La Ville d’Ouarzatate, terre des oasis au Maroc, a abrité, du 25 au 30 janvier 2020, la 8e édition du Forum international du tourisme Solidaire (Fits) placée sous le signe de la résilience climatique, du développement durable et du tourisme solidaire
Le tourisme oasien concerne 25 pays répartis sur quatre continents à travers le monde, les oasis continuent à faire face à une série de menaces, liées à la fois aux facteurs naturels et humains, la surexploitation des ressources naturelles, la dégradation des équilibres de la biodiversité, la tendance au réchauffement, l’aridité, la sécheresse, l’urbanisation anarchique, la surexploitation des ressources hydriques ainsi que l’émigration massive …
Valoriser les richesses des oasis et les intégrer dans un système d’économie solidaire
Dans ce contexte, Abdelbasset Hamrouni, président de l’Association citoyenneté et développement durable (Acdd) Gabès/Tunisie et membre fondateur Raddo, a expliqué que les oasis sont des agrosystèmes construits par l’homme autour d’un point d’eau dans un environnement hostile généralement aride ou semi-aride.
Au fil des temps, l’homme a fait appel à son ingéniosité et à son savoir-faire pour entretenir ces écosystèmes et développer un mode de vie spécifique. Ces lieux d’une beauté et d’une richesse inestimables assurent un rôle écologique, économique et social bien équilibré aussi bien pour ses habitants que pour la planète Terre. Malheureusement cet équilibre est bouleversé suite à de multiples causes et facteurs écologiques (les changements climatiques, la désertification,..), sociaux (mitage des terres par transmission d’héritage, abandon, …) et économiques (chute de la rentabilité, modèle économique inadapté, industrialisation..).
Les oasis en Tunisie d’une superficie totale de 40 mille hectares sont de trois types, à savoir continentales, de montagnes et littorales (méditerranéennes). Elles ont les mêmes problèmes que celles de tout le Maghreb. La sauvegarde des oasis devient une urgence. Le développement durable juste et solidaire constitue l’alternative unique pour sauvegarder ces écosystèmes, conserver leurs rôles et valoriser leurs richesses. Le développement du tourisme solidaire constitue une solution privilégiée pour renforcer la dynamique de sauvegarde et de réhabilitation écologique et économique de l’oasis ainsi que pour l’amélioration des conditions de vie de ses habitants et la valorisation de ses richesses.
Malheureusement, le tourisme solidaire oasien en Tunisie comme dans d’autres pays n’arrive pas à faire le décollage et à atteindre les résultats et impacts souhaités. Ceci est évidemment dû à plusieurs raisons et facteurs qui ont entravé ce décollage malgré son importance économique et sociale. L’intervention intitulée « le tourisme solidaire alternative de sauvegarde des oasis: contraintes et facteurs de réussite » essaye de présenter les défis et les facteurs de réussite du tourisme solidaire oasien en focalisant sur le cas d’une oasis littorale en Tunisie, à savoir l’oasis de Chenini Gabès située à 400 km au sud de Tunis.
Dans son intervention, Chaima Snoussi, ingénieur agronome au sein du Synagri de Tunisie a expliqué que le choix du tourisme de masse a été un grand succès à ses débuts, puisqu’il a permis de capter de grandes parts du marché européen. En effet, la Tunisie se place 2e dans le classement des 10 meilleures destinations africaines en 1997 et 2001. Elle est devenue la deuxième destination de thalassothérapie du monde (derrière la France) avec 250000 curistes par an dont 50% européens. Aujourd’hui, ce tourisme commence à montrer ses limites et à s’essouffler en plus du fait qu’il a impacté négativement sur l’environnement.
Sensibiliser et impliquer les jeunes
De son côté ; M.Brahim Amhaouch, président du réseau des associations Draa pour le développement durable et directeur gestionnaire de l’écogîte la tourterelle du Maroc, a mentionné dans son allocution que le tourisme solidaire représente un important gisement d’emplois. C’est aussi une source essentielle de devises et facteur direct pour améliorer certaines infrastructures. Ce créneau touristique a pu se développer grâce à des établissements touristiques et des organismes menant des initiatives communautaires et environnementales. Ces expériences peuvent devenir un vrai moteur de croissance et sont à l’origine de la création d’un tourisme solidaire et responsable. Il présente plusieurs avantages, contribuant revitaliser les ressources naturelles et le patrimoine local et à mettre en valeur les produits de terroir fabriqués par les artisans et les agriculteurs locaux. Le tourisme solidaire a un lien naturel très étroit avec l’économie sociale et solidaire. Il est parrainé et appuyé par des associations des réseaux du développement du groupe d’intérêt économique (GIE). Il peut notamment être un moyen efficace de repérer les blessures et les souffrances des territoires et de leurs habitants et offrir l’opportunité de redynamiser l’économie sociale et solidaire. « Le tourisme solidaire se résume en quatre citations des «4 R » : Le premier R est celui de Répartition Equitable de l’argent du tourisme. Quant au second R, c’est le R de Respect de l’environnement et du patrimoine culturel. Le troisième R est celui de la responsabilité ; celle du voyageur et de l’intermédiaire. Et le quatrième est celui de Rencontre» avec l’autre. Il s’agit d’un tourisme ou l’on prend son temps, et son souffle, le temps de parler, le temps d’échanger : le temps de comprendre, et le temps de s’apprécier ».
Prenant la parole à son tour, Hanene El Aissi, professeur à l’université Cadi Ayyad Marrakech-Maroc, a mis l’accent sur le rôle de l’université et des instituts de formation touristique qui doivent travailler et cordonner avec les autres secteurs économiques et sociaux. En fait, l’université dispense aux jeunes étudiants les connaissances et les outils, à même de développer une gestion durable du système oasien et promouvoir le tourisme solidaire. L’objectif principal de ces formations est d’impulser le tourisme écologique, solidaire et durable, qui est un outil du développement important dans les communautés et les pays pauvres, basé sur une compréhension du développement des destinations et sur des formations éducatives.
En conclusion, les institutions académiques doivent contribuer à préparer et à sensibiliser les jeunes et les accompagner à comprendre les enjeux stratégiques du secteur touristique oasien.