Accueil Economie Problèmes environnementaux : Et si l’on s’inspirait de la technologie tchèque ?

Problèmes environnementaux : Et si l’on s’inspirait de la technologie tchèque ?

La rencontre relative à la coopération tuniso-tchèque a été une occasion pour prendre connaissance des technologies tchèques en matière de protection de l’environnement et de gestion des déchets, et ce, dans l’optique d’y trouver des solutions aux problèmes environnementaux dans notre pays.

Le Centre international des technologie de l’environnement de Tunis (Citet) a organisé, mardi dernier à son siège, une journée sur la coopération tuniso-tchèque portant essentiellement sur les opportunités et les perspectives de traitement et de valorisation des déchets urbains et industriels. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre d’une vision progressiste du Centre, dans l’optique de s’ouvrir sur d’autres expériences et consolider le partenariat avec un pays ayant passé d’un stade de surpollution à un stade d’économie verte, dans un temps record !
Dans son allocution de bienvenue, M. Taoufik Gargouri, directeur général du Citet, a indiqué que l’heure est à déterminer, minutieusement, les axes d’une meilleure préservation de l’environnement via le développement des échanges en matière de technologie environnementale avec la République tchèque. Des axes qui doivent, nécessairement, résoudre les problématiques récalcitrantes auxquelles se confronte l’écosystème tunisien. La préservation des produits de la mer et de l’écosystème marin, la protection et la valorisation des ressources hydriques et la gestion des déchets aussi ben urbains que ceux industriels représentent les pas inéluctables, à franchir dans le but de réduire sensiblement les impacts néfastes de la pollution sur l’environnement. M. Gargouri a parlé d’une éventuelle collaboration du Citet avec l’Université de Prague, laquelle serait plutôt axée sur le domaine de la recherche environnementale.

Gestion des gravats
Prenant la parole à son tour, Son Excellence M.Jan Vycital, ambassadeur de la République tchèque en Tunisie, a salué cette initiative qui tend à renforcer la coopération tuniso-tchèque. La présente rencontre a été, à son sens, une occasion pour la Tunisie de prendre connaissance des technologies tchèques en matière de protection de l’environnement et de gestion des déchets, et ce, dans l’optique d’y trouver des solutions aux problèmes environnementaux dans notre pays. Une Commission mixte a été, en effet, chargée d’identifier les axes d’échanges et de coopération. L’objectif étant, à l’avenir, d’orienter cette coopération vers la production de l’énergie via le recours aux ressources renouvelables. La gestion des gravats figure, aussi, au cœur des problématiques environnementales en Tunisie ; un créneau qui serait porteur pour les deux partenaires. De même pour ce qui est de la gestion des eaux usées ; un domaine qui connaît des avancées importantes dans la République tchèque.
M. Mokhtar Hammami, ministre des Affaires locales et de l’Environnement, a exprimé son appréciation quant au renforcement de la coopération tuniso-tchèque en matière de développement durable et de l’environnement, en particulier. «Ce pays qui souffrait d’une grande pollution industrielle est parvenu, en peu de temps, à devenir un pays vert», a-t-il noté.

90% des eaux consommées par l’agriculture !
Le ministre s’est arrêté sur plusieurs thématiques emblématiques de l’environnement en Tunisie. Il a rappelé, d’abord, que le potentiel hydrique tunisien se caractérise par une fragilité alarmante, due, entre autres, à un climat capricieux. D’où la nécessité de préserver les ressources hydriques en luttant savamment contre la pollution de l’eau. Pour ce, il convient, à son sens, de mobiliser aussi bien les ressources conventionnelles que celles non conventionnelles. «Ces dernières exigent moult composantes, dont le financement ainsi que la maîtrise et l’utilisation des technologies avancées. Certes, mais des actions parfois simplissimes parviennent à donner de bons résultats.
La rationalisation des ressources hydriques s’impose dans un pays dont le secteur agricole consomme, à lui seul, 90% des eaux alors que l’on dispose de 21 filières agricoles de culture bio, lesquelles ne nécessitent point autant de gaspillage hydrique», a-t-il expliqué. Et d’ajouter : «Il faut changer le mode de culture. La Tunisie dispose de tous les atouts l’habilitant à devenir un pays qui excelle en agriculture bio d’ici 2040». S’agissant de la protection de l’environnement et de la lutte contre la pollution, le ministre a souligné l’impératif de réaliser des stratégies fondées sur le principe d’anticipation des dommages potentiels.
Il n’a pas manqué de saluer l’action citoyenne, menée récemment et à laquelle ont répondu présent adultes et enfants. Par ailleurs, M. Hammami a attiré l’attention sur un enjeu de taille : le droit à l’information. Une bonne vulgarisation de l’information scientifique permet, non seulement, d’éclairer le public sur les enjeux environnementaux, mais aussi de déceler les obstacles entravant au processus de préservation environnementale.

Stations de gestion tertiaire des eaux 
Saisissant l’occasion, le ministre a annoncé deux décisions officielles : la conversion des stations de gestion des eaux usées en des stations de gestion tertiaire. L’objectif étant d’éviter le rejet des eaux usées dans la mer, les oueds et les sebkhas et de les exploiter plutôt, une fois épurées, dans l’irrigation. « C’est le cas, à titre indicatif, du projet de Mahdia, auquel une enveloppe de l’ordre de 91MD a été allouée pour implanter une station conventionnelle. Cette enveloppe a été étoffée pour atteindre la somme de 125MD, laquelle somme a été investie dans l’instauration d’une station de gestion tertiaire des eaux usées », a-t-il indiqué. Des projets similaires sont en vue et concerneront les régions de Ben Arous, Radès et le gouvernorat de Siliana. Le ministre a souligné l’obligation de mettre en place des mécanismes appropriés à cette technique dans les zones industrielles.

Fermeture de la décharge de Borj Chakir en 2021
La deuxième décision officielle, annoncée par le ministre, concerne la gestion des déchets solides. Pour lui, il est temps d’en finir avec l’enfouissement des déchets et de fermer la décharge de Borj Chakir à l’horizon 2021. «Cette décharge reçoit, quotidiennement, pas moins de 3000 tonnes de déchets et ce, depuis 20 ans ! Il est grand temps de passer aux solutions utiles, à savoir la valorisation des déchets solides. Il ne s’agit point d’une question d’argent mais plutôt d’une conviction, d’une nouvelle vision et d’un partenariat infaillible entre les institutions et la population», a-t-il précisé. Et d’ajouter que l’année 2035 marquera, foncièrement, la rupture avec toutes les technologies et techniques conventionnelles en matière de protection de l’environnement. Autre point de taille sur lequel le ministre a insisté lors de son allocution : La protection du littoral contre l’érosion. Il a indiqué que sur près de 1.300 kilomètres du littoral, 260 kilomètres sont menacés d’érosion. D’où l’urgence d’investir dans ce dossier de grande importance environnementale.

Des rencontres B2B «intelligentes»
La coopération tuniso-tchèque s’appuiera, désormais, sur les directives d’une Commission mixte, instaurée en avril dernier. Toutefois, ce partenariat ne date pas d’hier. Selon M. Pavel Cerny, représentant l’ambassade de la République tchèque en Tunisie, une enveloppe de l’ordre de 400MD est allouée à la concrétisation des axes d’un échange et d’un travail commun entre les deux partenaires. L’idée étant de transférer le savoir-faire tchèque en Tunisie, mais aussi en Afrique vu que notre pays représente l’accès au continent africain.
«Nous allons opter pour la création de partenariats B2B que l’on veut des partenariats smarts et efficients. Pour ce, une enveloppe de 40 mille euros par an sera allouée à la formation portant sur les technologies environnementales avancées et utilisées en Tchèquie », a-t-il indiqué. Par ailleurs, la Chambre de commerce et de l’industrie de Sfax bénéficiera de la somme de 140 mille euros pour la création d’une ligne de conditionnement et de commercialisation de l’huile d’olive.
D’un autre côté, des projets locaux de courte durée sont menés dans le cadre de la coopération tuniso-tchèque. L’orateur en cite, à titre indicatif, le projet relatif au Groupement des artisanes spécialisées dans la poterie de Sejnane ; un projet qui avait démarré en 2018 et qui prend fin cette année. «Nous allons prochainement inaugurer un espace de jeu pour les enfants des artisanes qui sera juxtaposé au siège du Groupement», a-t-il ajouté. Des rencontres B2B ouvriront bientôt les voies d’un partenariat nouveau entre les Bizertins et les Tchèques, spécialisés dans la verrerie et dans le plastique. «Actuellement, et en terme de chiffres, la coopération tuniso-tchèque se traduit par un volume commercial de l’ordre de 330 millions de dollars dont 75% sont destinés aux produits industriels», a-t-il précisé.

Citet : étude de restructuration en cours
Prenant la parole, M. Fadhel M’hiri, directeur de transfert et de l’innovation technologique au Citet, a éclairé l’assistance sur le rôle et les expériences du Centre en matière de transfert des écotechnologies. Il a rappelé que le Citet est, par définition, une plateforme de technologies environnementales, œuvrant pour résoudre les problèmes touchant à l’environnement. Il s’agit d’une infrastructure de base, de recherche et de partenariat technologique, adaptée à cet effet et ouverte aux institutions et aux structures oeuvrant pour la même cause. L’orateur n’a pas hésité à avouer le retard du Citet en matière de valorisation des déchets mais aussi au niveau de l’indice de fonctionnement par rapport au PIB. Cela dit, les manches continuent à se retrousser en misant sur l’innovation technologique au service de l’écosystème et d’un développement éco-durable, à la fois social et économique.
Les projets menés par le Citet s’étalent sur une liste exhaustive. L’on cite, à titre d’exemple, le projet de valorisation des déchets du marché de gros, le projet de management environnemental dans une ferme agricole ( coopération tuniso-italienne ), le projet de l’énergie solaire thermique ( coopération tuniso-européenne ), ainsi que le projet de l’ancrage de la notion biologique des décharges publiques. Le Citet, en collaboration avec le Centre de biologie industrielle, a implanté une première station pour la maîtrise de la technique du serre-gaz et ce, à l’échelle nationale. Une autre unité concerne la région de Sbikha.
Le Centre ambitionne, désormais, de mieux se positionner à l’échelle nationale et internationale en tant que centre de référence et de grande efficacité. D’ailleurs, une étude de restructuration est en cours et serait, probablement, parachevée dans trois mois.

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