Accueil A la une L’économiste et ancien ministre Hakim Ben Hammouda à La Presse : «Il faut de la compétence et du courage pour prendre les décisions»

L’économiste et ancien ministre Hakim Ben Hammouda à La Presse : «Il faut de la compétence et du courage pour prendre les décisions»


C’est une des compétences économiques nationales les plus médiatisées. Hakim Ben Hammouda a fait l’essentiel de sa carrière dans des institutions internationales, a été ministre de l’Economie et des Finances pendant 14 mois au sein du gouvernement des technocrates. Aujourd’hui il semble entretenir de bonnes relations avec tout le monde. Non avare de conseils ni d’ailleurs de critiques, partis politiques et organisations nationales font appel à lui. Lanceur d’initiatives avec ses pairs, comme l’Ecole for Tunisia, c’est aussi un écrivain prolifique. M. Ben Hammouda a signé près d’une quarantaine d’ouvrages et pas que sur l’économie. Dans cette période de crise, La Presse lui donne la parole, il en saisit l’occasion pour proposer des solutions concrètes. Ecoutons-le.

Pendant le récent marathon électoral, on a eu l’impression que le débat économique est passé au second plan, et même s’il était évoqué, c’est à travers des généralités. Est ce dû, d’après vous, au profil des candidats ou bien à la complexité, voire la technicité, de la question économique, ou bien les deux  éléments conjugués à la fois ?   

C’est un constat tout à fait pertinent. Et je pense qu’il ne concerne pas uniquement la période électorale. Il s’agit bel et bien d’une marginalisation des questions économiques du débat public qui date de la révolution. Si on pouvait admettre que tout au long des premières années post-révolution, les questions politiques et institutionnelles monopolisaient le débat. Par la suite, la situation n’a pas évolué. Pour ma part, j’ai essayé de réfléchir sur le pourquoi. A mon avis, il y a trois raisons qui me paraissent décisives : d’abord la faible présence d’économistes dans les différents gouvernements. L’ancien gouverneur de la Banque Centrale, Chedly Ayari, me disait que depuis 2011, deux économistes seulement ont été nommés à la tête du ministère de l’Economie et des Finances : Hassine Dimassi et moi-même. Actuellement Ridha Chalghoum est un économiste. Mais cela reste très peu. Il me disait à juste titre que personne n’accepterait qu’un non juriste soit nommé à la tête du ministère de la Justice. Il faut le reconnaître, il y a un déficit au niveau de la présence de compétences économiques dans les gouvernements qui se sont succédé. On dit toujours que le ministre est un poste politique. J’en ai fait l’expérience. Je pense qu’effectivement le poste de ministre est politique, certes, cela n’empêche pas qu’il est appelé assez souvent à choisir entre plusieurs propositions hautement techniques. Lorsqu’un ministre est nommé à la tête d’un département qu’il ne connaît pas, ce sera très difficile pour lui de prendre les bonnes décisions. Moi, je ne me vois jamais à la tête d’un ministère dont je ne maîtrise pas la logique. Deuxième aspect qui me paraît important ; on est face à une crise, on ne sait pas comment faire, par où commencer. Les solutions traditionnelles mises en œuvre un peu partout par les institutions internationales, dont le FMI, la Banque Mondiale, se traduisent en des politiques macroéconomiques orientées vers la stabilisation. Le champ des possibles dans l’élaboration des politiques économiques s’est tellement rétréci. Troisième cause ; l’absence d’économistes professionnels également du débat public.

Voulue, ou pas. De quelle manière qualifieriez-vous cette absence ?

Ce que les gens ne savent pas, c’est que nous disposons en Tunisie de la meilleure génération d’économistes. Très sincèrement, je ne parle pas de moi, mais d’économistes que très peu de gens connaissent. J’en cite quelques-unes et quelques-uns : Zouhour Karray, Asma Bouraoui Khouja, Houssam Eddine Ecchabi, Habib Zitouna, Basset Chmingui, Hédi Bchir et beaucoup d’autres qui sont très peu médiatisés. Il y a une institution basée en Egypte, ERC. C’est une grande institution internationale qui regroupe les économistes du monde arabe. Elle décerne des prix tous les ans. Ceux qui obtiennent les meilleurs prix, ce sont des économistes tunisiens. Le vrai problème c’est qu’on ne fait pas appel à eux. Très peu d’entre eux sont sollicités dans quelques cabinets.

Est-ce leur choix de ne pas s’impliquer, ou bien ils ne sont pas sollicités ni par les journalistes ni par les politiques ?

Ils sont quelque part responsables, dans la mesure où ils refusent souvent de répondre aux sollicitations des journalistes. Pour ma part, je suis souvent sollicité et je conseille aux journalistes de contacter d’autres collègues plus jeunes qui font d’excellentes analyses. Mais mes collègues, je dois le dire également, parfois se complaisent dans leurs laboratoires de recherche où il n’y a pas d’enjeux politiques. Les économistes, il faudra l’ajouter, ont la crainte de voir leurs propos détournés, manipulés. L’été dernier avec Elyes Jouini et Abderrazak Zouari, nous avons lancé une initiative « Ecole for Tunisia » qui a rassemblé une soixantaine d’économistes tunisiens. Je leur ai dit à cette occasion qu’il est temps de s’impliquer dans le débat public. Aujourd’hui tout le monde est d’accord que la priorité est de facture économique et c’est à eux de sortir et de s’exprimer. Nous avons publié le Livre bleu qui comporte ce que nous considérons comme les mesures prioritaires à adopter, en vue d’aider l’économie tunisienne à sortir de la crise. Nous allons poursuivre cette initiative. La classe politique devrait faire appel à eux. Mais j’adresse un appel à nos économistes qui doivent sortir de leur bulle. Car c’est à nous d’alimenter le débat public et d’informer l’opinion publique sur des questions aussi complexes.

Comment s’est comportée l’économie au cours des derniers mois ?

L’économie au cours des derniers mois et même des cinq dernières années est orientée vers la stabilisation que j’ai toujours critiquée. Ce qui signifie, nous essayons d’établir les grands équilibres économiques, particulièrement l’équilibre des finances publiques, l’équilibre des comptes extérieurs et surtout maîtriser l’inflation. Chez les économises, la stabilisation est importante pour une économie nationale comme elle est importante pour une entreprise ou pour un ménage. C’est important de faire en sorte que les dépenses n’excèdent pas beaucoup les revenus. C’est du bon sens. Et même si les dépenses d’une manière générale excédaient toujours les revenus, il faudrait faire en sorte que la différence, ce qu’on appelle, le déficit, pour un pays, pour une entreprise, comme pour une famille, ne soit pas large, de manière à ce qu’il n’y ait pas de dérives. Cela a été le choix de l’économie tunisienne. Nous avons essayé de réduire les déficits et l’inflation. Résultat, nous avons amélioré ici et là quelques indicateurs macroéconomiques, comme le déficit des finances publiques. Mais la croissance et de l’investissement souffrent énormément.

Que feriez-vous contre les déficits ? Laissez filer les déficits, c’est hypothéquer l’avenir de la Tunisie, qu’en pensez-vous ?

Là-dessus, je suis tout à fait d’accord, un économiste qui laisse dériver les déficits est irresponsable. Mais, je pense que deux conceptions ont dominé le débat : une conception conservatrice adoptée à l’échelle internationale. On fait un peu de stabilisation, on essaye de réduire les déséquilibres, puis on attend de voir en pensant que la réduction des déficits va elle-même relancer l’investissement. Donc, il y a absence de toutes actions volontaires de l’Etat, des pouvoirs publics. C’est un premier courant dans lequel s’est inscrite la politique économique nationale sur les cinq dernières années. Pour moi, il n’y a pas de différence dans les politiques économiques entre le gouvernement Habib Essid et les autres. Le deuxième courant, ce qu’on appelle le populisme économique qui se traduit par la satisfaction des besoins de la population qui consiste à dépenser et annuler les dettes en même temps. Ces deux courants ont pesé sur l’élaboration des politiques économiques. Résultat, on s’est retrouvé prisonnier de ces deux tendances. La première n’a pas amélioré de manière significative la situation économique ; l’autre tendance pourrait avoir des conséquences désastreuses sur les grands équilibres. De mon point de vue, il faut d’un côté maîtriser les grands équilibres économiques, mais de l’autre, il faut considérer la stabilisation comme une composante, une étape uniquement. Ce qui est important après, c’est la relance de l’investissement, la relance de la croissance. La stabilisation est encore plus facile à réaliser, lorsqu’on fait de la croissance. C’est-à-dire comme pour le citoyen, il pourra stabiliser ses dépenses beaucoup plus facilement, lorsqu’il perçoit des revenus supplémentaires. Par contre, réduire les dépenses ne va pas l’aider à améliorer ses équilibres financiers. Je prétends, donc, qu’au milieu de ces deux tendances en matière de politique économique, il existe une troisième qui est beaucoup plus pragmatique. Tout en maîtrisant les grands équilibres, il faut chercher parallèlement à relancer la croissance et l’investissement.

Vous dites qu’il faut encourager l’investissement. Oui, mais comment ? L’état de la Tunisie, l’absence de visibilité, les incertitudes qui se multiplient, tout cela n’encourage pas l’investissement. Comment s’y prendre ?

Nous ne sommes pas le premier pays à être passé par ces situations d’incertitude. Donc, il y a des leçons à tirer des expériences similaires qui ont réussi à sortir de la crise. Pour l’analyse comparative, je choisis un pays asiatique. Il n’y a pas plus incertain, en Corée du Sud, que la menace d’une guerre nucléaire qui pèse tous les jours entre les deux Corées. Malgré cela, les Coréens ont réussi à relancer la croissance. J’ai toujours dit que dans les moments d’incertitude, d’attente des investisseurs, c’est à ce niveau-là que l’Etat devient important. L’Etat n’est pas simplement un régulateur. Pendant ces moments de crise, le lancement de grands projets peut encourager les investisseurs privés à sortir de leur frilosité. C’est un élément que me paraît important. Les grands projets, on n’en a pas. Il y en a eu un, le fameux port d’Enfidha, ça fait vingt ans qu’on en parle. La Tunisie est un pays qui s’est construit sur la base de grands projets d’infrastructure structurants. En rentrant au gouvernement (ministre de l’Economie et des Finances, 2014-2015 ndlr), j’étais persuadé que j’allais me retrouver avec une banque de projets importants dont il fallait tout simplement faciliter l’exécution. A mon grand désespoir, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de grands projets du tout. Tous les grands projets qu’on brandit de temps à autre sont vieux de vingt ans, y compris le port en eaux profondes d’Enfidha. Ce projet a été un des premiers de la Méditerranée. Depuis il y a eu Tanger Med, au Maroc, et plusieurs autres ports maintenant opérationnels.   

Vous avez annoncé dans vos déclarations qu’il faut mettre en place un nouveau contrat social. Ça c’est le rôle des politiques. Or, la carte politique est totalement fragmentée qu’il faudrait des années pour adopter un consensus sur ces questions, qu’en pensez-vous ?

Sur le contrat social, j’ai écrit un livre (Sortir du Désenchantement, Ed, Nirvana, troisième édition juillet-2019, ndlr) pour dire que la crise en Tunisie n’est pas qu’économique. C’est véritablement la crise d’un contrat social. Je retiens que l’Etat national de l’indépendance, par rapport aux formes traditionnelles d’organisation politique, a été érigé sur la base d’un contrat social. Le contrat social signifiait dans ce cas-là un modèle de développement basé sur des industries tournées vers le marché intérieur. Ensuite, à partir des années 70, un équilibre a été assuré entre le marché et les activités exportatrices. En outre, des services sociaux de base, l’éducation, le système de santé, le système de sécurité sociale fonctionnaient. Donc, cela veut dire que nous avions un modèle de développement et social qui a permis d’établir ce contrat entre le citoyen et l’Etat, en contrepartie de son engagement et, faut-il le dire, d’absence de libertés politiques. Ce modèle s’est effrité à partir de la fin des années 80. Il ne faut pas aller loin pour voir la crise de ce modèle, mais juste visiter un des hôpitaux publics, ou une école.

Quelles seraient donc les mesures d’urgence à prendre?

A mon avis, à moyen et long termes, c’est important de reconstruire ce lien social. C’est ce contrat qui a fait de nous ce que nous sommes, nous autres Tunisiens, réunis autour de notre Etat. A court terme, certaines décisions économiques sont urgentes à prendre. Le projet de loi de finances de 2020 m’inquiète. Ce n’est pas un problème de remise en cause des compétences de l’actuel ministre des Finances ou des fonctionnaires du ministère qui ont travaillé d’ailleurs avec moi, mais le projet est alarmant. Le budget a augmenté de manière significative. On passe de 43 milliards de dinars en 2019 à 47 milliards de dinars en 2020. C’est beaucoup ! Il y a un besoin de financement qu’on droit retrouver s’élevant à 12 milliards de dinars. C’est énorme ! Je ne connais pas beaucoup de ministres des Finances, dans les conditions de la Tunisie d’aujourd’hui, qui seraient en mesure de mobiliser 12 milliards. J’ai appelé à ce que le prochain gouvernement fasse rapidement une loi de finances complémentaire pour réduire le budget. Je dis qu’il faut impérativement le ramener à 43 milliards. Cela signifie que le besoin de financement ne sera que de 8 milliards environ. Ce qui est déjà beaucoup ! Trouver 8 milliards dans les conditions actuelles, c’est énorme encore. Quand on sait que sur le marché interne, on ne peut pas trouver plus de 3 milliards. Mobiliser 5 milliards à l’étranger dans les conjonctures actuelles sera très compliqué. Le pays vit une situation politique complexe en s’appuyant sur des alliances contre nature, difficiles à maintenir. Le prochain gouvernement doit avoir le courage d’expliquer cela aux citoyens et de réduire le budget.

Que recommandez-vous encore ?

Ce que je recommande n’est pas nécessairement la mise en place d’une politique d’austérité. Par exemple, le budget imparti à l’investissement public qui est de l’ordre de 7 milliards, je pense qu’il faut le ramener à 5 et reporter la réalisation de certains projets. Il faut que le prochain gouvernement s’engage à ce que les 2 milliards d’économies qui seront faits sur le budget soient investis par les privés sur l’année prochaine dans des investissements relevant de différents secteurs. La conduite de la politique économique, lors de l’année 2020 et des années qui vont suivre, sera très compliquée. Il y a un accord, en tout cas j’espère, que soient nommés à la tête du ministère des Finances et des départements économiques d’une manière générale des gens compétents, capables de gérer cette situation. D’un autre côté, je pense que tout le monde est inconsciemment persuadé que la résilience de l’économie tunisienne a fait ses preuves jusqu’à aujourd’hui et que ça va continuer. Je dois leur dire, spécialement aux politiques, qu’ils se trompent lourdement. Les gens ne se rendent pas compte que les trois premiers mois de l’année 2020 seront très durs. Les institutions internationales vont observer sans bouger, afin d’évaluer les politiques appliquées. C’est à nous de prendre l’économie à bras-le-corps. Il faut avoir les compétences et le courage.

Quel langage auriez-vous tenu face au FMI? Vous avez critiqué récemment ses positions sur le dinar ?

J’ai fait toute ma carrière dans les institutions internationales. Ma position est très simple. Je pense qu’après la crise de 2008-2009, nous avons assisté à une grande ouverture des organismes internationaux. L’inflation et les déficits publics ne sont plus considérés comme de grands problèmes. Mon impression, c’est que cette page d’ouverture est tournée. On revient à des politiques de stabilisation dont le seul intérêt est la réduction des déficits. Le reproche que je fais aux institutions internationales que j’adresse aussi à notre gouvernement et aux autorités publiques, c’est d’appliquer ce qui est conseillé, tout en essayant de l’adapter à la tunisienne. On nous dit de relever les taux d’intérêt à 300%, on le fait à 200%. On grignote par-ci par-là. Mais on applique pratiquement les mêmes stratégies. Je ne pense pas que le FMI nous impose ses choix, mais je crois, en revanche, que nous manquons de capacités de négociations. Je prends un exemple simple, la grande trouvaille du FMI et du gouvernement tunisien est de faire en sorte que le déficit public en 2020 soit de l’ordre de 3%, pourquoi faire ? Particulièrement dans une économie qui est en crise. Je suis bien évidemment pour la maîtrise des déficits publics. Mais regardons les pays européens qui ont mis en place les accords de Schengen, ils ne les regardent même plus. Pourquoi 3%, pourquoi pas 2% ou 4%. Je pense que la stabilisation est importante, mais le FMI et les institutions internationales doivent aider la Tunisie et la Tunisie doit s’aider elle-même à relancer la croissance et l’investissement. Et, surtout, à faire des préoccupations sociales exprimées lors des dernières élections la grande priorité.

Si on faisait appel à vous pour être à la tête d’un ministère, accepteriez-vous ?

Servir son pays est un devoir, à la limite une obligation. C’est la Tunisie qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Je suis redevable à mon pays. Je suis à tout moment au service de la Tunisie et prêt  à rendre service. C’est ce que je fais même en étant en dehors du gouvernement. Mais, on m’avait proposé les dernières années de revenir au gouvernement. J’ai gentiment décliné pour une raison simple ; je ne pense pas que les individus aussi compétents qu’ils puissent l’être peuvent changer les choses. Il faut qu’il y ait une vision et un projet sur les grands choix de politique économique. Ensuite, il faut former une équipe cohérente et solidaire pour travailler ensemble. C’est ce que nous avons fait dans le gouvernement Jomaa, que tout le monde considère aujourd’hui comme un exemple. Il y avait un chef d’équipe qui a joué un rôle important. Il a prouvé ses capacités de leadership. Il n’y a jamais eu de couacs entre les ministres. Les différends étaient réglés dans les coulisses jamais sur la place publique. Plus important que d’être ministre, donc, c’est le projet qui compte. Et donc j’ai refusé des propositions lorsque je ne voyais pas de projets.

Ce serait aux technocrates, aux experts de présenter des projets. Les politiques, compte tenu de leurs formations, ont d’autres savoir-faire. Chacun est dans son rôle. Ou alors pensez-vous que nos hommes politiques ne font pas assez d’efforts pour impliquer les économistes ?   

Je pense qu’ils ont de la bonne volonté, mais on ne fait pas de la politique avec de la bonne volonté. C’est aussi simple que ça. Pour faire de la bonne politique économique, il faut de la compétence et il faut du courage pour prendre des décisions. Exemple, les entreprises publiques, nous n’allons pas les regarder se disloquer comme c’est le cas, sans véritable projet. Il faut faire des restructurations. Je ne parle même pas de privatisation. Le problème de la restructuration des entreprises n’est pas imputable au gouvernement. C’est avant tout celui des PDG. On nomme des présidents-directeurs généraux, cela fait trois à quatre ans qu’ils nous promettent des plans de restructuration qu’ils ne sont pas capables d’élaborer.

Les entreprises publiques attendent, pour appliquer leurs plans de restructuration, les fonds promis par l’Etat pour les mettre en œuvre. Il faut le dire aussi, c’est devenu un cercle vicieux, qu’en pensez-vous ?

Moi j’ai été ministre de l’Economie et des Finances, l’entreprise publique qui me présente un plan de restructuration dans lequel il faut que l’Etat mette de l’argent, donne des garanties, en retour l’entreprise ne fait aucun effort, notamment en termes de masse salariale, je le refuse. Ce n’est pas sérieux ! J’ai rejeté ces pseudo-plans, et sur ma recommandation le chef de gouvernement également. J’ai refusé de renflouer des entreprises publiques qui ne présentent pas de plans viables. Un véritable plan de restructuration doit montrer comment dans cinq ans ladite entreprise va devenir performante. Je n’ai pas envie de donner des exemples aujourd’hui. Mais on sait que tous les PDG viennent accompagnés de leurs ministres de tutelle au Conseil des ministres, demander une rallonge budgétaire et une garantie de l’Etat pour emprunter plus d’argent. De leurs côtés, ils ne font aucun effort. Pour moi, ce ne sont pas des plans de restructuration, mais des plans de dilapidation continue de l’argent public. Je voudrais utiliser cette opportunité pour faire une proposition ; créer une instance des entreprises publiques qui soit présidée par le chef de gouvernement.

Que proposez-vous concrètement pour remettre à ces entreprises, des plans sociaux, par exemple ?   

Cette instance que je propose de lancer, de restructuration des entreprises publiques, conduite par un économiste de valeur, respecté par tous, et chapeautée par le chef du gouvernement, doit exiger de tous les PDG des entreprises publiques de fournir dans les quatre mois à venir un vrai plan de restructuration. Il leur faut lancer un appel d’offres pour engager un cabinet de conseil qui sont nombreux sur la place, très sérieux et d’envergure internationale. Le plan une fois prêt est discuté au sein de cette instance. A la lumière des recommandations présentées, l’Etat prendra des décisions. Il faut que le plan se limite à réduire la masse salariale mais en même temps, il faut qu’il y ait de l’investissement. La restructuration doit aller de pair avec le développement de l’entreprise. La priorité, c’est appliquer des plans stratégiques à chaque entreprise publique.

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