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Un gouvernement «labellisé»

Dans son discours de promotion, Elyes Fakhfakh semble déterminé à donner une cohérence politique à son gouvernement, avant même d’en exposer le programme et d’en négocier la composition.
C’est «la ligne révolutionnaire, des réformes et de la lutte anticorruption» qui serait bientôt au pouvoir, comme labellisation sur la base d’une alliance entre deux candidats pourtant aux antipodes de l’élection présidentielle : l’un avec 0,34% des voix, l’autre 72,71%.
La pertinence de cette alliance s’aligne sur le plébiscite ayant hissé Kaïs Saïed à la magistrature suprême et lui ayant confié, à l’initiative du mouvement Echaâb, l’élaboration d’un «gouvernement du Président» dont il nie, lui-même, toute légitimité constitutionnelle.

Le choix délibéré fait par le chef du gouvernement désigné, c’est de coller à un quatuor de partis ayant vraisemblablement contribué au succès électoral de Saïed au second tour, au moment même où l’on maintenait le président de Qalb Tounès en prison, suite à des «soupçons de corruption» que la Cour de cassation finira par invalider totalement.
Fakhfakh exclut donc les possibles corrompus et s’allie aux partis chastes. Soit le quatuor Ennahdha, Tahya Tounès, Achaâb et Attayar. Une chasteté qui varie d’une formation à l’autre, rappelant à notre souvenir des spécificités qui ont marqué ces neuf années de «révolution». L’argent sale, les recrutements massifs de fonctionnaires, le jogging de jeunes sur les flancs des montagnes, les arrestations de lobbyistes sans suites, les multiples «affaires» de marchés publics non élucidées…

Pourtant, en ses simples qualités de social-démocrate et d’ancien ministre réformiste n’ayant pas trop déçu, Elyes Fakhfakh a un sourire plutôt rassurant. Il présente un profil modéré pouvant préserver le pays des grandes dérives libérales «sauvages» qui horripilent l’Ugtt. Ces mêmes dérives dont on accusait volontiers Afek Tounès, Ennahdha ou encore Qalb Tounès.

La donne a changé et Nabil Karoui est désormais accusé de distribution de pâtes aux plus démunis sous le couvert associatif, alors que les islamistes auraient épuisé les stocks de «Chocotom» en 2011.
Alors, tout en confirmant ce bon profil que représente Elyes Fakhfakh pour un gouvernement national de sauvetage, ne faudrait-il pas lui suggérer de ne pas trop forcer sur une labellisation claudicante. Car les vices cachés finissent par nuire à la «bonne image».

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