Accueil Economie Reportage – Salon de l’emploi «Job’In» : Reportage — Salon de l’emploi  «Job’In»

Reportage – Salon de l’emploi «Job’In» : Reportage — Salon de l’emploi  «Job’In»

Une trentaine d’entreprises ont effectué pas moins de 160 entretiens d’embauche dans le cadre de rencontres B2B.

A quelle porte frapper pour bénéficier d’une opportunité d’embauche ? Comment mettre en valeur son CV et convaincre les éventuels responsables d’entreprises de son mérite ? Comment réussir l’entretien d’insertion professionnelle ?
Toutes ces questions ont trouvé des réponses au Salon de l’emploi : «Job’IN : pass’ pour l’emploi». Il s’agit d’un salon co-organisé, mercredi dernier à Tunis, par le Centre d’information et d’éducation pour le développement (Cies), l’Union tunisienne de solidarité sociale (Utss), la Chambre tuniso-italienne de commerce et d’industrie (Ctici) et l’Agence nationale pour l’emploi et le travail indépendant (Aneti).
Cette journée a été l’occasion pour plus d’une trentaine d’entreprises, spécialisées dans des domaines à forte demande d’écouter des jeunes diplômés et autres, non diplômés, en quête de travail dans le cadre d’entretiens spontanés ou encore dans le cadre d’entretiens B2B.
Il est 9h30 en ce mercredi. Le lieu est l’un des hôtels de la capitale. Le hall de l’hôtel s’était converti en un espace de contact, d’information et d’orientation des jeunes, dont certains viennent tout juste de décrocher leurs diplômes alors que d’autres sont dans l’attente de la chance de leur vie d’être embauchés ; une attente qui perdure depuis bien des années…

Cies : appui aux compétences individuelles
Mme Monica D’Angelo représente le Cies à Rome. Elle vient de participer, ainsi que ses collègues œuvrant dans l’annexe tunisienne du centre, implantée en Tunisie depuis 2017. «Notre mission consiste à soutenir le parcours d’inclusion socio-économique des jeunes en quête de travail. Nous nous distinguons par notre modèle Pinsec est un modèle fondé sur l’esprit d’inclusion socio-économique des sujets vulnérables à savoir les jeunes, les femmes et les migrants.
Il s’agit non pas de miser sur un modèle standardisé mais d’améliorer la situation des bénéficiaires de ce projet, au cas par cas, selon une approche personnalisée. L’idée étant de développer les compétences personnelles de ces jeunes, des femmes et des migrants en quête d’insertion professionnelle et sociale.
De ce fait, poursuit-elle, nous nous penchons sur les parcours individuels. Les formations que nous offrons à la population cible sont loin de se restreindre au seul volet technique». Il est à noter que le local du projet Pinsec relevant du Cies est implanté à La Manouba. Selon M. Meher Ben Hadj Meftah, chargé de l’emploi et de la formation à Pinsec (Cies), les efforts s’articulent autour de trois volets primordiaux, à savoir l’appui et l’orientation des migrants —de retour consenti ou forcé— vers les opportunités d’une insertion professionnelle, et donc socio-économique.
L’appui psycho-social gagne en importance vu qu’il s’agit de venir en aide à des populations majoritairement vulnérables, soit des migrants de retour en Tunisie et sans grandes chances d’embauche, des femmes —vu que la discrimination sexiste dans le domaine professionnel persiste en dépit des législations pro-féminines— et des jeunes non diplômés. «Le troisième volet est axé sur l’emploi et la création d’entreprises. L’initiative privée des jeunes représente un vecteur de développement de taille, à appuyer via le renforcement de leurs capacités», renchérit M. Ben Hadj Meftah.

Atfp : propulser l’insertion professionnelle des diplômés
Un peu plus loin se trouve le stand de l’Agence tunisienne de la formation professionnelle (Atfp). Il s’agit de l’organisme qui a incité des dizaines de jeunes en quête d’emploi à venir au Salon, dans l’espoir de trouver une réponse favorable à leur quête. «L’Atfp dispose de 136 centres de formation, répartis sur tout le territoire tunisien. Des centres qui assurent la formation professionnelle dans 14 secteurs. Nous avons, à l’occasion du Salon “Job’In”, contacté une quinzaine de centres pour les aviser sur l’évènement et permettre ainsi à bon nombre de jeunes diplômés de l’enseignement supérieur de disposer d’entretiens B2B en guise d’embauche immédiate», indique M. Hadi Hammami, représentant l’Agence.
Et d’ajouter que la modernisation de l’Atfp via la digitalisation et de son administration et des modes d’inscription des jeunes représente un atout considérable en matière de simplification des procédures et pour un meilleur accès aux prestations de l’Agence.
Le Salon de l’emploi a connu une affluence importante de jeunes, ce qui en dit long sur la problématique liée à l’insertion professionnelle et à la dynamisation du marché de l’emploi par des compétences qui n’attendent qu’à être repérées, recrutées et rémunérées afin de donner le plus à une économie en difficulté. Le Cies estime de garantir pas moins de 160 entretiens directs spontanés ou par rencontres B2B. Des entretiens que bon nombre de jeunes diplômés ont pris l’habitude de mener mais tout en restant sur leur faim…

Marché de l’emploi : crise ou saturation ?
C’est le cas de Mariem Ouennich, 27 ans, chômeuse depuis trois ans malgré son diplôme de mastère en ingénierie financière. «Je pense que les diplômes de l’enseignement supérieur représentent des obstacles à l’embauche et non des atouts ! Les entreprises préfèrent, désormais, recruter des bacheliers dont les rémunérations seraient nettement inférieures à celles des diplômés du supérieur», suppose-t-elle.
Cette jeune fille n’a épargné aucune peine dans l’espoir de se faire recruter, en vain. «J’ai déposé pas moins d’une cinquantaine de CV auprès des entreprises, sans compter les CV transférés via le net. Parfois, je n’avais même pas le droit à des entretiens. L’on me demande, simplement, de remettre mon CV. Certains chargés des bureaux d’ordre ne prennent même pas la peine de me donner une décharge. Pourtant, s’exclame-t-elle, mon domaine d’étude est assez demandé sur le marché de l’emploi. Je suppose qu’il y a un sérieux problème de saturation pour refuser des jeunes compétences». Mariem s’indigne de se heurter, souvent, à un critère handicapant, à savoir une expérience professionnelle ou des stages au moment où les entreprises font la sourde oreille et déclinent toute demande !

Une quête qui s’annonce éprouvante !
Parmi les jeunes qui se sont déplacés au Salon figurent Islem Zouaghi et Ouided Jouini. Elles viennent, toutes les deux, de décrocher leur licence en gestion des ressources humaines. Islem a marqué une petite pause après la proclamation des résultats pour retrouver ses forces et entamer son parcours vers l’insertion professionnelle. «Notre spécialité touche à tous les secteurs et serait, donc, largement demandée. Je viens de remettre des demandes d’emploi au bureau d’emploi et j’ai mené trois entretiens. Actuellement, je suis dans l’attente d’une réponse que j’espère favorable», indique-t-elle.
Pour Ouided, et suite aux dossiers déposés auprès d’un bureau d’emploi, cette jeune fille de 22 ans, a eu droit à deux entretiens dans des entreprises privées, pour des offres tout à fait aux antipodes du domaine de la gestion des ressources humaines. «Je préfère intégrer un service qui serait compatible avec ma spécialité. Aussi, ai-je envoyé des CV sur les réseaux sociaux, participé à deux concours nationaux dans deux institutions étatiques et effectué deux stages dans le secteur privé. Malheureusement, la quête de l’emploi est difficile car marquée par moult obstacles», conclut-elle.

Décevant écart entre les attentes et la réalité…
S’impatientant à quelques pas de la salle des rencontres B2B, Omar Issaoui, 25 ans, détenant un mastère en gestion industrielle, croise les doigts pour trouver le travail qui lui sied. Diplômé en 2017, il avait travaillé pendant quelques mois dans un centre d’appels avant d’intégrer, en 2018 —et en contrat CVP— une entreprise privée. Aujourd’hui, il est payé à 800 dinars par mois ; une rémunération bien en deçà de ses compétences. «D’autant plus que ma spécialité rejoint parfaitement les exigences du marché de la filière industrielle. C’est pour ces raisons que je compte postuler pour un poste qui conviendrait au mieux à mon niveau et à mes attentes», justifie-t-il.
Oumayma Ghodhbani quitte la salle réservée aux entretiens B2B, la tête pleine de questions. Souriante et perplexe à la fois, cette ingénieure en électricité âgée de 23 ans ne cache pas son étonnement d’avoir eu un entretien trop bref, trop simpliste pour être motivant ! «J’ai remis mon CV et j’ai eu droit à quelques questions sur mon parcours universitaire, rien de plus !», indique-t-elle. Oumayma poursuit ses études tout en ponctuant son parcours par la remise de son CV auprès de certaines entreprises. «Je suis persuadée que pour décrocher un travail, le diplôme ne suffit pas. Sans les pistons, rien n’est possible !», souligne-t-elle, sur un ton ironique.
Manifestement, l’insertion professionnelle et, par conséquent, socioéconomique, des jeunes diplômés est semée d’obstacles d’ordre éthique, administratif et financier. Les filières prometteuses sont dans l’incapacité d’intégrer, comme il se doit, les secteurs et de créer le saut qualitatif d’une économie en crise. Pourtant, la bonne «exploitation» du potentiel humain et des jeunes compétences s’avère être, indiscutablement, la solution aux problèmes de développement. Accorder aux jeunes la chance de changer les choses en mieux et de reconstruire l’économie sur des bases solides, car pour être au diapason des modèles internationaux, il faut des atouts majeurs qui permettent d’aller bien loin.

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Un commentaire

  1. nancy adande

    27 octobre 2019 à 12:07

    je suis ravie d’être tombé sur votre article. je suis étudiante gabonaise au département de sociologie de l’université omar bongo , master en sociologie du travail et des organisations. votre article me permettra de peaufiner mon mémoire autour de la valeur sociale de l’expérience professionnelle dans le processus de recrutement des jeunes diplômés. dans l’espoir de vous lire prochainement

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