Pilier de toute société démocratique et acquis n°1, voire l’unique de la révolution du 14 Janvier 2011, les libertés d’expression, de presse et d’information sont aujourd’hui malheureusement menacées par certaines pratiques qui nous rappellent les moments difficiles que les Tunisiens ont vécus lors des premiers mois de la révolution quand certaines parties n’ont pas reculé devant la division des citoyens en musulmans, d’une part, et mécréants, de l’autre, contribuant ainsi à instaurer une véritable sédition dont on subit encore les effets négatifs.
Il est significatif de relever que près de neuf ans après avoir réussi à éviter une guerre identitaire qui menaçait l’idée même de l’Etat, l’on se retrouve aujourd’hui, et dans le sillage d’élections présidentielle et législatives qui ont ébloui le monde entier, confronté au réveil des démons de la division et de la sédition et au retour des forces autoproclamées défenseurs de la liberté, du patriotisme et de l’allégeance en faisant prévaloir une approche spéciale incitant à la violence contre tous ceux qui osent la moindre critique à l’encontre de leurs analyses et de leurs choix politiques, plus particulièrement les journalistes et les commentateurs qui se permettent d’exprimer une position contraire à ce que certaines pages répandent quotidiennement sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook, devenu miraculeusement la bible de certaines franges de la population tunisienne.
Et quand ces mêmes franges se permettent de menacer l’intégrité physique des journalistes et vont même jusqu’à inciter à leur assassinat, l’on est en droit de tirer la sonnette d’alarme et de crier, haut et fort, non à l’incitation à la violence et à la haine et stop à ceux qui se cachent derrière l’anonymat que leur offrent Facebook et autres réseaux internet pour répandre les mensonges les plus inimaginables qui portent atteinte à la réputation et à l’honorabilité de certains journalistes dont l’unique tort est d’avoir exprimé librement et en toute responsabilité ce qu’ils pensent de l’évolution attendue du paysage politique national à la faveur des résultats issus des législatives du 6 octobre et de la présidentielle du 13 du même mois.
Aujourd’hui, mardi 22 octobre, les journalistes tunisiens révèleront, à travers un rapport spécial qui sera annoncé par leur syndicat, toutes les agressions qu’ils ont subies durant la campagne électorale dans l’exercice de leur profession, agressions qui se poursuivent sous de nouvelles formes en impliquant des forces dont on manipule l’enthousiasme et exploite l’attachement juvénile aux valeurs de la liberté et de la démocratie pour les induire en erreur et tirer profit de leur volonté de préserver ces mêmes valeurs.
Les journalistes diront tout ce qu’ils ont sur le cœur et ne manqueront pas de dévoiler les vérités qu’il faut sur ceux qui tirent les ficelles de cette morbide campagne d’intimidation et d’incitation à la haine et à des visées de basse politique.