Maintenant, c’est officiel : Habib Jemli subira son premier examen, vendredi prochain, à l’ARP et saura si son gouvernement arrivera ou non à arracher la confiance des députés. D’ici ce jour-là, toutes les hypothèses de voir la liste des ministres rectifiée sont plausibles, à la faveur des déclarations des uns et des autres qui pronostiquent un nouveau round de négociations, de concessions et d’assurances
Le bureau de l’Assemblée des représentants du peuple présidé par Rached Ghannouchi s’est réuni hier et a décidé de tenir une plénière vendredi 10 janvier prochain, qui aura à son ordre du jour, le vote de confiance du gouvernement Jemli. L’information a été confirmée par la députée chargée de l’information Nesrine Laâmeri (Qalb Tounès). Les débats au sein du bureau ont semble-t-il été très animés.
En effet, Qalb Tounès et Ennahdha ont défendu la date du 10 janvier, tandis que le bloc démocratique, le PDL, et le groupe de la Réforme nationale auraient préféré que le Parlement se réunisse mardi 7 janvier pour le vote de confiance. Toujours selon Nesrine Laâmeri, c’est bien le choix du président Rached Ghannouchi qui a prévalu.
« Pourquoi renvoyer le vote de confiance au 10 janvier alors que la liste du gouvernement proposée a été officiellement remise au parlement ? » se demande le député d’Al-Chaâb Zouhaier Maghzaoui. « La seule explication plausible et non déclarée, c’est que Qalb Tounès et Ennahdha paniquent, et qu’ils ne sont pas encore certains de réunir les voix nécessaires pour un vote favorable au gouvernement Jemli ».
Officiellement, Rached Ghannouchi évoque la nécessité, d’ici vendredi prochain, d’une plus grande concertation entre les différents groupes parlementaires.
Mais officieusement, certains commencent à évoquer la possibilité d’une révision partielle de la liste du gouvernement proposée par Habib Jemli. Interpellé, le président de l’ARP a estimé que cette option était envisageable et « parfaitement légale ». D’ailleurs, le Conseil de la Choura du parti Ennahdha, réuni hier, débat ouvertement en son sein de cette possibilité.
« Modifier la liste ou y ajouter des noms ne devrait normalement pas se produire, mais tant que la liste n’a pas été présentée en séance plénière à l’ARP, cette option reste possible », a déclaré Rached Ghannouchi.
Au-delà des 109 voix nécessaires à Jemli pour faire passer son gouvernement, Ennahdha souhaite s’assurer d’une large ceinture politique, capable de donner de la contenance à un chef de gouvernement désigné, mais d’ores et déjà fragilisé par plusieurs semaines tumultueuses de négociations.
Jusqu’à présent, seuls les partis Ennahdha et Qalb Tounès ont clairement déclaré avoir l’intention de voter en faveur du gouvernement Jemli.
En revanche, la majeure partie des autres blocs parlementaires ont exprimé leur refus de ce gouvernement, à l’instar du bloc du Courant Démocratique, qui avait quitté la table des négociations, de la Coalition Al-Karama, dont le coordinateur général, Seifeddine Makhlouf s’est dit défavorable à tout gouvernement incluant Qalb Tounès, du bloc de la Réforme Nationale, qui a encore une fois hier réaffirmé son intention de ne pas accorder sa confiance au gouvernement désigné, ou encore, du PDL qui sera bien évidemment dans l’opposition.
Il est à préciser que l’article 89 de la Constitution dispose que lors de cette plénière, « le Gouvernement présente un exposé sommaire de son programme d’action devant l’Assemblée des représentants du peuple afin d’obtenir sa confiance à la majorité absolue de ses membres.
Dans le cas où le Gouvernement obtiendrait la confiance de l’Assemblée, le Président de la République procédera sans délai à la nomination du chef du gouvernement et de ses membres.
Le chef du gouvernement et les membres du Gouvernement prêtent, devant le Président de la République, le serment suivant : Je jure par Dieu Tout-Puissant d’œuvrer avec dévouement pour le bien de la Tunisie, de respecter sa Constitution et ses lois, de veiller à ses intérêts et de lui être loyal.»