Le Centre vient de signer une convention tripartite avec deux partenaires dont l’apport s’avère fondamental dans la promotion de l’investissement et de l’entrepreneuriat chez les jeunes compétences tunisiennes, à savoir la BTS et la Conect.
Depuis plus de deux décennies, la Tunisie mise sur l’investissement dans sa notion usitée, laquelle consiste à implanter des projets à même de répondre favorablement aux exigences du marché local et international, de booster le développement socioéconomique et d’offrir aux jeunes — diplômés ou non diplômés — des offres d’emploi. Ce choix s’inscrit dans le cadre de la continuité d’un modèle socioéconomique classique, devenu désuet dans les pays développés. Ces derniers ont été les pionniers en matière de conciliation entre l’économique et l’environnemental. L’on parle alors d’économie verte non pas comme étant une alternative développementale, mais plutôt de l’ultime chance pour le monde de réussir l’équation développement- respect de l’environnement et de la nature.
Le Centre international des technologies de l’environnement de Tunis ( Citet) a, en effet, consacré la troisième édition de son café-débat pour l’année en cours et qui a eu lieu lundi 23 septembre à son siège, à l’investissement responsable, notamment ses enjeux et ses perspectives. Le Citet, rappelons-le, représente une institution à caractère non administratif, instaurée depuis 1996 et qui se charge de la formation, de l’information, de l’encadrement et de la vulgarisation sur les technologies environnementales, et ce, dans le respect des conjonctures et normes nationales et internationales. L’objectif étant de préparer le terrain à une nouvelle culture, fondée sur le respect de l’environnement, sa protection et sur le changement des mentalités aussi bien du public que des investisseurs. Ces derniers se trouvent ainsi face à une option salutaire : investir et produire tout en minimisant — voire en éradiquant — toute sorte de déchets nuisibles à l’environnement.
Prenant la parole, Mme Sallouha Bouzgarrou, sous-directrice, chargée du renforcement des capacités mais aussi de l’éco-entrepreneuriat et de l’emploi vert, a résumé les axes majeurs des efforts fournis par le Citet pour asseoir les assises d’un investissement responsable car respectueux de l’environnement. En effet, le Citet a pour principales missions de renforcer les capacités des entrepreneurs et des entreprises dans ce sens, d’assurer le transfert et l’adaptation des technologies environnementales conformément aux besoins nationaux et d’assister les entreprises afin de garantir une meilleure performance économique et sociale que l’on veut durable. Grâce à ses laboratoires spécialisés, le Citet effectue des analyses environnementales portant sur les déchets industriels afin de confirmer ou d’infirmer leur adéquation avec les normes nationales et internationales préétablies.
Un terrain propice à l’économie verte
Mais le rôle du Citet ne se limite pas aux seuls objectifs capitaux précités. Il constitue, à vrai dire, le trait d’union, un maillon crucial à la transition vers l’économie verte, via l’appui à la création de startup, le renforcement des capacités et la garantie de l’accès aux mécanismes d’appui. Mme Bouzgarrou cite les programmes et projets les plus pertinents dans ce sens. «Parmi les mécanismes de renforcement des capacités des jeunes investisseurs en économie verte figure la création d’une pépinière d’entreprises baptisée Greenstart Tunisie. Ce projet sera opérationnel dès 2020», a-t-elle indiqué.
Le Centre vient, par ailleurs, de signer une convention tripartite avec deux partenaires dont l’apport s’avère être fondamental dans la promotion de l’investissement et de l’entrepreneuriat chez les jeunes compétences tunisiennes, à savoir la BTS et la Conect. «Grâce à ce partenariat, nous serons à même de soutenir les jeunes entrepreneurs dans l’investissement responsable via une enveloppe globale de l’ordre de cinq millions de dinars», a-t-elle ajouté.
PAD II : 250 projets innovants admis
Autre initiative qui a pour finalité d’inciter les compétences résidant à l’étranger et issues des régions classées comme étant défavorisées : le projet de promotion de l’agriculture durable et du développement rural en Tunisie PAD II. Il s’agit du fruit d’une collaboration entre le Citet et la GIZ, touchant sept gouvernorats, à savoir Béja, Le Kef, Siliana, Jendouba, Kairouan et Sidi Bouzid. « Ce projet a démarré en 2017 et a été achevé en juin 2019. Nous avons reçu, poursuit Mme Bouzgarrou, dix mille propositions de projets dont 2.000 innovants en agriculture. Au final, nous avons sélectionné et encadré quelque 250 investisseurs, portant des idées innovantes et applicables, répondant aux besoins typiques de leurs régions respectives».
Switchmed : des formations bien ciblées
Le programme Switchmed, quant à lui, pour la formation en éco-entrepreneuriat s’est déroulé, a-t-elle rappelé, de 2015 à 2018 ; un programme de formation fondée sur le transfert des outils, de l’éclairement sur les approches typiques de l’éco-entrepreneuriat s’articulant autour de plusieurs thématiques dont le recyclage, l’agriculture bio, l’éco-tourisme, l’écoconstruction, etc. Ce programme a été réussi dans le cadre de l’organisation de 26 sessions de formation au profit de 480 entrepreneurs dont 41% de femmes.
Oui aux métiers verts !
Aujourd’hui, le Citet renforce son positionnement en tant que pilier essentiel à la transition vers l’éco-investissement en optant pour une approche prospective. Il s’agit d’analyser, d’abord, le contexte des éventuels projets nécessairement innovants et respectueux de l’environnement. Le renforcement des capacités passe inéluctablement par l’étude d’impact sur l’environnement. «Il faut dire que l’on a décelé maintes disparités et différences régionales en matière de potentiels verts. Pour ce, et toujours en ce qui concerne le projet Switchmed, nous optons pour l’orientation des jeunes vers les thématiques qui conviennent le mieux aux potentiels verts de leurs régions respectives», a souligné l’oratrice. D’un autre côté, le Citet, et en parfaite collaboration avec les structures d’appui, veille au renforcement de l’employabilité des jeunes par le biais d’une série de formations spécialisées dans les métiers verts. «Nous comptons même signer des conventions avec les universités pour instaurer des masters en technologies environnementales et de sécurités intégrées à la qualité de l’environnement», a-t-elle ajouté.
M. Lassaâd Zouari est spécialisé en techniques environnementales. Pour lui, l’infrastructure environnementale demeure, jusqu’à nos jours, un marché vierge à conquérir et à exploiter afin de contribuer, efficacement et sainement, au développement durable et de hisser le niveau économique. «Nous avons eu recours, vingt ans durant, aux techniques environnementales classiques, importées de l’Occident et qui ne conviennent pas forcément à notre contexte et à ses exigences multiples. L’heure est à l’essai ! Nous avons droit à l’erreur en cas d’échec, mais nous devons persévérer nos tentatives afin d’aboutir à des résultats salutaires, à des solutions efficaces à nos problèmes environnementaux», a-t-il indiqué, non sans ferveur. Pour lui, les techniques environnementales riment avec création et invention. Partant de ce concept, il a mis en place plusieurs solutions techniques qui n’ont pas laissé indifférentes plusieurs municipalités. «Nous devons, plus que jamais, investir dans l’innovation et ouvrir ainsi les horizons aux jeunes compétences. Cet investissement atypique, car novateur, doit être le cheval de bataille aussi bien du secteur public que celui privé», a-t-il ajouté. Et de renchérir que pour changer les mentalités et inculquer chez monsieur-tout-le-monde mais surtout chez les jeunes générations les valeurs de la cause environnementale beaucoup de travail est à faire, notamment en matière de sensibilisation et de médiatisation de l’information. D’autant plus qu’il est recommandé d’opter, en premier temps, pour des projets applicables et de les réussir plutôt que d’envisager des méga-projets hors portée. «Pourquoi ne pas appeler les citoyens à installer de petits composteurs chez eux afin de contribuer à la gestion des déchets ménagers ? Pourquoi ne pas créer des unités de recyclage dans chaque quartier et employer des personnes issues desdits quartiers pour faire le tri des ordures ménagères ? N’est-ces pas possible et applicable ?», s’interroge-t-il sur un ton affirmatif.
«Rihet lebled»
M. Zouari croit à l’action et à la volonté de changer les choses pour le mieux. Son projet «Rihet lebled» en est la preuve palpable ; un projet qui a transformé un quartier à risque, fréquenté par des délinquants et jonchés d’ordures telle une véritable décharge anarchique en un espace culturel digne de ce nom. Il a suffi, pour ce, d’imaginer ce lieu sous un autre angle, de retrousser les manches et de passer à l’action. Pour l’infrastructure environnementale, tout est là : oser changer est le mot d’ordre !