Les frères Dardenne portraiturent l’état d’esprit d’un adolescent de 13 ans, Ahmed, tiraillé entre la vie et l’endoctrinement religieux d’un imam.
Ahmed, 13 ans, est belge. Il est pris au piège par un imam fanatique aux idéaux extrémistes. Face au désarroi de sa mère et au changement de son attitude alarmant, elle se sent comme désarmée : elle le voit de plus en plus isolé, absent, exprimant dans son quotidien des idées hermétiques. La thématique du fanatisme religieux au 7e art est loin d’être originale, et ce long métrage s’ajoute à cette succession de films nouveaux qui traitent de cette jeunesse déchue.
Le jeune Ahmed, interprété par Idir Ben Addi, est introverti, silencieux, à la limite autiste. Intrigant au départ mais arrivant à un certain niveau, le personnage n’évolue plus et suscite de moins en moins l’intérêt : reste à savoir s’il arrivera à s’en sortir et comment. Place à la rédemption ou à la déradicalisation.
Sous silence, l’obsession du jeune Ahmed pour les idées enseignées se fait sentir. Le spectateur rencontre intimement ce personnage, qui est filmé en plan serré : sa force tranquille et ses qualités ne passent tout de même pas inaperçues : il est aimé par tout le monde, ses proches se soucient de lui, tentent de le protéger et sont bienveillants, Ahmed se fait même courtiser et ne cache pas avoir un faible pour une jeune fille de son âge.
Ahmed est une carapace qui ne se désintègre pas : elle est tenace face à cette menace extérieure. Toute intervention pour l’extraire de ce tourbillon semble presque vaine. Le dénouement s’est fait toujours sous cette bulle, et il n’est pas du gout de tout le monde : le spectateur aura du mal à cerner cette attitude obsessionnelle, il reste même interrogatif. Les frères Dardenne ne jugent pas, ils montrent en essayant de susciter des émotions. Le discours d’Ahmed reste tranchant, et la folie furieuse des personnages se fait sentir face à cette lèpre des temps modernes qu’est le fanatisme religieux.
Les mêmes axes traités par les frères Dardenne auparavant sont toujours aussi omniprésents, à savoir la misère morale, l’absence totale d’éducation, les affres du quotidien et la difficulté de la vie, leurs personnages font face à un monde dur et tentent inlassablement d’en sortir.