PORTRAIT : Selma et Sofiane Ouissi, chorégraphes, danseurs et commissaires d’exposition : Les deux font la paire

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Frère et sœur, les chorégraphes, interprètes et commissaires d’exposition, Selma et Sofiane Ouissi, rêvent, créent et dansent ensemble depuis leurs débuts. A travers les projets qu’ils ont montés en duo, que ce soit des œuvres chorégraphiques ou encore des événements artistiques, ils ont su se faire une place considérable dans le monde de la danse contemporaine arabe.

Nés respectivement en 1975 et 1972 à Tunis, Selma et Sofiane ont poursuivi des études de danse au Conservatoire de Musique et de Danse de Tunis, au Centre national de danse à Tunis, dont ils sont tous les deux diplômés. Ils sont aussi titulaires d’un diplôme d’État de danse en France.
C’est autour de la pratique de la danse et de la création chorégraphique qu’ils se concentrent à leurs débuts pour signer des œuvres à quatre mains, entres autres les œuvres personnelles «STOP… BOOM» (2004) et «Waçl» (2007), présentées dans des pays arabes et en Europe.
Le duo a, également, collaboré avec des metteurs en scène et chorégraphes de renom à l’instar de Fadhel Jaziri, Hichem Rostom, Martino Muller ou la Compagnie Michèle Anne De Mey.
Selma et Sofiane ont eu l’occasion de se produire dans plusieurs spectacles diffusés mondialement et festivals d’art vivant (Théâtre de la Ville de Paris, Palais des Beaux-Arts à Bruxelles, Tanzquartier à Vienne, Danse à Aix, Bouffes du Nord à Paris, Festival de Carthage).
Parmi leurs œuvres les plus notoires, l’on cite «Here(s)» (2011) réalisée en collaboration avec le créateur en arts numériques Yacine Sebti, et qui a représenté dans divers pays des deux rives de la Méditerranée. La même année, ils ont réalisé, en collaboration avec la réalisatrice Cécil Thuillier, un film chorégraphique inspiré du travail des femmes potières de Sejnane qui a été programmé dans le monde entier (Triennale du Palais de Tokyo à Paris, David Roberts Foundation à Londres, Musée d’Art moderne Louisiana au Danemark, New Museum à New York, etc.). Dans la continuité de leur recherche autour de la gestuelle ancestrale des artisanes de Sejnane, le duo répond à l’invitation d’une nouvelle création pour Marseille-Provence 2013, Capitale européenne de la Culture par une chorégraphie/documentaire intitulée Laaroussa. Invité en 2014 par la Tate Modern à créer une performance dans le cadre du projet Performing Room, le duo a conçu la pièce chorégraphique diffusée en ligne sur la chaîne YouTube de la Tate : Les Yeux d’Argos (septembre 2014). Face au succès de cette collaboration, la Tate Modern a sollicité le duo pour repenser le concept dans le cadre de Do Disturb au Palais de Tokyo, à Paris en avril 2015.
Bien avant cela, les deux compères avaient fondé en 2007 en Tunisie l’association L’Art Rue, dédiée à la production et à la diffusion d’art contemporain dans l’espace public.
Cette structure se voulait le carrefour de différentes disciplines artistiques, une fabrique d’idées et un espace de réflexions et de recherches. Et c’est là d’ailleurs que Dream City, la biennale pluridisciplinaire d’art contemporain, a vu le jour.
Dream City tient son origine d’une création artistique réalisée par le duo en réaction à une censure qu’ils avaient subie à l’époque suite à leur appel à une marche pacifique adressée aux artistes tunisiens pour revendiquer un véritable statut. En réaction, ils avaient alors réuni autour d’eux des artistes de toutes disciplines pour créer de petites formes artistiques dans la Médina de Tunis, cœur historique de la ville. Investissant l’espace public le 7 novembre 2007, ils ont occupé les lieux durant 3 jours, impliquant le public qui a bien accueilli l’évènement. La biennale Dream City était alors née pour devenir en 12 ans un rendez-vous incontournable autour des pratiques artistiques contemporaines.
L’aventure continue et se poursuit cette année avec une nouvelle édition prévue du 4 au 13 octobre toujours à la Médina de Tunis. Bon vent les Ouissi!

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