La rumeur vit désormais avec nous et a pris le dessus sur la vérité en raison du manque de confiance qui règne depuis quelque temps à l’égard de certaines institutions, surtout quand l’ouverture d’une enquête devient la seule issue de secours et l’unique mécanisme de défense.


Terroristes expulsés de retour en catimini en Tunisie via l’aéroport d’Enfidha, menaces terroristes sérieuses qui planent sur le pays sur fond d’informations divulguées par un sécuritaire relatives à la découverte  de dépôt d’armes à Ouardanine, dans le gouvernorat de Monastir, et pour conclure une vidéo portant ombrage aux mêmes politiques, aux mêmes hommes d’affaires et aux mêmes animateurs des chaînes de télé.
De vraies-fausses informations alimentant une trilogie devenue classique à chaque période de transition vécue dans le pays. Cette fois, c’est plus grave en raison du vide observé actuellement après la démission de plusieurs ministres et la séance plénière d’ouverture de la 2e législature 2019-2024 annonciatrice d’un long marathon autour de la présidence de l’ARP ainsi que  la constitution du nouveau gouvernement.

Plans de déstabilisation et dépôts d’armes cachés
Plus de 50 mille vues pour la vidéo postée par le capitaine Z.F relevant des unités de la Garde nationale, rattaché actuellement au district de Sousse et qui présume qu’il a fait partie des unités spécialisées dans la lutte contre le terrorisme. Les révélations faites par le sécuritaire en question font froid dans le dos car il s’agit de plans de déstabilisation et de dépôts d’armes cachées à Ouardanine, mais que de contradictions dans ses propos selon des sources sécuritaires.
Z.F présume qu’il a tout découvert à propos de l’hydre terroriste en Tunisie depuis 2011 jusqu’à 2019, avec à l’appui des preuves et des enregistrements vocaux, des photos. Il fait état d’informations reçues concernant des armes cachées à Ouardanine et du rapport qu’il a remis à ses supérieurs depuis trois mois à ce propos et qui n’a pas eu l’effet escompté. Pire, cela a mis en danger sa vie et celle de sa femme, selon ses dires.
Plusieurs détails et révélations, qui manquent toutefois de cohérence, mettent en doute les propos de Z.F. Il parle d’informations reçues depuis trois mois concernant les armes cachées sous terre puis lorsqu’il reprend le même sujet, il déclare qu’il a reçu ses informations depuis un jour seulement ! En outre, il accuse parfois des terroristes d’être derrière un complot qui vise le pays et d’autres fois les « criminels » qui vont ouvrir le feu sur la population sans épargner les enfants pour créer le chaos.
Persévérant dans ses accusations, il met en garde que des parties vont tenter de l’impliquer dans une opération terroriste, mais sans s’en apercevoir, il divulgue, peut-être,  la cause de sa mutation de la brigade de la lutte contre le terrorisme. Il avoue que son frère s’est radicalisé et a rejoint les éléments terroristes en Syrie. Z.F a peut-être payé le prix fort, mais cela étant la règle dans les services de lutte contre le terrorisme, il a été muté dans ses fonctions. Une source sécuritaire nous explique que c’est une mesure préventive et « nos services ne tolèrent jamais ce lien de parenté ».
Mais ceci ne doit pas cacher d’autres informations saugrenues dévoilées par le capitaine de la Garde nationale, notamment quand il avance que les actes terroristes ne s’arrêteront pas  avec l’arrestation de l’animateur Sami Fehri et la campagne menée contre la corruption.
Comment l’agent spécialisé auparavant dans la lutte antiterroriste en 2013 pouvait-il parler à visage découvert ? Ne risque-t-il pas ainsi de mettre sa vie en danger ? Plus loin, il appelle au partage de sa vidéo et met tout le monde en garde : « Ils vont s’attaquer à votre président, se retourner contre vous et contre votre volonté », et là il change complètement de registre et ne parle plus de la lutte contre le terrorisme mais de ceux qui tirent les ficelles de ce fléau, accusant à cet effet des agents de la police et de la garde nationales. « Ils commettent leurs actes et accusent les gens qui font la prière ». Cela est complètement aberrant, nous indiquent certaines sources sécuritaires.
En dépit de ces explications qui tentent de discréditer le capitaine Z.F, plusieurs éléments et informations méritent qu’on s’y attarde dont notamment le fait que certaines parties l’ont ciblé à travers la radicalisation de son frère et ce « congé de maladie » dont il bénéficie au moment de la publication de la vidéo. L’ouverture d’une enquête a été ordonnée par le parquet relevant du pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme, avait déclaré son porte-parole, Sofiène Selliti, qui a souligné auparavant que ces déclarations étaient infondées et erronées et sont de nature à perturber l’ordre public.

Des rumeurs incitant à la haine et à la violence
Cette affaire a pris plus d’ampleur et a connu d’autres rebondissements suite à la publication d’une seconde vidéo par le dénommé Y.B.S. (alias Chouchou), originaire de la localité de Ouardanine, confirmant en grande partie les accusations véhiculées par le capitaine Z.F, ce qui a conduit le pôle judiciaire à réagir et à ordonner l’ouverture d’une enquête.
Une sensation de déjà vécu et de déjà entendu qui rappelle les balbutiements de la démocratie tunisienne avec la prolifération des drapeaux noirs.
Pour ce qui est de l’ordre public, ce n’est pas seulement les déclarations du sécuritaire Z.F qui peuvent être mises en cause nonobstant leur gravité, mais la circulation de rumeurs autour de figures politiques ou médiatiques notoires qui pourraient mener à la haine, à la violence et aux assassinats, comme ce fut le cas du martyr Chokri Belaïd, qui fut lâchement abattu par balle devant sa maison après une campagne de dénigrement savamment menée.

Le spectre du rapatriement des terroristes
Pour en finir, et en dépit des démentis publiés à maintes reprises par le ministère de l’Intérieur, certaines parties continuent à colporter les rumeurs concernant le retour des éléments terroristes ayant pris part aux combats en Syrie. Des rumeurs qui semblent en réalité vouloir tirer de l’oubli le dossier des  réseaux impliqués dans l’envoi des Tunisiens vers les zones de combats en Syrie en raison de l’échec qu’a connu la commission d’investigation relevant de l’ARP depuis sa création en mars 2017. Plus de 5.000 Tunisiens on gagné les rangs des groupes terroristes basés dans les zones de tension en Syrie, en Irak et en Libye depuis 2012, estiment les groupes de travail de  l’ONU. Que sont-ils devenus, où sont-ils partis et seront-ils de retour en catimini en Tunisie via l’aéroport d’Enfidha comme tentent de le démontrer plusieurs parties ?
Le ministère de l’Intérieur a catégoriquement démenti le retour que ce soit des combattants appartenant à des organisations terroristes ou ayant participé à des opérations terroristes. Ces éléments terroristes sont transférés dès leur retour en Tunisie au pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme, ajoute le département de l’Intérieur selon les lois en vigueur.
De son côté, l’ambassadeur turc, Ali Onane, a démenti sur les ondes de RTCI les fausses informations colportées concernant un éventuel rapatriement, via l’aéroport d’Enfidha, par son pays de 360 terroristes détenus dans les geôles turques.
De la vidéo postée par un sécuritaire en rapport avec  les plans de déstabilisation visant le pays aux informations qui circulent concernant le rapatriement en secret des terroristes à l’aéroport d’Enfidha, en passant par la vidéo diabolisant des hommes d’affaires et des animateurs notoires de la télévision, la rumeur vit désormais avec nous et prend le dessus sur la vérité en l’absence de preuves tangibles et en raison surtout du manque de confiance qui règne depuis quelque temps à l’égard de certaines institutions, surtout quand l’ouverture d’une enquête devient la seule issue de secours.

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