La filière de l’agroalimentaire représente un des secteurs industriels moteurs de l’économie tunisienne. Elle occupe une place de choix dans le tissu industriel et représente le troisième secteur manufacturier pourvoyeur d’emplois, illustré par plus de 1.060 entreprises dont 201 totalement exportatrices, 2.048,8 millions de dinars tunisiens (MTND) d’exportations et 60,4 MTND de flux d’investissement direct étranger réalisés. La France, l’Italie et les Pays-Bas sont les principaux pays investisseurs en Tunisie.
La Tunisie est le premier exportateur mondial d’huile d’olive et des dattes pour la campagne 2014-2015, et le deuxième pays exportateur d’Afrique de produits biologiques. La première école paysanne bio au monde a été implantée en Tunisie, sachant que 80% de la production bio en Tunisie est destinée à l’exportation. Elle exporte plus de 60 produits biologiques vers les cinq continents. Elle est aussi le 8e pays accrédité en tant qu’exportateur biologique sur le marché de l’Union européenne. Selon l’Agence de promotion de l’investissement extérieur (Fipa), la Tunisie a fortement développé ses compétences dans l’agriculture biologique. Elle est le deuxième pays exportateur d’Afrique de produits biologiques, dont l’huile d’olive, les dattes, les légumes, les plantes aromatiques et médicinales et les vignes.
Des mesures incitatives spécifiques à l’agriculture biologique ont été mises en place par le gouvernement pour encourager le développement et l’amélioration du rendement de cette filière.
Respect des normes
La Tunisie dispose d’une structure d’interfaçage entre le monde socioéconomique et celui de la recherche, dans le but d’identifier et concilier l’offre et la demande émanant de l’université et de l’entreprise.
Une réelle synergie est établie entre les centres de recherche et les entreprises œuvrant en Tunisie à travers les 64 laboratoires et 270 unités de recherche dédiés à la discipline des sciences de la vie et de la biotechnologie. D’ailleurs, certains groupes, à l’image des groupes Délice-Danone et Poulina, ont intégré dans leurs systèmes de production des applications biotechnologiques.
Dans notre pays, l’élaboration de normes de qualité, couvrant l’aspect sanitaire, organoleptique, technique et qualitatif, a été un élément déterminant de l’amélioration de la compétitivité des différentes branches du secteur.
La Tunisie suit, depuis 2011, le standard international au niveau des systèmes de management de la sécurité alimentaire, développé par l’organisme ISO (ISO 22000). De plus, un système spécifique de contrôle et de prévention, connu sous l’appellation internationale «Hasard Analysis Critical Point» (Hacp), a été adopté.À côté de l’infrastructure aéroportuaire, maritime, routière et des télécommunications où la Tunisie figure parmi les pays les plus modernes en Afrique, s’ajoute une infrastructure technologique de qualité dédiée à l’agroalimentaire.
Le technopôle agroalimentaire de Bizerte «Agro’Tech» qui s’étend sur 45 ha fait figure d’animateur-coordinateur du secteur agroalimentaire tunisien et vient en complément des différents organismes et institutions déjà existants.
Ce réseau compte 31 partenaires (23 tunisiens et 8 étrangers) et un noyau d’industriels composé de 102 entreprises. En outre, la Tunisie est dotée de centres de recherche et de plusieurs structures d’appui telles que l’Agence de promotion de l’investissement extérieur (Fipa-Tunisia) , l’Agence de promotion des investissements agricoles (Apia), le Centre technique de l’Agro-Alimentaire (Ctaa), le Centre technique de l’agriculture biologique (Ctab), la Fédération nationale de l’agroalimentaire (Fenaal) et le Groupement des industriels de Conserves alimentaires (Gica).
Investissements déclarés
Les investissements déclarés dans le secteur agroalimentaire ont baissé de 33, 2%, passant de 810,6 MD à 548,8MD, essentiellement suite à la déclaration pendant les premiers mois de l’année 2018 de l’extension d’une unité de fabrication de fromage pour un montant de 55MD, à la déclaration de l’extension d’une unité de conservation de tomate pour un montant de 19,2MD, d’une fromagerie (14,8MD), de l`unité de fabrication de jus dense de betterave de sucre (13,3MD) et à la création d’une pâtisserie industrielle (12MD).
Investir dans l’industrie agroalimentaire, l’un des maillons forts de l’économie, c’est saisir l’opportunité dans les créneaux suivants: la production de produits biologiques, le conditionnement et la mise en bouteille de l’huile d’olive, le conditionnement des fruits et des légumes, les semi-conserves , les produits surgelés, les plats tunisiens et semi-cuisinés, les conserves ( tomates, sardines, harissa…) et les semi-conserves, les traitements des produits de la mer et la valorisation des poissons bleus, l’élevage des poissons et des crustacés, les tomates sèches, les huiles essentielles, etc. Il est à noter que le taux de la valeur ajoutée générée par ce secteur se situe à 20%. La valeur ajoutée de l’IAA a enregistré, à partir des années 80 et par rapport à la croissance observée durant les trois précédentes, une croissance plus accélérée. Cela s’explique par l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages, les changements des habitudes alimentaires qui s’orientent davantage vers la consommation de produits industrialisées, l’accroissement des exportations des produits transformés et le développement de nouveaux produits de plus en plus élaborés.
Par ailleurs, dans le cadre du Programme de mise à niveau des entreprises industrielles, et jusqu’en 2013, le Comité de pilote de ce Programme a approuvé la mise à niveau de 506 unités agro-alimentaires, moyennant des investissements de l’ordre de 1380 millions de dinars. 9% de ces investissements, soit 130 millions de dinars sont des investissements immatériels. Le secteur des IAA est ainsi à hauteur de 19% du total des investissements approuvés par le comité de pilotage du Programme national de mise à niveau dans les industries manufacturières.
Diversification de la production
La stratégie de développement de l’industrie agroalimentaire, à moyen terme, est axée sur la promotion et la réalisation d’activités capables d’accélérer la croissance du secteur, et ce, en incitant les entreprises à être plus compétitives sur le marché local et international, à élaborer des produits de qualité, comportant plus de valeur ajoutée, à offrir des produits spécifiques avec des labels tunisiens et à développer l’exportation. Cette stratégie s’articule autour de plusieurs axes, à savoir: la libéralisation progressive du commerce des intrants et des produits finis, l’augmentation et la diversification de la production agroalimentaire afin d’accroître l’utilisation de la capacité industrielle, la modernisation et la restructuration du secteur par la mise à niveau des entreprises agroalimentaires, l’introduction de nouvelles technologies, la promotion de la qualité, la traçabilité, la certification et l’adaptation de la démarche Haccp.Dans ce cadre, un fonds de restructuration du secteur a été créé en vue d’aider les industriels à moderniser et mieux gérer leurs entreprises agroalimentaires. Ce fonds est intégré dans le fonds de développement de la compétitivité (Fodec).
La stratégie prospective mise en place vise, entre autres, l’amélioration de la contribution de ce secteur à la réalisation des objectifs et des priorités nationales, notamment en matière de sécurité alimentaire et de promotion des exportations.
Il s’agit également de maîtriser l’interface entre l’agriculture et les industries agroalimentaires, et ce, à travers l’instauration de nouvelles traditions et l’organisation des relations entre les producteurs et les industriels par le recours aux contrats de culture et d’approvisionnement des usines de transformation, afin de maîtriser davantage la programmation de la production en fonction des potentialités d’écoulement, des conditions climatiques et des spécificités de l’exploitation agricole en Tunisie, d’une part, et de garantir les droits et les devoirs de tous les intervenants des filières de l’agroalimentaire, d’autre part.
Perspectives
Pour répondre à la croissance de ce secteur porteur, les investissements dans les IAA atteindront 1.275 MTND à l’horizon 2025. Quant aux exportations, elles devront doubler et seront de l’ordre de 4.590 MTND. Le développement stratégique du secteur agroalimentaire à l’horizon 2025 s’articulera autour des potentialités suivantes :
-l’accroissement du niveau d’intégration de la filière : collecte, agrégation, transport et entreposage frigorifique
-la consolidation de la conquête des marchés limitrophes (Algérie, Libye), en encourageant, notamment, la mise en place des consortiums d’exportation et des clusters agroalimentaires
-la valorisation des produits et des sous-produits agricoles tels que les margines, les feuilles d’olivier, le lentisque, la figue de barbarie, etc, à travers le paiement à la qualité des intrants, le conditionnement, le recours aux circuits de distribution modernes…
-le renforcement du positionnement de la Tunisie sur le marché de la santé-nutrition, à travers des produits enrichis en fibres, en vitamines, en Omega 3, des produits biologiques, des nutriments pour enfants, des produits diététiques..
-l’encouragement des filières à fort potentiel à l’export liées aux produits agricoles (olives, agrumes…), ainsi que le développement d’une labélisation pour certains produits (l’huile d’olive, vins, harissa, sardine…)
-le renforcement des filières des denrées de base (viandes, lait, céréales)
-l’amélioration de compétitivité des filières intermédiaires (produits de consommation)
-la relocalisation de l’industrie agroalimentaire vers d’autres marchés (le Canada, le Japon, la Russie…)