C’est parti ! l’Assemblée des Représentants du Peuple édition 2019-2024 entame dès aujourd’hui ses travaux avec une première bataille politique qui se profile: qui présidera l’ARP pour les cinq prochaines années?
Pour l’instant les prétendants officiels et officieux sont au nombre de quatre. Il s’agit de Rached Ghannouchi (Ennahdha), Ridha Charfeddine (Qalb Tounes), Ghazi Chaouachi (Al-Tayar, soutenu par Al-Chaâb) et enfin Abir Moussi (Parti Destourien Libre). Leurs poids politiques divergent, mais compte tenu de la configuration actuelle de l’hémicycle, il semble bien que tous ces noms ont leurs chances.
Doyen des députés, Rached Ghannouchi présidera la séance inaugurale et il est le candidat naturel et officiel du parti Ennahdha. A 78 ans, Ghannouchi est un homme âgé qu’on dit malade. Sa photo, complètement endormi lors de la célébration du Mouled ne plaide pas en sa faveur. Il faut comprendre que la présidence du parlement n’est pas une sinécure, puisque celui-ci devra, outre ses prérogatives administratives de gestion du parlement, veiller au bon déroulement des séances plénières qui peuvent parfois se prolonger de longues heures et tard dans la soirée.Toutefois, comme c’était le cas pour son prédécesseur Mohamed Ennaceur, il pourra, échapper à cette tâche (parfois ingrate) en la déléguant à l’un des vice-présidents.
Sur le plan tactique, Rached Ghannouchi, n’est pas du tout certain de l’emporter, d’autant plus que deux blocs parlementaires d’envergures, Al-Tayar et Al-Chaâb ont décidé de ne pas voter en sa faveur. Il se retrouvera donc avec le soutien unique de son parti, de la coalition Al-Karama et de quelques indépendants. S’il est peu probable qu’il remporte la partie dès le premier tour, il pourra compter sur cette masse de députés au deuxième tour (qui mettra face à face le premier et le deuxième candidat).
S’il est désavoué, le président fondateur du parti Ennahdha perdra sans aucun doute beaucoup de son influence. Même dans son propre camp, sa défaite signifiera une remise en question de son autorité, déjà mise à mal.
Il faut cependant rester prudent, car Ennahdha et les partis politiques en général nous ont habitué aux manœuvres tactiques et aux accords de dernières minutes. Aussi, il se raconte dans les coulisse que Qalb Tounes et Ennahdha pourraient s’entendre sur un partage des responsabilités: La présidence pour Ennahdha et la vice-présidence pour Qalb Tounes. Si cet accord voit le jour, c’est Samira Chaouachi qui héritera de la vice-présidence.