oriental «Myrath». En effet, la veille, les intempéries ont empêché l’ensemble Yacine Boularès et Maria Glen de se produire. Un sérieux orage accompagné d’une pluie insistante a contraint les organisateurs à l’annulation du spectacle. Le public ayant assisté au show de «Myrath» a rempli les gradins de la Basilique. On s’attendait à une foule plus nombreuse vu la renommée du groupe qui s’est produit autrefois à Hammamet et à Carthage et à une réaction plus enthousiaste de la part des fans. Or, malgré les tentatives de «Myrath» d’enflammer le théâtre, le public est resté bizarrement calme.
Bien que le cadre «Tabarka Jazz Festival» ne soit pas tellement approprié et la scène de la Basilique devenue vétuste et exiguë pour un show composé de différents éléments visuels, «Myrath» a rempli son contrat en offrant aux spectateurs un genre musical spécifique qui est le rock metal oriental. Un genre qui plaît beaucoup aux jeunes contestataires plutôt que d’autres formes de musique. Les «metalleux» franco-tunisiens : Zaher Zorgatti, Malek Ben Arbiz, Elyes Bouchoucha, Anis Jouini et Morgan Berthet ont usé de tout leur pouvoir de séduction pour appâter leurs fans en proposant divers titres de leurs albums dont l’un des plus récents «Legacy».
Né en 2006, «Myrath» s’est imposé sur la scène musicale internationale en créant la différence avec d’autres styles musicaux. Inspiré du folklore tunisien, le metal compte sur la quantité de décibels émis lors d’une représentation. Une musique qui peut choquer certains non initiés au genre. Une musique qui paraît disgracieuse, voire violente pour l’ouïe. Issu du hard rock mais en plus musclé, le metal utilise des riffs plus puissants et des sons de guitare plus saturés créant ainsi un tempo accéléré. Leur chef de file n’est autre que Black Sabbath, qui a donné naissance en 1969 à cette fusion musicale.
Guitare électrique, basse et batterie sont les composantes essentielles de cette musique à laquelle «Myrath» introduit des notes orientales. Associé souvent au mouvement satanique à cause de son style provocateur et contestataire, le metal tel que présenté par «Myrath» a plutôt une vocation spirituelle qui ne s’oppose particulièrement pas à la religion mais plutôt à ses pratiques. Les codes sont importants notamment vestimentaires au niveau de la couleur noire dominante, t-shirt à l’effigie du groupe (qui se vend à 35 dinars), jean ou pantalon en treillis, des bracelets et éventuellement des tatouages sans compter les cheveux longs, une des caractéristiques des metalleux.
L’aspect spectaculaire est de mise. «Myrath» porte grand soin au show en mettant en scène des pyromanes masqués, une danseuse orientale aux cheveux longs qui entre en transes, de la magie, etc. Tout un rituel dont il faut maîtriser les codes pour pouvoir apprécier le spectacle. A part quelques jeunes initiés ayant adhéré à la représentation en effectuant des mouvements de la tête de l’avant vers l’arrière, le reste de l’assistance n’est visiblement pas entré dans le show.
Auparavant, «Nawather», un autre groupe de metal oriental tunisien fondé en 2013, a donné une prestation méli-mélo de cette musique en jouant des spécificités de la musique arabe par l’introduction de la cithare (Qanun) mais le son faisait terriblement défaut, ce qui donnait une musique qui ressemblait plus à du tapage nocturne. Enfin, du rock metal dans un festival consacré au jazz, une fusion pas du tout appréciée par les inconditionnels du jazz.