Près d’un an après les élections, le conseil municipal de la ville a des difficultés à satisfaire toutes les attentes des citoyens.
L’élection de nouveaux conseils municipaux au mois de mai 2018 a constitué un événement privilégié et un sursaut civique de beaucoup de citoyens qui avaient choisi de voter pour les plus aptes à représenter leurs ambitions concernant une cité propre et bien entretenue.
Dans un gouvernorat comme celui de Kairouan qui compte 15 communes dont cinq nouvelles, le démarrage de l’action municipale, en cette première année, a connu quelques défis et difficultés notamment dus à l’insuffisance des ressources humaines, financières et techniques, à des promesses électorales non tenues, à des alliances défaites et à des ambitions partisanes.
Et si certains nouveaux élus ont pu mettre leurs différends de côté pour répartir les tâches et pour fixer les priorités, d’autres ont trouvé des obstacles et des contraintes qui les ont découragés et les ont empêchés de gérer judicieusement l’étendue de leurs attributions et prérogatives.
On citerait le cas du Conseil municipal de la nouvelle commune de Rakkada qui a été dissous et qui s’apprête à un nouveau rendez-vous électoral.
Expansion urbaine anarchique
Par ailleurs, 10 élus du conseil communal de Chebika ont présenté récemment leurs démissions au gouverneur de la région, vu l’impossibilité pour eux de travailler dans l’indifférence générale.
Pour ce qui est de la commune de Kairouan créée en 1883, couvrant une superficie de 47.000 hectares et comptant 200.000 habitants, elle ne cesse de prendre de nouvelles proportions dans tous les sens à cause de l’évolution démographique, de l’exode rural et de l’apparition de nouveaux quartiers.
Et en l’absence d’une planification appropriée, la cité s’est, en effet, étendue pour avoisiner de plus en plus les localités de Rakkada et Dhraa Tammar. Malheureusement, les nouvelles constructions ont ignoré le cachet architectural de la cité aghlabide et ont omis de programmer des espaces réservés à la verdure.
Il est grand temps de stopper cette hémorragie en limitant l’expansion urbaine anarchique car c’est finalement le côté esthétique de la ville qui en souffre.
Amélioration de la circulation
Les problèmes cruciaux rencontrés par les citoyens de Kairouan sont nombreux. L’un d’eux concerne, en premier lieu, la circulation sur les routes urbaines avec notamment l’encombrement remarqué au centre-ville généré par l’aménagement de la place Bab Jelladine, transformée en une esplanade ayant remplacé l’ancien parking.
Par ailleurs, un grand nombre de semi-remorques traversent tous les jours les principales avenues, défiant les lois en vigueur. Or, les engins détériorent la chaussée, polluent l’atmosphère, causent des accidents et nuisent à la santé des habitants.
Enfin, il est inutile de construire des routes et ignorer les voiries souvent poussiéreuses et qui deviennent à chaque pluie des marécages, rendant la circulation de plus en plus difficile.
Les garages et les cafés squattent les trottoirs
D’un autre côté, dans la plupart des quartiers populaires, il existe des mécaniciens et des garages pour la réparation des véhicules et dont les propriétaires n’hésitent pas à occuper les trottoirs avec des épaves de voitures, des bidons de lubrifiant et beaucoup de détritus.
Pourquoi un spectacle aussi désolant alors que des places ont été réservées à Ettaben pour abriter ces garages polluants?
Par ailleurs, à cause du cahier des charges, le nombre de cafés est en nette croissance. Actuellement, on en compte 228 à Kairouan-Ville. Et si beaucoup d’entre eux sont détenteurs de patentes, d’autres sont ouverts de façon anarchique, à proximité de lieux de culte ou d’établissements éducatifs. Quant aux cafetiers, la plupart continuent à exploiter les trottoirs et les espaces réservés aux piétons, les obligeant à faire plusieurs détours pour arriver à leurs destinations.
Et malgré les campagnes de sensibilisation entreprises par la mairie de Kairouan visant l’organisation de l’activité économique dans le périmètre urbain portant sur l’interdiction des étalages anarchiques autour des marchés, souks et écoles et qui sont dominés par des foyers de banditisme et d’insécurité, ces étalages continuent de polluer les différents quartiers, d’occuper les trottoirs, de gêner la circulation et de causer divers problèmes.
Réalisation de plusieurs projets alors que d’autres sont encore bloqués
Mrs Mohamed Kalaï, secrétaire général de la commune de Kairouan, et Moncef Missaoui, chef de service des marchés publics, nous ont donné un aperçu exhaustif des projets déjà réalisés en 2018-2019, de ceux qui sont en cours d’exécution, de ceux dont les travaux débuteront dans les semaines à venir et de ceux dont les contrats ont été résiliés et qui vont être réactivés.
Ainsi, les travaux d’aménagement de la cité Ichbilya ont été achevés pour un budget de 3.300.000D et ont concerné l’électrification, le revêtement des trottoirs et le drainage des eaux pluviales. Mêmes travaux au quartier «Chabab El Kéblia» reaménagé pour un coût de 2.100.000D.
A côté de cela, 780.000D ont été alloués pour des travaux de renforcement et d’extension de l’éclairage public dans la plupart des quartiers de Kairouan.
Pour ce qui est du stade Hamda Laouani, 1.700.000D ont été consacrés pour moderniser son éclairage et pour procéder à son branchement au réseau de la Steg. Le taux de réalisation de ce projet a atteint 95%.
Les travaux de construction de l’arrondissement communal d’El Kéblia, qui ont nécessité, quant à eux, un budget d’un milliard d’1.328.000D, sont en cours d’exécution avec un taux de réalisation de 10% et on s’attend à ce qu’ils soient achevés en 2021.
Et l’on a prévu, pour la Cité des jardins, l’aménagement des voiries pour un budget d’1.500.000D et le taux d’avancement des travaux est de 35%.
Par ailleurs, une enveloppe de 90.000D a permis l’entretien des voiries dans les zones communales.
Rénovation de la piscine municipale
Parmi les autres projets programmés pour l’année 2020, on citerait notamment la rénovation et la restauration de la piscine municipale fermée depuis plusieurs mois, et ce, pour un budget d’1.776.000D ainsi que la construction d’un nouveau parc municipal pour un budget de 750.000D.
Pour ce qui est du projet d’aménagement des voiries des ribats de la Médina de Kairouan pour lequel une enveloppe de 709.000D a été consacrée, les travaux ont atteint un taux de réalisation de 15%.
Outre le démarrage dans les mois à venir des travaux d’aménagement de cinq jardins publics, on compte réaménager le plus grand cimetière de Kairouan, le cimetière Koraïb dont l’état laisse à désirer, d’autant plus qu’il est envahi toutes les nuits par un grand nombre de clochards pour des soirées de libertinage, de beuverie et de démontage de vélomoteurs volés. La fermeture de toutes les portes et la création d’un point sécuritaire nocturne s’avèrent donc nécessaires pour protéger les lieux.
A côté de cela, la commune de Kairouan a commencé, il y a quelques semaines, à mener la vie dure aux contrevenants. Ainsi, on a procédé à la démolition de plusieurs lots de constructions anarchiques qui occupent la voie publique, et ce, en prévision de nouveaux marchés qui vont être aménagés pour abriter ces marchands ambulants.
Pour ce qui est des projets résiliés et pour lesquels de nouveaux appels d’offres vont être lancés, on citerait notamment l’extension du complexe des jeunes, situé à proximité du stade Hamda Laouani, ainsi que le projet de rénovation du stade Ali Zouaoui.
Un budget de 15 millions de dinars pour 2020
Notons que la commune de Kairouan compte 8 arrondissements dont trois nouveaux créés il y a une année, à savoir à El Baten, à Khazazia et à Metbassta. Cela demande beaucoup plus de moyens financiers et de ressources humaines. Or, le budget prévu pour 2020 (titre 1) est de l’ordre de 15.768.000D, contre 15.512.000D en 2019.
Espérons que ces fonds permettront de réaliser les travaux des différents projets prévus et qu’il n’y aura pas beaucoup de retard dans leur exécution.