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Municipalités : Les syndicats se sont-ils assagis ?

L’accalmie qui préside actuellement aux rapports municipalités -syndicats tiendra-t-elle la route ?

La résistance syndicale au sein des municipalités est-elle à bout de souffle ? Apparemment oui, du moins pour le moment, puisqu’elle a connu récemment un sérieux coup d’arrêt, sous forme d’une accalmie facilement vérifiable. En ce sens que la fréquence des grèves et des sit-in a chuté, au cours de ces six derniers mois, à son plus bas niveau. Rien à voir avec la terrible période d’ébullition des neuf premières années de la révolution tout au long desquelles les syndicats montés au créneau s’étaient embarqués dans un vaste mouvement de protestations qui avaient lourdement affecté l’activité des mairies, particulièrement dans le domaine de la propreté avec, souvenez -vous, des tonnes d’ordures ménagères et autres détritus jalonnant les chaussées, ce qui a plongé villes et cités dans un décor lugubre et asphyxiant.

Historiquement, au temps de l’ancien régime policier qui était — il est vrai — suffisamment fort pour empêcher quiconque de se défendre, on ne parlait même pas de syndicalisme au sein des municipalités où les rares structures censées défendre les droits du personnel étaient tellement fidèles au pouvoir d’antan qu’on les considérait aussi dociles que des chèvres !

Un bras de fer qui n’a que trop duré

Il a fallu attendre la révolution du 14 janvier 2011 pour voir les communes subitement frappées de plein fouet par l’émergence d’une vague dévastatrice d’un syndicalisme renaissant qui allait investir tous les rouages de l’État. La déferlante fut si féroce et parfois même sauvage que la plupart de nos municipalités, durement ébranlées par ce raz de marée, ne comptaient plus les jours de grève et le manque à gagner qui en résultait. Ayant le vent en poupe, les syndicats y commençaient à faire comme bon leur semblait. Se regardant en chiens de faïence, conseils municipaux et groupes syndicaux s’étaient ainsi lancés dans un bras de fer dont personne ne pouvait prévoir l’issue.
Et c’est le camp défendant les droits des travailleurs qui prendra le dessus après avoir mis à profit la forte pression qu’il exerçait sur l’administration pour opter pour la carte du chantage pur et simple : ou tu accèdes à mes revendications, ou, alors, je jouerai le pourrissement du conflit.

C’est-à-dire ça passe ou ça casse ! Et c’est grâce à cette redoutable arme de destruction massive que, dans deux mairies sur trois, les syndicats ont dépassé le cadre des revendications légitimes pour imposer leur diktat, en plaçant leurs pions dans les différents services de la municipalité, en obligeant à des remaniements dans les postes de responsabilité et en exigeant qu’ils soient représentés lors des réunions du conseil et de ses commissions.
Dans certains cas, ils ont un droit de regard sur les concours de recrutement et sur les sentences à rendre dans les affaires disciplinaires! En réaction à cette mainmise, la majorité des maires se sont avoués vaincus. Voulant éviter le pire, ils ont fini par sortir le drapeau blanc, scellant ainsi la désescalade et, donc, le cessez -le -feu entre les belligérants.

Aujourd’hui, les syndicats des municipalités visiblement essoufflés se sont tus après avoir fait tout ce qu’ils ont voulu faire.
L’accalmie tiendra-t-elle la route? Pourvu que oui, même si, aux dernières nouvelles, les syndicats mijotent déjà, dans leurs bouillonnantes coulisses, d’énièmes revendications dont notamment l’adoption, par le ministère concerné, de nouveaux statuts des municipalités réclamés depuis plusieurs mois et qui devraient accorder au personnel des droits plus étendus à la titularisation et à la promotion.
Restera cette question: les conseils municipaux, déjà confrontés à mille et un problèmes, sont-ils en mesure de s’exécuter en acceptant de faire de nouvelles concessions ?

Mohsen ZRIBI

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