Malgré les progrès réalisés par les entreprises tunisiennes dans le domaine des composants automobile et aéronautique, elles trouvent des difficultés pour accéder au marché qui est monopolisé par les grandes marques.
La pépinière Soft-tech du technôpole de Sousse, créée en 2005 et relevant de l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (Apii) en avril 2010, compte actuellement 26 entreprises hébergées, spécialisées dans la mécatronique (mécanique, électronique et informatique). Parmi ces 26 entreprises, on relève 15 spécialisées dans «l’informatique», 3 dans «l’ingénierie industrielle», 7 dans la «conception, la recherche et le développement» et une seule entreprise dans «l’industrie mécanique».
M. Chaker Laâjimi, ingénieur en mécanique industrielle, directeur de la pépinière, nous a indiqué que les entreprises spécialisées dans l’informatique exercent des activités diverses, telles que le développement des logiciels dans plusieurs domaines, à savoir l’enseignement numérique et virtuel (développement de plateformes éducatives sur des tablettes), la santé (développement de logiciels de gestion administrative, financière et médicale d’une clinique par exemple), l’environnement et les énergies renouvelables (développement des systèmes de contrôle et d’optimisation de la consommation électrique dans les foyers), de l’e-commerce (développement de plateformes de vente en ligne d’articles divers dans le domaine de l’électroménager par exemple).
Amélioration des systèmes intégrés
Les entreprises spécialisées dans l’ingénierie industrielle proposent des solutions d’amélioration des systèmes intégrés dans les installations industrielles. Le directeur de la pépinière nous a cité l’exemple de l’entreprise «Al Diwan», totalement exportatrice vers l’Allemagne, qui propose une solution technique clé en main pour l’implantation et le dimensionnement des machines industrielles dans divers secteurs, comme l’automobile, la plasturgie et l’aéronautique. Il a cité un autre exemple de l’entreprise «AVI-TEQ», totalement exportatrice vers l’Allemagne qui conçoit et développe des appareils ou machines vibratoires utilisées principalement dans le tamisage du phosphate, du ciment et de divers produits miniers. Le secteur des entreprises spécialisées dans la «conception recherche et développement» regroupe plusieurs entreprises notamment celle dénommée «Hcell-Ingeneering», spécialisée dans la conception et la programmation des systèmes électroniques embarqués dans le secteur de l’aéronautique qui consiste en le développement du système de freinage électronique et informatisé du dernier Airbus A 380 à double étage. C’est un avion de ligne quadri-réacteur, très gros porteur de long courrier et pouvant accueillir jusqu’à 539 passagers. Ces avions géants parcourent de longues distances, comme Paris-Tokyo, Paris-Johannesburg et Dubai-Los Angeles.
Simulation numérique et virtuelle
Notre interlocuteur a évoqué aussi l’entreprise «Enova-Robotic» qui conçoit et fabrique des robots de sécurité assurant le gardiennage des installations industrielles en Europe (Pearl Guard). L’unique entreprise de la pépinière, «Cadfem», spécialisée dans l’industrie mécanique, totalement exportatrice vers l’Allemagne, propose, quant à elle, des solutions d’analyse de résultats par la simulation numérique et virtuelle de produits divers dans le domaine mécanique, notamment la durabilité et la résistance des pièces mécaniques fonctionnelles dans des machines, ainsi que des chaînes industrielles. Il a souligné que 4 entreprises, dont l’hébergement a duré 3 ans, vont sortir de la pépinière pour s’installer à leur propre compte dans des ateliers-relais aménagés dans le technopôle de Sousse, et ce, à partir de décembre 2019.
En revanche, 6 nouvelles entreprises récemment créées ont été hébergées à la pépinière dès mars 2019, spécialisées principalement dans l’informatique afin de permettre leur développement et d’accélérer leur autonomie. A noter que la pépinière Soft-tech a organisé, en septembre 2019, un cycle de formation gratuit d’une durée de 15 jours au profit de 27 jeunes porteurs d’idées innovantes dans le domaine de la mécatronique.
M. Laâjimi a précisé, cependant, que l’accès au marché national et autres par ces entreprises tunisiennes est difficile, voire impossible, vu que ces marchés sont monopolisés par les grandes firmes internationales implantées en Europe. Et de conclure : «Nous devons revoir et réexaminer notre partenariat et surtout nos conventions avec l’Europe pour pouvoir bénéficier et profiter des nouvelles conceptions et découvertes technologiques assurées par nos génies et chercheurs et pouvoir les intégrer dans le circuit économique et industriel national tout en assurant le décollage effectif de notre économie».