• «Retenez le nom du cadet Ahmed Rayene Tlili».
• «Zied Ben Ahmed m’a encadré durant 12 ans à l’Association sportive militaire de Gafsa».
• «Au tunisair Club, j’ai pris mon envol».
Jamais deux sans trois. Après avoir remporté la médaille d’or au Championnat d’Afrique disputé au mois de juillet dernier au Botswana, Thameur Slimani, 20 ans d’âge, a décroché l’or (dans la catégorie des mois de 84 kg) aux derniers Jeux africains organisés au Maroc en août dernier.
Deux mois après, il vient de confirmer. Il s’est illustré au Mondial du Chili en remportant sa troisième médaille d’or avec brio, et ce, après avoir pris le meilleur sur six adversaires chevronnés, dont le tenant du titre, l’Egyptien Youssef Bédaoui.
Qui est Thameur Slimani ? Comment s’est- il-préparé pour dominer sa catégorie à l’échelle africaine, puis mondiale ? Pourrait-il continuer sur sa lancée aux Jeux olympiques de Tokyo 2020. Quels programme de préparation dans la perspective de remporter une médaille olympique. Et que représente pour lui le karaté? Entretien.
Félicitations pour le titre de champion du monde.
Merci. Ce titre mondial est venu confirmer la bonne réputation du karaté tunisien à l’échelle internationale. Comme attendu, la lutte a été serrée en raison du niveau technique assez élevé des participants. Pour ma part, j’étais gonflé à bloc. Les deux médailles d’or remportées au niveau africain m’ont motivé. Bref, j’ai cru en mes moyens, et effectivement, j’ai tenu mon pari en décrochant le titre mondial. La confiance est primordiale pour gagner
Quels combats de titans !
Franchement, tous les combats étaient difficiles. Comme toute compétition, quel que soit son niveau, le premier combat est toujours le plus dur. Il faut le remporter pour assurer un bon départ, essentiel pour la suite de la compétition.
C’est ainsi que j’ai fait de mon mieux pour vaincre l’adversaire de Fuji au premier combat. Et puis, j’ai continué sur ma lancée malgré une concurrence sérieuse, notamment de la part du saoudien qui fut un adversaire résistant.
A partir de quand as-tu senti que le coup était jouable ?
Après avoir éliminé le Russe par décision de l’arbitre, et le chilien devant son public, j’ai commencé à rêver de la médaille d’or et du titre mondial. Je me suis dit que c’est une occasion unique à ne pas rater.
Et effectivement, grâce à ma volonté, ma rage de vaincre et ma fraîcheur, je n’ai laissé aucune chance en finale au français que j’ai battu (5-0).
La différence entre les karatékas tunisiens et les autres ?
La progression et l’expérience sont des facteurs déterminants. On y arrive grâce à la compétition. Les entraînements ne suffisent pas. Et c’est ça qui fait la différence entre nous et les autres karatékas du reste du monde. En clair, nous devons participer à des tournois d’envergure. Croyez-moi, il y a beaucoup de karatékas tunisiens capables de monter sur la plus haute marche de podium dans les grandes compétitions. Retenez le nom du cadet Ahmed Rayene Tlili qui s’est adjugé la médaille de bronze. Il a du talent. Il deviendra un grand champion, un jour. Il faut qu’il bénéficie d’un programme de préparation spécifique et tout coulera de source.
Il faut aussi le motiver en lui accordant une prime alléchante car les adeptes des sports individuels sont lésés financièrement. Pourtant, ils sont les porte-drapeaux du sport tunisien.
A titre d’exemple, je ne sais pas combien va me valoir ce titre mondial.
Quid des Jeux olympiques de Tokyo 2020 ?
Je viens de prendre le dessus sur des adversaires chevronnés. Je me sens capable de rééditer l’exploit, d’autant que je suis encore jeune. J’ai une grande marge de progression et j’y crois. Ce faisant, il faut que je me prépare convenablement pour les Jeux Olympiques. La Fédération tunisienne de karaté a prévu un programme de préparation adéquat, en prenant part à des tournois en Espagne, France, Autriche, Maroc et à Dubaï. Je vais aussi effectuer des stages à Tunis et à l’étranger. Je ne pourrais qu’être fin prêt pour aspirer à une médaille à Tokyo.
A l’ origine, comment es-tu venu au karaté?
J’étais impressionné par mon frère. Et c’est grâce à lui que j’ai commencé à pratiquer le karaté. Mon premier entraîneur, Zied Ben Ahmed, m’a encadré pendant 12 ans à l’Association sportive militaire de Gafsa. Et après avoir réussi mon bac, j’ai opté pour le club de Tunisair, tout en m’entraînant en équipe nationale. Au TAC, j’ai pris mon envol.
La reconnaissance et l’ascenseur social, tu y penses ?
Les médailles, les titres de champions, le respect et la reconnaissance. Néanmoins, je souhaite, comme tout athlète, me constituer aussi un petit pécule pour ma reconversion et mes vieux jours. J’espère que la tutelle révisera le statut des athlètes d’élite.
Le mot de la fin…
Je profite de l’occasion pour remercier ma famille qui a cru en moi à mes débuts. Je remercie aussi les responsables des clubs de Gafsa et de Tunisair, la Fédération et mes entraîneurs pour leurs soutien et leur disponibilité. C’est grâce à eux que notre karaté a retrouvé ses lettres de noblesse à l’échelle mondiale. Enfin, j’espère confirmer mon statut en décrochant l’or à Tokyo. Le coup est jouable.
Salah KADRI