Accueil Magazine La Presse Santé et bien-être | Maladie de Gougerot-Sjögren : rare, chronique mais vivable

Santé et bien-être | Maladie de Gougerot-Sjögren : rare, chronique mais vivable

Elle touche une personne sur dix mille et dix fois plus de femmes que d’hommes.

Une sensation de fatigue incessante, des douleurs articulaires, une sécheresse buccale et autre, oculaire, les dents qui ne tiennent pas en place ; autant de symptômes qui peuvent trahir une maladie rare, appelée le « syndrome de Gougerot-Sjögren ». Chronique mais aucunement contagieuse, cette maladie auto-immune s’aligne parmi les syndromes secs. Elle fut découverte en 1933 par le Dr. Henrik Sjögren, un ophtalmologiste suédois. Elle touche une personne sur dix mille et dix fois plus de femmes que d’hommes.

Ce syndrome sec résulte d’une réaction négative du système immunitaire contre  les glandes exocrines, lesquelles sont responsables de la sécrétion des fluides aussi bien au niveau de la peau que des muqueuses. Cette réaction auto-immune revient à l’infiltration desdites glandes par des lymphocytes, d’où la sensible réduction des secrétions salivaires et lacrymales. Dans bien des cas, l’on constate aussi une diminution de la sudation, de la sécrétion du sébum mais aussi de l’inflammation de certains organes vitaux comme les reins et les poumons ainsi que des articulations et des petits vaisseaux sanguins.

Primaire ou secondaire ?

Cette maladie qui menace l’organisme d’une sécheresse sévère et de complications parfois redoutables se manifeste via deux types : elle est de type  primaire lorsqu’elle survient fortuitement. Ce type du syndrome sec concerne 93% dont majoritairement des cas femmes âgées de 50 ans. Le type dit secondaire, lui, est nécessairement lié à un autre trouble auto-immune comme la présence d’une polyarthrite rhumatoïde.

Certes, la cause directe à ce syndrome demeure, jusqu’à nos jours, indéfinie. Néanmoins, la littérature n’exclut point une hypothèse de nature héréditaire ou plus exactement d’une prédisposition génétique, laquelle risque, en présence de certains facteurs déclencheurs comme le stress, les infections virales ou encore les troubles hormonaux, de paraître au grand jour.  Mais une chose est sûre : la détection de la maladie revient, dans les deux tiers des cas, au dépistage des symptômes du syndrome sec, à savoir l’atteinte des glandes exocrines et/ou, dans le cas des formes systémiques des organes précités.

Sécheresse buccale, oculaire et formes systémiques

La sécheresse buccale et oculaire représente, ainsi, les symptômes-phares de cette maladie. Elle se manifeste parfois  d’une manière  tardive chez les personnes atteintes d’une arthrite. Les désagréments oculaires rendent ainsi la vie difficile : fragilisés, les yeux sont plus sensibles à la lumière. Les paupières se collent au réveil avec une sensation fréquente de démangeaison. Les yeux sont, de surcroît, plus exposés aux risques de blépharites et de kératites. Quant à la sécheresse buccale, elle joue au détriment des fonctions buccales comme la mastication, l’élocution et la déglutition. Les muqueuses buccales sont plus que jamais exposées à l’apparition des aphtes, des infections des gencives. Le risque d’avoir des caries s’avère être plus élevé en raison du manque des sécrétions salivaires. Il y a même lieu, parfois, de mobilité dentaire. Autres symptômes à citer : les douleurs articulaires et musculaires, une toux sèche et persistante ainsi qu’une sensation de fatigue incessante.

S’agissant des formes dites systémiques, considérées notamment comme étant graves vu qu’elles présentent une altération des poumons, des reins et même des nerfs périphériques, des éruptions cutanées peuvent avertir le médecin sur ces complications. 

Le diagnostic du syndrome sec n’est pas toujours évident. Cela dit, il convient d’opter pour une série d’examens, notamment une biopsie buccale, à même d’analyser le niveau de sécrétion des glandes exocrines. D’autres signes, relatifs à l’hygiène de vie comme la nature des aliments consommés régulièrement, les quantités de liquides ingurgitées, la prise – ou non- de certains médicaments (comme les antidépresseurs ) et sur l’état général de la santé du patient contribuent à la confirmation ou l’infirmation du diagnostic.

Encore faut-il souligner que cette maladie évolue lentement. Son évolution n’influe  pas forcément sur l’espérance de vie. Toutefois, un suivi médical pluridisciplinaire régulier s’impose afin d’aider le malade à maîtriser sa maladie. Il semble même, pour les femmes atteintes du syndrome sec, que la grossesse et l’allaitement ne sont point prohibés. Cependant, il est possible d’observer chez 2% des cas des problèmes cardiaques chez le fœtus, dus à la présence des anticorps anti SSA, ce qui nécessite un contrôle médical permanent.

Prévenir la sécheresse sévère

Certes, aucun traitement curatif contre le syndrome sec n’a été inventé jusqu’à nos jours. Toutefois, des traitements symptomatiques sont à même de réduire les désagréments dus à la sécheresse. Et afin de prévenir la sécheresse sévère et éviter les formes systémiques, mieux vaut opter pour une hygiène de vie bien particulière. Aussi, une hydratation infaillible des muqueuses s’impose-t-elle. Il convient aussi d’éviter les environnements secs, la caféine, le tabac, l’alcool et tout aliment susceptible d’irriter les muqueuses buccales. Il faut aussi boire au moins un litre et demi d’eau par jour et réduire la consommation du sel. La protection des yeux contre la lumière mais aussi contre le vent via le recours à des lunettes de soleil de qualité atténue significativement les symptômes de la sécheresse oculaire. D’autant plus que recourir à des larmes artificielles et dans le cas d’une sécheresse oculaire sévère, à un collyre contenant de la cyclosporine permet de prévenir des complications graves dont l’altération de la cornée.

Une bonne hygiène bucco-dentaire est nécessaire afin de prévenir l’apparition des caries. Pour ce, les spécialistes recommandent l’utilisation des dentifrices et des bains de bouche fluorés et la diminution de la consommation du sucre.  Et pour soulager les douleurs articulaires et musculaires, rien n’est plus efficace que l’exercice physique comme la marche. Cet exercice permet à l’organisme de libérer les endorphines qui ne sont autres que des antidouleurs naturels. Elles ont aussi ceci de bon qu’elles améliorent la circulation sanguine et réduisent l’inflammation.

Dans le cas des formes dites systémiques, où le syndrome sec altère les organes vitaux comme les poumons et les reins, le recours à la corticothérapie ou aux médicaments immunosuppresseurs devient nécessaire.

* Source : https://www.passeportsante.net

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