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Remonter la pente

Lors des dernières élections présidentielles et législatives, le peuple a choisi le changement. Un changement de gouvernants, de discours et de style de gouvernement. Pour cela, il a sacrifié la plupart des partis classiques sur l’autel des promesses « révolutionnaires », « islamistes » ou « populistes ».  Certes, ce changement est loin d’être rassurant, étant donné la diversité des couleurs politiques où les hérauts des idées modernistes et centristes figurent en pole position. Mais il ne faut pas oublier que les nouveaux élus seront dans l’obligation de mettre en œuvre le mandat qu’ils ont reçu du peuple au profit du peuple sans exclusion aucune.  Et parce que la Tunisie en a besoin, les nouveaux élus devront s’acquitter de leurs devoirs dans un esprit d’union et de fraternité. Le pays a besoin d’une bouffée d’oxygène. Et on a besoin de reprendre espoir en des lendemains meilleurs pour que le pays reprenne des couleurs et retrouve sa superbe. Car ce qui s’est passé hier à l’hémicycle où le gouvernement Fakhfakh a réussi à arracher un vote de confiance ne doit pas être perçu comme la victoire d’une partie contre une autre. Mais encore une fois une victoire, l’unique, non pas celle des hommes mais celle de la démocratie. Celle des valeurs qui nous unissent, celle de l’idéal qui nous rassemble. Il s’agit donc de tout mettre en œuvre pour que les Tunisiens, par-delà leurs partis, leurs croyances, aient toujours envie de se parler, de se comprendre pour que le pays se remette en mouvement. 

Et la victoire de Fakhfakh, là où Jemli a essuyé un échec,  ne doit pas être un alibi pour se laisser enfermer dans l’intolérance et le sectarisme. Au contraire, il faut qu’elle nous pousse à nous ouvrir aux autres, à ceux qui ont des idées différentes, à ceux qui ont d’autres convictions. Car c’est cela la démocratie et c’est pour cela qu’elle ne doit pas nous faire peur.

Mais cette quête d’un renouveau dans l’action gouvernementale fait grincer des dents les acteurs politiques méfiants qui poussent à des divisions potentiellement dévastatrices dont ils ont  conscience. Et pour cause, cela pourrait mal se terminer à droite comme à gauche, et il serait beaucoup plus difficile pour les uns et les autres de remonter de nouveau la pente.

Nous ne doutons pas qu’Elyes Fakhfakh soit imbu de bonne volonté et que dans sa vision un effort de renouveau basé sur la clarté et la confiance soit nécessaire et puisse enclencher une nouvelle dynamique à même de sortir le pays de la crise. Pour cela, on attend du nouveau chef du gouvernement qu’il soit innovant et créatif dans ses propositions et non pas de reprendre les vieux mécanismes du passé et de les réactiver au mauvais moment.  Car les Tunisiens savent que les années à venir seront lourdes d’enjeux, mais aussi ouvertes à tous les possibles et que pour passer à travers les trous d’air, il faut être plus solidaires, plus patriotes. En effet, pour peu qu’on lui montre un horizon, et non l’étroitesse des murs clos, le citoyen n’hésitera pas deux fois avant d’adhérer à cette nouvelle synergie, si elle vient du cœur et qu’il sent qu’il est désormais partie prenante d’un destin collectif.

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