
L’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), cette invention tunisienne qui a réussi à forger une alternative viable aux élections confiées aux régimes déchus, connaît, huit ans après sa naissance, quelques pépins bien regrettables, mais qui ne remettent aucunement en cause, pour l’essentiel, ni le déroulement global des récentes élections ni les résultats proclamés.
Aucune des listes candidates, aucun des candidats à la présidentielle, aucun parti ou association n’ont contesté la qualité de son travail, et les observateurs étrangers des multiples institutions et organismes qui ont évalué les scrutins sont unanimes à les avaliser.
Reste que, cette année-ci, les hésitations et imprécisions se sont multipliées et les conflits internes ont été mal gérés. Plus particulièrement concernant les dernières contestations rendues publiques par deux membres de l’instance et qui méritaient d’être rendues publiques et débattues.
Les mécontents reprochent, entre autres, à leur collègue président, Nabil Baffoun, ses décisions unilatérales. En décidant de les exclure de l’Instance, il confirme le bien-fondé de leurs griefs et se place en dehors de l’ordre démocratique qui a vu naître l’Isie. Car des élus ne peuvent être destitués que par leurs électeurs.
En cela, il rejoint les abus similaires auxquels a recouru la présidente de l’IVD, lesquels ont contribué à affaiblir l’instance et à l’enfermer dans une logique de confrontation qui est étrangère à sa vocation et à son indépendance.
Les instances constitutionnelles sont les balises fondamentales de la transition démocratique, si elles sont indépendantes ce n’est pas pour qu’elles rétablissent inconsciemment un présidentialisme auquel on a tourné le dos. Elles sont l’émanation collégiale de la volonté républicaine de tout un peuple. Et tout dérapage de leur part rejaillit sur la crédibilité du processus démocratique qu’elles sont censées garantir.