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Ecologie industrielle : Pour des entreprises amies de l’environnement


Le Centre international des technologies de l’environnement de Tunis (Citet) a organisé, à son siège à Tunis, une journée d’information sur le projet tunisien de production propre (PPPT). Ce projet s’inscrit dans le cadre des objectifs fixés par l’Organisation des nations unies pour le développement industriel (Onudi) et visant la promotion de l’écologie industrielle et l’adoption d’un concept salutaire, à même de réussir l’équation production- valorisation des déchets.


L’idée étant d’orienter, progressivement mais sûrement, la production industrielle vers l’économie circulaire en apportant aux professionnels les abc de cette démarche fondamentale à une économie plus rentable, à une production moins coûteuse et plus respectueuse de l’écosystème.
En Tunisie, le Citet a été désigné par l’Oundi comme étant l’institution de tutelle, relevant du ministère des affaires locales et de l’environnement, pour la vulgarisation de l’information sur l’éco-industriel et pour apporter aux professionnels de ce secteur l’appui technique et l’accompagnement adapté à leurs besoins. Mme Zouhour Yaich, chef de service au sein dudit centre, a passé en revue les axes de travail exploités au profit des industriels intéressés.

La PP représente, ainsi, une stratégie à part entière, intégrée dans toutes les étapes de l’activité d’une entreprise, notamment au niveau des procédures, des services, des produits et même durant le cycle de vie du produit, depuis la matière première et jusqu’à son recyclage ou sa phase de déchet ultime. « Il s’agit de produire plus en impactant moins l’environnement. Jusqu’à nos jours, le Citet a accompagné une centaine d’entreprises lesquels, une meilleure viabilité économique, une meilleure production et une capacité confirmée de compétitivité riment avec l’écologie industrielle », a-t-elle indiqué. Et d’ajouter que cette stratégie est fondée sur le principe gagnant-gagnant entre les entreprises d’une part et les Groupements de maintenance et de gestion des zones industrielles ( GMG ), de l’autre.

Engagement et solidarité pour la valorisation des déchets
Pour mieux éclairer l’assistance sur le concept de l’écologie industrielle, M. Ahmed Herzi, sous-directeur au Citet, chargé de l’assistance aux entreprises, a expliqué qu’il s’agit de soutenir les professionnels dans la gestion des problèmes environnementaux dans les zones industrielles en maîtrisant la gestion et des ressources et des déchets. Une véritable symbiose entre la production propre (PP) et l’éco-design, mais aussi d’une coopération inter-entreprises, implique, néanmoins, un consensus entre les différents acteurs.
Les entreprises doivent changer de rituels professionnels en s’ouvrant sur les autres entreprises implantées dans la même zone industrielle. Pour asseoir les jalons d’une écologie industrielle, il convient, en effet, pour les entreprises d’échanger les informations et les bonnes pratiques, d’apprendre à partager la même infrastructure, les services d’analyses et opter même pour l’échange des déchets ou encore la co-production des déchets afin de mieux les valoriser.

«La méthodologie repose sur six étapes, à savoir l’analyse de la zone, la création d’un réseau de collaboration, l’organisation d’ateliers thématiques, la mise en place d’un audit pour chaque entreprise, l’analyse des opportunités d’échange et finalement l’analyse des résultats des audits », a-t-il expliqué. Ce travail permet de trouver des pistes d’actions communes entre plusieurs entreprises en impliquant d’autres organismes d’assistance et d’accompagnement technique, notamment le Citet.
« Généralement, nous parvenons après l’étude des enjeux environnementaux, des opportunités de collaboration et des visites sur terrain, à cerner cinq pistes de symbiose prioritaires pour réussir finalement à s’appliquer sur la réalisation de deux pistes », a-t-il indiqué.

PP : il y a du pain sur la planche !
La PP a, effectivement, démarré en Tunisie via le projet pilote de Bizerte, comptant deux zones industrielles dont l’une à Bir Mchergua et l’autre à Jbael el Oust. Ce projet qui a démarré en 2014 a permis d’identifier le potentiel de la démarche éco-industrielle en Tunisie. L’orateur a donné, pour exemples, certaines expériences réussies dont la valorisation des déchets de cimenterie, le recyclage des solvants, l’installation de déchetteries dans les zones industrielles ainsi que l’élaboration d’une liste identifiant les collecteurs agrés.
« Les enjeux de la PP en Tunisie ne sont point moindres. Nous devons retrousser les manches pour moderniser l’infrastructure industrielle, adapter le cadre réglementaire aux impératifs de l’écologie industrielle, canaliser des mécanismes de financement, introduire la notion de « parc éco-industriel » dans l’esprit des industriels et renforcer le rôle des éco-industriels », a-t-il conclu.

Paeb : l’éco-industriel sur les rails
Le Parc d’activité économique de Bizerte (PAEB) représente l’exemple-type en matière d’application de la stratégie de l’écologie industrielle. Planifié dès 1993, il reflète la deuxième génération des zones industrielles en Tunisie. Ce parc pas comme les autres repose sur l’aménagement et l’exploitation de trois zones industrielles, regroupant plusieurs filières.
Ouvert aux investisseurs étrangers directs, il garantit l’installation, en Tunisie, d’entreprises totalement exportatrices contre un loyer permanent de lots de terrain, assurant ainsi la rentabilité du parc. Bénéficiant d’une infrastructure optimale, au diapason des technologies industrielles et écologiques, les entreprises disposent d’un seul vis-à-vis et de bureaux de douane implantés au Paeb. S’étalant sur 81ha, le parc est réparti en trois zones industrielles, soit une zone à Bizerte, et deux zones à Menzel Bourguiba 1 et 2.
En 2012, et grâce à la collaboration avec la GIZ pour une assistance juridique et le Citet pour une assistance technique, un programme de développement économique et emploi a été mené dans l’optique d’améliorer la gestion des déchets en révisant toutes les composantes du système. En 2018, deux ateliers thématiques ont interpelé les industriels afin d’identifier les problématiques liées à l’impact des déchets sur l’environnement.

« Le Citet a réalisé des audits au sein de 32 entreprises suite auxquels des fiches-actions ont été élaborées. Les pistes de symbiose industrielle ont été identifiées et se sont articulées autour de plusieurs impératifs, à savoir la traçabilité des déchets, le tri à la source, la gestion des déchets dangereux, la sensibilisation et la formation du personnel sur les normes à retenir », a-t-il indiqué. L’orateur a avancé plusieurs succes stories dans ce sens, dont la symbiose entre deux entreprises ; l’une produit des déchets de palettes en bois, utilisées dans la fabrication des grands voiliers et l’autre, qui les réutilise en les recyclant.
Les chutes des tissus produits par une entreprise spécialisée dans la production du textile sont récupérées par une autre entreprise, s’en servant comme chiffons indispensables à son activité. « Nous avons établi une charte de gestion durable des déchets au Parc ; un pas certes informel mais qui relève d’un engagement moral confirmé. Nous continuons à œuvrer pour la finalisation de la gestion des déchets utiles et pour l’élaboration d’un plan d’action pour la prochaine étape. Nous aspirons à la pérennité de ce projet qui sera clôturé d’ici la fin de l’année », a-t-il ajouté.

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