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Bulletins scolaires : Chamboulement numérique !

Décidément, les parents commencent à perdre patience. A une semaine des petites vacances de février et à près d’un mois depuis la dernière rentrée, les bulletins scolaires tardent à venir. Les établissements temporisent et le ministère s’en tient à ses orientations numériques.

Les responsables du  Centre national des technologies de l’éducation (Cnte) ne cessent de clamer que les bulletins sont disponibles sur le site parents.education. Les établissements, de leur côté, ne sont pas, tous, prêts à remettre ces documents sous leur version papier. Chacun y va de son explication. Or, personne n’est convaincu. Il est inconcevable que jusqu’à maintenant, la majorité des élèves restent sans bulletins. Plus grave encore, aucune administration n’est capable de fournir des explications tant aux parents qu’aux élèves. Et dire que des réunions avec les parents sont programmées pour ce week-end ! Et dire, aussi, qu’on a promis d’introduire les nouvelles technologies en matière de contact avec les parents ! Personne n’a reçu de message lui expliquant quoi que ce soit, ni d’un email avec, en fichier joint, le bulletin. Tout ce que l’on ne cesse de répéter, c’est de consulter le site pour accéder au bulletin. Mais presque tous ceux qui s’y sont essayés ont abandonné parce que le mot de passe n’est pas disponible. On leur dit que c’est celui qui a servi à l’inscription. Bien sûr, les utilisateurs n’ont pas, tous, conservé ce mot de passe. Tout simplement, parce qu’ils ne savaient pas qu’ils en auraient besoin une fois de plus. On vous offre la possibilité de vous le rappeler par SMS, mais que de temps perdu. Par ailleurs, la voie utilisée par le Cnte est tortueuse, comme chaque fois. Si, au bout du chemin on parvient à accéder à la demande, on obtient le message suivant: «Le bulletin n’est pas disponible. Veuillez contacter l’institution éducative» !

Cette méthode complique la vie plus qu’elle ne la simplifie comme veulent le soutenir les responsables. Beaucoup de travail reste à faire avant de l’imposer à des parents qui ne sont pas encore prêts. D’autant plus que rien n’a été fait pour les préparer à utiliser ce qu’on appelle le numérique. 

Il ne suffit pas de mettre au point des plateformes pour tel ou tel usage sans crier gare et demander à la «foule» d’y adhérer. L’affaire n’est pas encore au top. Elle se caractérise par la précipitation, alors qu’il fallait lui préparer le terrain en commençant par renforcer le personnel des établissements pour les saisies des données. Car le travail n’est pas une simple formalité administrative pour les agents de l’établissement scolaire. 

Certains établissements ne sont toujours pas connectés à Internet

Pour tout dire, cette opération de se mettre au tout numérique est très prématurée. Elle ne prend en compte ni les exigences matérielles des administrations  ni les attentes du public ciblé. On gagnerait à se montrer plus modeste et plus réaliste en considérant les conditions socio-économiques des Tunisiens. Ces derniers ne sont pas tous équipés en matériel informatique de pointe ou connectés à Internet. Et même s’ils le sont, ils demanderont, toujours, un exemplaire en papier. Ce qui est de nature à perturber le rythme du travail des personnels administratifs. Car avant, c’était une routine d’envoyer les bulletins par la Poste. Et cela marchait parfaitement. Aujourd’hui, on veut dénigrer le rôle du facteur. Les parents ne veulent pas contacter les établissements pour recevoir le bulletin de leurs enfants et se confronter à la mauvaise humeur d’un ou d’une employé(e). Ou, encore, faire le pied de grue devant un bureau vide dans l’attente qu’on daigne accéder à sa demande.

En vérité, la situation telle qu’elle se présente pose problème. On est loin de la normalité. Quelles que soient les raisons avancées par le ministère, il faut se rendre à l’évidence : le tout numérique n’est pas à mettre en application pour le moment. Il peut attendre jusqu’à ce que tout soit, vraiment, au point.

Pour corroborer nos dires, on se contentera de remarquer que de nombreux établissements scolaires ne recourent pas aux services numériques qu’on est censé mettre à leur disposition. Des centaines de sites ont été élaborés pour chaque établissement pour être utilisés à plusieurs fins (informer les parents et les élèves, publier des communiqués, poster les photos des meilleurs élèves…). Aucun de ces sites n’est exploité. 

D’autres préoccupations auraient pu bénéficier de plus d’intérêt. Les sites qui proposent des services pratiques sont, carrément, négligés. C’est le cas du site qui s’intéresse aux sujets du Bac. La présentation est la même. Elle est figée depuis des années. Aucun effort de rénovation. Pourtant, il y a eu des changements au niveau des programmes. Aucun signalement n’existe à ce propos. Toutefois, ce site demeure une référence pour ceux qui savent l’utiliser.

Quant à la production de contenus pédagogiques adaptés à nos élèves et à leurs programmes, on n’en est qu’aux balbutiements. Quelques petites tentatives sans suite existent.

Mais  il s’agit de donner plus d’opportunités aux enseignants volontaires pour s’investir dans la tâche de créer des supports pédagogiques modernes au profit des apprenants (exercices, cours avec de nouvelles approches, innovations…). Le Cnte devrait avoir, également, son mot à dire dans ce volet qui est plus intéressant que les applications strictement administratives. 

Penser  envers et contre tous que l’administration a raison et s’entêter à croire qu’il faut maintenir les bulletins sous forme numérique dans les conditions que nous connaissons serait un non-sens.

Sondons les intéressés par un moyen classique (à travers un questionnaire aux élèves, par exemple) pour savoir ce qu’ils préfèrent : le bulletin papier ou le bulletin numérique ?

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