Tanit d’Or aux JCC 2019, «True story» décrit un univers particulier et représente un genre cinématographique de plus en plus maîtrisé en Tunisie.
Est -ce un outrage que d’avoir «le cœur sur la main» ? ou un fardeau qu’il faut cacher comme une honte ? Nous vivons dans un monde où les humains sont devenus si frileux et circonspects face à un cœur qui ne cache pas ses battements qu’ils préfèrent s’en débarrasser… Un monde où il ne faut plus rien espérer des hommes et chercher le salut du côté des forces maléfiques… du côté du diable… Ainsi «True story» nous raconte en vingt minutes comment Satan a sauvé une enfant née avec une malformation au cœur des griffes de sa tante qui allait l’assassiner justement à cause de cette malformation. Une malformation qui fait que le cœur de cette petite fille est placé à l’extérieur de sa poitrine.
Le film confirme la naissance d’une nouvelle vague de cinéastes en Tunisie qui fait dans le film de genre. Un genre qui, en quête d’une plus grande reconnaissance, est en train d’enrichir le paysage cinématographique tunisien et qui trouve un public avide de vivre sur grand écran ces émotions fortes et ces histoires de l’au-delà avec une touche tunisienne. Un cinéma qui ne plaît peut-être pas à tout le monde mais c’est un cinéma derrière lequel on perçoit la volonté de secouer le spectateur. Amine Lakhnech, avec ce premier court métrage récompensé du Tanit d’or lors de la dernière session des JCC, fait partie de cette jeune vague de cinéastes tunisiens pleins de talents et qui sont prêts à surmonter tous les obstacles pour donner naissance à leur rêve de faire du cinéma, leur cinéma.
Il est vrai que beaucoup de jeunes cinéastes (et on l’a vu à Khatawet par exemple) ont la maîtrise des nouvelles technologies mais sans réussir à faire passer une émotion sur le grand écran ou créer un univers. Dans «True story», Amine Lakhnech démontre justement sa maîtrise des nouvelles technologies pour créer des effets spéciaux dans le cinéma tout en réussissant à créer un univers prenant et puissant, une atmosphère propre à ce genre de film. Mais l’atmosphère ne suffit pas dans ce genre de film dont le moindre ingrédient intrus risque de faire exploser toute la recette. Ainsi dans «True story» on est mené par le bout du nez par le découpage, les choix des cadrages, le rythme du montage et par le jeu des actrices. Un film d’horreur, diraient certains, oui mais c’est aussi un film porteur d’un message : l’originalité est dans le traitement de cette histoire qui aurait perdu de son emprise sur le spectateur si elle avait été racontée de manière classique.