Les anciens s’en souviennent sûrement : la répartie est celle d’un sketch de Fernand Reynaud, des années 60, où l’humoriste français s’étonnait, en «british» simple, du vide «sidéral» des dimanches londoniens. Rien, strictement rien, alors, à disposition des pauvres touristes. Du taxi à l’épicerie. Un vrai calvaire, évidemment disparu aujourd’hui.
La tendance du week-end creux survit néanmoins. Dans les grandes métropoles occidentales, peut-être pas. Là, au contraire, on vote pour le travail du dimanche. Mais dans nos pays, «les fins de semaines chômées» s’accrochent solidement aux mœurs. Conviennent encore à tout le monde, bizarrement, jusqu’aux Etats, et à des moments où l’on en a le moins besoin.
Ici, par exemple, les samedi et dimanche, la chronique télé et radio se met radicalement en congé. On se contente juste d’infos. Atténuées en chaînes nationales, brèves dans les privées. Les plateaux politiques, si bavards par ailleurs, se taisent, eux, comme s’ils n’avaient jamais existé.
La question de savoir pourquoi n’est pas anodine, loin de là.
Nos confrères de l’audiovisuel insistent toujours sur leur droit au repos. Soit, mais en bonne logique, certainement pas à ce point. On vit le siècle de la communication, de la mondialisation. On vit l’époque des démocraties participatives. Comment admettre que des populations entières, soient, ainsi, subitement, sans raison, coupées de l’événement public, du débat politicien et citoyen? Cet isolement est banni de par le monde. Comme pratique injustifiée, insensée. Dans la communication, le droit au repos n’est plus qu’une excuse aujourd’hui. Plus de «Sunday is closed» qui s’admette à la télé ou la radio. On recrute du personnel, on se relaie à l’emploi, voilà tout.
Mais l’actualité récente (pressante) a aggravé davantage le «cas tunisien». Le week-end du 15 et 16 février, péripéties obligent, on n’en avait pas fini encore avec la formation du gouvernement. Voire, le samedi même, il y a eu accroc. Ennahdha a changé d’avis. Et a quitté l’équipe d’Elyès Fakfakh. L’actualité politique a basculé tout d’un coup. Hélas, dans le silence quasi total et unanime de nos télés et de nos radios. Point de plateaux, surtout. Aucune accomodation d’urgence. Des reportages «hors propos», les variétés usuelles, les feuilletons de tous les jours. Rien, ou si peu, rappelant à ce qui se passe. Motus ou presque : les chroniqueurs en discuteront lundi.
Un ratage monstre qui, on l’espère cette fois-ci, servira de leçon. Secouera tout le monde de sa torpeur. Patrons de chaînes et gens de métier s’entend. Décideurs aussi, ils n’y sont pas étrangers.