Séance inaugurale de la nouvelle assemblée : Les péripéties d’un vote particulier

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Une fois élu, Rached Ghannouchi a prononcé une allocution fort rassurante et modérée dans laquelle il a promis l’équité à l’égard de tous les députés et la plus grande neutralité dans la gestion de l’ARP, indiquant qu’aucun parti ne peut légiférer tout seul et que le parti Au Cœur de la Tunisie a été associé.


Les 217 nouveaux élus de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) ont pris fonction, hier, à partir de 9 heures 30 minutes au Bardo pour la cérémonie de prestation de serment.
Auparavant, le président par intérim sortant de l’ARP, Me Abdelfattah Mourou a prononcé un discours de bienvenue puis procédé à l’installation du président de séance, soit le député Rached Ghannouchi, en sa qualité du plus âgé des élus, et des deux vice-présidents, un homme et une femme, les plus jeunes.
Ghannouchi a alors annoncé le démarrage de la séance de prestation de serment puis a  lui-même prêté serment à haute voix, avant d’indiquer que la prestation de serment de la part des députés se fera de manière collective, conformément à l’article 8 du règlement intérieur de l’ARP qui dispose que «(…) le président de séance ou l’un de ses assistants procède à la lecture des noms des membres élus définitivement en vertu de l’arrêté de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) relatif aux résultats définitifs des élections législatives. Les autres membres prêtent serment ensemble en répétant ce qu’énonce le président de séance». Ce qui fut fait par l’ensemble des députés à l’image d’une chorale.
C’est alors que Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre, est intervenue pour contester la prestation collective de serment. Elle a qualifié cette démarche d’illégale puisque contraire aux dispositions de la Constitution qui prévoit une prestation individuelle de la part de chacun des députés. Elle a attiré l’attention sur le fait que certains députés n’ont pas participé à la prestation collective du fait qu’ils se trouvaient dans le hall. Elle a ainsi refusé de prêter serment dans ces conditions et promis de porter plainte. Tout en réclamant sans micro un point d’ordre qu’elle n’obtiendra pas.
Le président de séance, Rached Ghannouchi, lui a indiqué qu’il lui est interdit de réclamer un point d’ordre, de voter ou de se présenter comme candidate à la présidence tant qu’elle n’a pas prêté serment.
Il faut dire que le PDL, qui a obtenu 17 sièges aux dernières législatives, a déclaré, lundi, avoir adressé une lettre au président de l’Assemblée des représentants du peuple par intérim, Abdelfattah Mourou, dans laquelle il demande à ce que la prestation de serment soit individuelle, conformément à l’article 58 de la Constitution. Il y aurait donc une contradiction entre les termes de la Constitution et ceux du règlement intérieur de l’ARP.
Ghannouchi appelle alors les députés qui n’étaient pas dans la salle ou ont raté la prestation à y procéder, ce que Moussi saisit comme opportunité pour procéder, ainsi que ses collègues députés PDL, à une prestation collective de rattrapage, mettant fin à l’incident. C’est alors que Rached Ghannouchi lève la séance et appelle les candidats à la présidence à faire acte de leur candidature.
Après la pause-déjeuner, l’ARP a entamé les formalités en vue de l’élection du président de l’Assemblée et de ses deux vice-présidents. Quatre candidats se sont présentés à la présidence : Rached Ghannouchi (Ennahdha), Ghazi Chaouachi (Courant démocratique), Marouane Felfel (Tahya Tounès) et Abir Moussi (PDL). Alors que deux candidats seulement ont postulé pour le poste de 1er vice-président : Abderrazek Ben Sassi Aouidet (mouvement Echaâb) et Samira Chaouachi (Qalb Tounès). Enfin, trois députés ont été candidats à la responsabilité de 2ème vice-président : Houari Dali (Al Karama), Leïla Haddad (mouvement Echaâb) et Tarak Ftiti (indépendant du groupe parlementaire Réforme nationale).
Dans la mesure où Rached Ghannouchi était au même moment candidat et président de séance, c’est à sa vice-présidente Mériem Ben Belgacem qu’a incombé la tâche de l’annonce des noms des candidats, cependant que le bureau de vote prenait place.
Dans ce scrutin secret sans incident, le dépouillement a accordé au président du parti Ennahdha, Rached Ghannouchi, 123 votes, le consacrant président de l’ARP pour le mandat 2019-2024. Alors que Ghazi Chaouachi candidat d’Attayar et du mouvement Echaâb n’a obtenu que 45 votes, sachant que Abir Moussi du PDL a eu 21 votes et Marouene Felfel de Tahya Tounès 18 votes.
A noter que sur les 217 bulletins, 10 ont fait figure de vote blanc.
Une fois élu, Rached Ghannouchi a prononcé une allocution fort rassurante et modérée dans laquelle il a promis l’équité vis-à-vis de tous les députés et la plus grande neutralité dans la gestion de l’ARP, indiquant qu’aucun parti ne peut légiférer tout seul et que le parti Au Cœur de la Tunisie a été associé.

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