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Contrepoint : L’après-Jemli : deux enseignements

Des enseignements après le rejet du gouvernement Jemli ?
Politiquement, un seul, mais qui a une implication historique possible : la fin du «pouvoir islamiste» en Tunisie.
Mathématiquement déjà, les dernières élections ont enregistré un net recul du parti Ennahdha. Le mouvement de Rached Ghannouchi a perdu des électeurs et des sièges en 2014, il gardait, néanmoins, des marges d’alliances et de négociations. Là, après le scrutin de 2019, celles-ci ont rétréci comme peau de chagrin. Les 52 députés glanés et les moins de cinq cent mille de base n’impressionnent plus grand-monde. Juste la petite vingtaine d’«El karama». Et les 109 pour gouverner sont loin d’ores et déjà. «Pis» : il n’y a plus d’allié disponible. Tout le monde se remémore les exemples d’Ettakattol et de Nidaa. Tout le monde a retenu la leçon. Tout le monde se met hors d’atteinte. Le «piège d’ettawafeq» a cessé toutes fonctions.
L’autre enseignement, côté culture, à laquelle, une énième fois, responsables, élites mêmes, réservent si peu d’attention.

Exemple : la discrétion qui a entouré la proposition de Fathi El Haddaoui au rang de ministre. Proposition assez inattendue, mais qui n’a pratiquement pas fait de bruit.
La Culture avait une forte tradition intellectuelle sous Bourguiba. Que «la crème pensante». Et des noms impressionnants : Messaâdi, Lamine Chebbi, Chedly Klibi, Bachir Ben Slama.
Moins sous Ben Ali, dictateur suspicieux. La tendance a, curieusement, «fléchi», après la révolution. Des artistes ont subitement investi le poste. Des musicologues et des musiciens. La proposer un acteur allait dans le même sens. Après Moufida Tlatli, Mourad Sakli et Sonia Mbarek, Fathi El Haddaoui, l’excellent Fathi El Haddaoui : s’en offusquerait-on? Logiquement non. Et cela a été le cas.
Non, le problème, s’il y a problème, à notre avis,est que la fonction a dû changer.

Après l’indépendance, le souci des gouvernants était le souci d’une politique culturelle entière. Consacrée à l’éducation et aux Arts, tout à la fois. Destinée à rehausser le niveau des artistes et des publics dans le même temps. La tâche supposait de toutes autres compétences : un savoir, une vision, des capacités d’analyse et de conception.
Le plus probable est que cette nécessité de construire n’a plus été ressentie après la révolution. D’autres urgences que le savoir et l’éducation des Arts ont prévalu ; les urgences politiques, sociales, économiques; les questions d’idéologie aussi. Partant, la culture a «régressé» vers le loisir. Quand la réflexion et la vision s’absentent du domaine culturel, n’y subsiste que le divertissement. Les théâtres, les spectacles, les animations. Du quantitatif et du récréatif, de simples gestionnaires y suffisaient du temps des grandes politiques culturelles. Des ministres s’en chargent à présent. Voilà tout.

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