À la nouvelle galerie d’art Macam de la Cité de la Culture, s’est ouverte vendredi une exposition du célèbre portraitiste de la Renaissance italienne, Rafaello. Le support, une installation numérique des œuvres reproduites en haute définition, semble aussi fascinant que le travail du peintre. Une exposition à voir absolument.
Décédé le 6 avril 1520 à Rome, à l’âge de 37 ans, cette année-ci coïncide avec le cinquième centenaire de la mort de Raffaello. À cette occasion le ministère italien des Affaires étrangères et la RAI ont choisi Tunis comme première station d’une exposition itinérante qui fera le tour du monde. Très jeune, le peintre connaît une notoriété grandissante. Sa célébrité, il la doit en majeure partie à la maîtrise du portrait, un art majeur de la Renaissance, qu’il va pratiquer notamment à Florence puis à Rome. Avec le même sens du détail, il peint hommes d’Église, bourgeois, aristocrates, intellectuels, filles du peuple, ressuscite la vierge et les madones, rend hommage à un ami et explore son autoportrait. Intuitif, l’artiste ne met pas l’accent sur les traits physiologiques uniquement, mais donne à voir des éléments de la réalité sociale et psychologique de ses modèles. Des portraits aussi fidèles que des photographies sortent de l’atelier du peintre. Comme ses contemporains, dont le plus fameux est Léonard De Vinci, Rafaello habillait ses figures selon ses envies, il élaborait des montages, qui consistent dans les paysages en arrière-plan de ses figures.
Imprégné du style de Leonard De Vinci
Léonardesque jusqu’au bout des doigts, il s’inspire de ce maître pour peindre le portrait de « Maddalena Strozzi » en adoptant la posture des mains, du visage qui fixe le spectateur de « La Joconde » ainsi que du modèle du buste reproduit aux trois quarts, comme aimait le faire De Vinci. Les détails des détails sont repris par le peintre à l’identique, les pierres des bijoux de « la Femme voilée » ou la cloche et le livre du « Pape et les deux Cardinaux », plus loin le drapé des robes des évêques, ou encore le bracelet de la maîtresse de Rafaello, la fille du boulanger nue, sur lequel nous lisons son nom à lui, comme une manière d’y inscrire sa possession.
Cette exposition fait partie du projet Opéra Omnia en Italie, qui est né du constat suivant : la totalité du patrimoine artistique — de Leonardo, Raffaello, Caravaggio et d’autres maîtres de la peinture italienne — est dispersée dans différents musées, églises et collections privées. Ce qui rend impossible la réalisation de grandes expositions monographiques. Grâce à Opera Omnia, les expositions, sur support numérique en très haute définition baignées dans un éclairage donnant aux tableaux un éclat particulier, peuvent être facilement transportées et installées partout dans le monde. La technologie de pointe vient ici à la rescousse d’œuvres cinq fois centenaires pour les rendre encore plus attractives.
À la Cité de la culture, les visiteurs de l’exposition sont accueillis par des médiateurs trilingues. Ils sont chargés de les guider dans leur voyage à travers le monde merveilleux de Raffaello. Belle initiative. Une exposition qui se poursuit jusqu’au 28 mars.