
Pendant toute une année, voire plus, le Goethe-Institut Tunis a orchestré plusieurs initiatives citoyennes et projets artistiques et sociaux divers qui touchent directement le citoyen tunisien. Des projets de taille, qui sont à caractère socioculturel, proposent des activités participatives ludiques et utiles et initient à des expériences humaines particulièrement riches. Au programme, de l’inédit, de l’expérimental et un concentré de savoir. Retour sur la série de projets prometteurs en cours de concrétisation.
Les 100 ans du Bauhaus à Tunis
Le mouvement architectural Bauhaus célèbre ce mois-ci son centenaire et Tunis ne manquera pas de le fêter en trois parties : conférence, exposition et performances.
Le Dr Arne Winckelmann, architecte allemand et spécialiste du Bauhaus, a donné une conférence à l’Ecole nationale d’architecture et d’urbanisme (Enau), à Sidi Bou Saïd, le mardi 29 octobre 2019 à partir de 9h00, face à un amphithéâtre comble. Une présentation qui a été suivie par la projection du film «Vom Bauen in der Zukunft, 100 jahre Bauhaus – Les 100 ans du Bauhaus» qui a eu lieu dans l’après-midi du même jour. Une journée qui annonce pour les jours à venir une exposition et un concert d’envergure.
Du 1er au 16 novembre, Dar Lasram, à la Médina de Tunis, abritera l’exposition pluridisciplinaire «Utopia». En prenant l’humain comme premier paradigme et en fusionnant des classiques du Bauhaus et des travaux récents, l’exposition se présentera comme un laboratoire d’un «mieux-vivre ensemble», alliant des expériences à la fois esthétiques, visuelles et alternatives.
Véritable laboratoire expérimental sonore et visuel, le Bauhaus a inspiré de nombreux chorégraphes et musiciens contemporains dans le monde. A Tunis, artistes, étudiants en architecture qui connaissent et travaillent sur le bauhaus depuis de nombreuses années ont rejoint l’aventure. Parmi eux, des universitaires et enseignants à l’école supérieure, citons Leila Ben Dridi, Amel Ghammem ou Amin Hasni, également fondateur du cabinet architectural «Hasni & Hasni Architecture». Plus de 40 étudiants participeront à l’exposition «Utopia» et feront connaître le bauhaus à travers leurs installations. Le Collectif «El Warcha», le jeune photographe et architecte Anouar Hajjar ou, encore, les artistes Marie-José Armando et Safa Attyaoui prendront part à l’aventure sous la commissaire d’exposition Meriem Besbes. Plus d’une dizaine d’artistes y prendront part. Nous y reviendrons.
Pour la clôture de la fête du Bauhaus, le Goethe-Institut organise le samedi 16 novembre, à 20h00, à l’Etoile du Nord à Tunis le «Bauhaus Fest», avec le groupe Aytma en concerts et d’autres artistes.
«Houmtek», un travail de fond pour des quartiers plus beaux
Ce projet a pour but de contribuer à la revalorisation de l’espace urbain en Tunisie. Nombreux sont les lieux publics tunisiens qui manquent d’entretien et qui sont abandonnés, or, de modestes moyens et des actions citoyennes suffisent souvent à réhabiliter ces mêmes espaces.
Suite à un appel à participation adressé à des acteurs de la société civile en Tunisie, 4 projets ont été retenus qui sont : Bledyzina, Les enfants comme catalyseurs culturels, St4 the Project et Vélorution. Depuis 2018, des ateliers de formation organisés par le Goethe-Institut Tunis sous la direction de Daniele Kugele, chef de projet au sein du Goethe, ont apporté une aide importante à ces 4 initiatives. En 2019, le Goethe-Institut a vu déjà plusieurs projets se concrétiser. «Houmtek» qui est un projet du Goethe-Institut, subventionné par le ministère des Affaires étrangères allemand, rempile pour une 2e session cette année prévue pour les 8 et 9 novembre à l’Ariana et à Jabbes. Workshops, ateliers, présentations et travail sur terrain seront assurés par les participants.
Tasawar : Immersion sur 12 mois dans l’univers curatorial
Tasawar Curatorial Studios est un programme d’étude «d’art en contexte», qui vise à faciliter la professionnalisation de la curation d’art et à soutenir des initiatives, projets et cadres nouveaux, pour l’art contemporain en Tunisie, et en Afrique du Nord. Ce programme communautaire est gratuit et accompagne 25 participants (ou plus) pendant une période d’étude de 12 mois. La curatrice d’art allemande Bettina Pelz supervise l’initiative avec l’aide d’Emily Sarsam, chef du projet Tasawar.
L’objectif du projet «Tasawar» est de mettre en place une plate-forme d’apprentissage pour permettre aux acteurs des différents secteurs créateurs à développer, à professionnaliser et à mettre en application leur pratique de curateur d’art ou commissaire d’exposition dans les différents contextes de l’art contemporain. Un autre objectif du projet «Tasawar» est d’étudier le contexte local de la curation d’art afin de «tunisifier» son vocabulaire pour les concepts de curation et de le rendre à portée de main pour les Tunisiens. Le projet comprendra un maximum de 30 participants qui se réuniront pour des studios mensuels. Ces mêmes «studios mensuels» seront accompagnés par des professionnels internationaux et locaux dans le domaine des arts. En choisissant une approche axée sur la pratique, le projet incite les participants à mener des réflexions sur les biennales d’art, les galeries, les expositions, les musées, l’espace public et les projets socioculturels et à travailler sur ces concepts. À travers ce programme, ils souhaitent également explorer et développer l’accès des acteurs créatifs de la région à la scène créative internationale, d’où le choix de l’anglais comme langue de communication.
«Patrimoini» : réappropriation artistique d’un lieu historique
C’est sous l’appellation «Patrimoini» que le Goethe-Institut de Tunis a lancé une initiative qui concerne des espaces historiques anciens ou contemporains laissés à l’abandon. «Patrimoini» consiste à organiser une série de rencontres sur place, où conférences, tables rondes, expositions de tableaux ou photos, découvertes et échanges se dérouleront entre spécialistes, artistes et citoyens dans le but de jeter de la lumière sur l’histoire de la Tunisie à travers son héritage architectural tunisien. Après l’appropriation sur 2 jours du casino d’Hammam-Lif en 2018 en collaboration avec l’association «Edifices & mémoires», le Goethe-Institut s’occupe cette année de l’hôtel du Lac, menacé de démolition depuis des années. Après des difficultés de taille pour l’obtention d’autorisation et un contexte sécuritaire délicat qui a retardé le déroulement de cette 2e édition, le rendez-vous aura lieu finalement. Cette série de rencontres a pour objectif d’aiguiser la curiosité et de sensibiliser les citoyens à la valeur de leur patrimoine et sa sauvegarde.
Cet édifice mondialement reconnu par son style iconique est né du mouvement brutaliste en architecture. Autant d’évènements à clôturer avant la fin de 2019. Nous y reviendrons plus en détail.