Accueil Culture Exposition de groupe «Desseins» à l’espace d’art Mille Feuilles : Toutes leurs routes mènent au dessin

Exposition de groupe «Desseins» à l’espace d’art Mille Feuilles : Toutes leurs routes mènent au dessin


Artistes, designers de différentes générations y pensent le dessin à travers différentes approches. Certains lui apparentant d’autres langages, à l’instar de celui de la photographie ou l’installation artistique.


L’espace d’art Mille Feuilles abrite, jusqu’au 14 janvier 2020, l’exposition de groupe «Desseins» qui réunit les travaux de Ryme Allagui, Dhekrayet Ben Abdelkader, Amel Bouslama, Souhir Elamine, Asma Ghiloufi, Asma Kouraichi, Aymen Mbarki, Mehdi Neyli et Oussema Troudi.
Artistes, designers de différentes générations y pensent le dessin à travers différentes approches. Certains lui apparentant d’autres langages à l’instar de celui de la photographie comme c’est le cas de Amel Bouslema et Asma Kouraichi qui proposent des expérimentations (solarisation/Amel, pellicule périmée/Asma).

Designer de formation (Institut supérieur des Beaux Arts de Tunis, Isbat), Asma Kouraichi présente un diptyque de photographies argentiques intitulé «Garde à vue à Ras Jedir». Des clichés qu’elle a saisis en 2011 à la frontière tuniso-libyenne. «Armée d’un ancien appareil photo argentique, avec un objectif fixe de 35mm et une pellicule périmée, face à la tragédie humaine des réfugiés, je me suis réfugiée derrière le viseur, à la frontière entre photographie et peinture figurative.», explique-t-elle. Ce «choix instinctif», comme elle le note, lui a permis plus tard d’accentuer le contraste de la lumière et d’opérer un rapprochement vers le dessin allant jusqu’à imprimer ses deux clichés sur du papier aquarelle. Une autre Asma, également designer de formation de la même promotion que celle de Kouraichi : Asma Ghiloufi, artiste visuelle et poétesse, propose deux textes poétiques l’un sous forme d’une nouvelle (terre cuite) et l’autre d’un poème (la folie), qu’elle expose en tant que livre d’artiste. «Ce qui m’anime, pour la forme, c’est d’expérimenter ce genre d’art où l’écriture flirte avec le dessin et l’installation artistique.», souligne-t-elle.

L’œuvre de Dhekrayet Ben Abdelkader, plasticienne (Isbat) et designer textile, est intime, viscérale et cathartique. Minutieuse et appliquée, elle aborde ses dessins (stylo à pointe) comme de la broderie, de la dentelle pour dire la fragilité, «Raconter mes conflits internes et donner à voir des aspects de mon intimité», comme elle le note. De ses dessins (stylo à pointe fine), où décors intérieurs éclatés se mêlent à des autoportraits où viscères, tripes, os et autres éléments anatomiques deviennent ornementations, émanent des sensations de sérénité et de paix. Pourtant, ces manifestations graphiques viennent à elle dans des moments d’angoisse qu’elle tente d’amadouer pour en faire d’autres devenirs. Elle accompagne ses travaux par un texte de Heidegger qui traite de l’angoisse : «Il arrive que les décors s’écroulent et qu’à l’intérieur de la vie la plus quotidienne, on découvre une révélation de cette quotidienneté elle-même et le désir d’en sortir.»

«Infinitif» un polyptyque (crayon sur papier) de Oussema Troudi, vient confirmer le trait de génie de ce fin dessinateur avec des dessins aux traits incisifs, aux valeurs et ombres subtilement et justement appliqués sans démesures aucunes ni fioritures. Il s’y joue des mots et des choses pour nous proposer comme une sorte de cadavre exquis graphique. Un régal pour l’esprit et le cœur.
À voir jusqu’au 14 janvier.

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