Dans le monde entier, on célèbre, chaque 8 mars, la Journée internationale de la femme. Une journée dédiée à la femme pour lui rendre hommage en signe de reconnaissance pour tous les efforts qu’elle fait afin de s’émanciper, pour apprendre à prendre des décisions et être active dans la vie sociale et même politique.
La femme rurale, quant à elle, malgré les conditions de vie très difficiles, dans lesquelles elle vit, peut, elle aussi, s’émanciper, être présente dans tous les domaines de la vie active et concurrencer l’homme dans la prise de décisions. Privées parfois de ses droits les plus basiques, elle ne baisse pas les bras, se bat pour prendre sa place dans la société et avoir son mot à dire.
Quels sont les vrais problèmes que rencontre la femme rurale ? De quel genre d’accompagnement a-t-elle besoin afin d’avancer dans la vie et dans la société moderne ? Nous avons contacté Mme Sonia Sliti, experte en accompagnement de la femme rurale en développement et en entrepreneuriat, pour nous parler davantage des conditions de vie de la femme rurale, les opportunités qui se présentent à elle et les différentes démarches adoptées pour lui permettre d’avancer et d’occuper une place importante dans la société à l’instar de l’homme.
L’experte nous a informé qu’elle a travaillé avec les femmes rurales, notamment en ce qui concerne l’entrepreneuriat et elle pense, en effet, que leurs conditions de vie sont très médiocres, ce qui influe négativement sur la participation de cette dernière à la vie politique et sociale. Notamment, la femme rurale, souffre énormément car elle a beaucoup de charges et peu de droits. «Toutes les femmes en Tunisie ont généralement la lourde charge de la famille, l’éducation des enfants, les études, le travail… et,en plus, pour les femmes rurales, le travail dans le secteur de l’agriculture, ce qui leur confère un rôle très important dans la vie quotidienne, mais quand il s’agit de participer à des réunions pour le développement dans sa zone, par exemple les municipalités et les communes, elle est toujours absente », nous explique l’experte.
Et d’ajouter : «Le taux de participation de la femme rurale est négligeable. Le pourcentage diffère d’une zone à une autre, car dans d’autres régions, elle est totalement absente et n’a pas l’occasion de parler de ses préoccupations. Ses prises de position, ses idées, son avis sont secondaires ».
Ce qui complique les choses, c’est notamment le problème de la mentalité basée sur le genre. En effet, l’homme pense que le seul rôle que peut accomplir une femme est la garde et l’éducation des enfants, les tâches ménagères, le travail dans le domaine de l’agriculture… Ce sont ses devoirs et quand on parle de ses droits, on l’ignore toujours, car elle est toujours classée incapable de gérer, de participer dans les différents aspects de la vie sociale et politique. Notre experte pense également que l’émancipation de la femme rurale ne se fera qu’en changeant la mentalité basée sur le genre.
Quant au domaine de l’entrepreneuriat, il y a également un vrai problème qui empêche la femme de s’émanciper, vu qu’elle ne s’investit que dans des projets peu rentables, des projets rudimentaires qui lui permettent juste de vivre et subvenir à ses besoins. La femme rurale a un emploi du temps trop chargé, donc elle n’a pas beaucoup de temps pour les activités qui lui rapportent de l’argent, d’autant plus qu’elle a toujours un sentiment de culpabilité, de n’avoir pas bien accompli les tâches principales qu’on lui confie.
«Afin d’aider la femme rurale à trouver sa place dans la société moderne, l’encourager dans le domaine de l’entrepreneuriat et autres domaines de la vie, il faut bien travailler sur les mentalités tout d’abord, sur l’infrastructure et sur l’éducation de la femme en général », conclut notre experte en accompagnement de la femme rurale.