La Tunisie était parmi les pays qui ont soutenu les mouvements de libération africains, noué des relations diplomatiques et des partenariats économiques avec eux au début des années soixante. Les périples africains de Bourguiba, et de son premier ministre Mzali témoignaient de cet engagement. C’est précisément le fruit d’une vision de Bourguiba. Il avait très tôt compris l’importance d’une coopération sud-sud. S’inspirant de la position de notre pays à mi-chemin entre l’Europe et le continent, en particulier la partie subsaharienne, il a saisi l’opportunité de se positionner aussi bien politiquement, économiquement et culturellement avec brio et clairvoyance. Bourguiba avait construit sa démarche sur des rapports personnels forts et des affinités solides et prouvées avec ses contemporains. Le résultat fut une coopération exemplaire avec le continent et mutuellement bénéfique pendant des décennies à tous les niveaux.
Mais la Tunisie a tourné le dos à l’Afrique depuis des décennies, freinant ainsi cet élan qui aurait dû lui octroyer une place de choix sur le continent. Le coup de massue est venu de l’ARP qui a rejeté — faute de quorum — le projet de loi organique relatif à la convention fondatrice de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Pourtant, la Tunisie, qui a signé la convention d’adhésion à cette zone de libre-échange, devra examinera les modalités d’application de cette convention lors du 33e sommet de l’Union africaine, qui se tiendra en mai 2020 en Afrique du Sud.
La convention fondatrice de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), la plus grande dans le monde, représentant 1,2 milliard de personnes et des échanges de plus de 300 milliards de dollars, ambitionne de diversifier le commerce entre les Etats et d’accroître son volume de 50% à l’horizon 2022 et d’augmenter le niveau des échanges commerciaux entre les pays africains de 16 à 33%.
C’est un outil qui permettra de renforcer la compétitivité des produits tunisiens sur les marchés africains, au vu du niveau élevé des tarifs douaniers appliqués dans la plupart des pays africains sur les marchandises importées. Elle stipule également le démantèlement des obstacles non douaniers qui entravent la circulation des marchandises. La convention aurait pu avoir un impact positif sur l’exportation des services tunisiens, sauf que nos députés, beaucoup plus occupés par des questions futiles, en ont décidé autrement.
En effet, quand ils sont présents, ils se chamaillent; quand ils sont absents, ils bloquent. Merci Messieurs les députés.
Dr. Ezzeddine Moudoud
8 mars 2020 à 18:26
Trés beau édito. Merci Si Chokri . Quelle honte. Bourguiba était un grand visionnaire, un vrai leader et un vrai patriote. Ses périples africains des années soixante comme vous dites restent dans toutes les mémoires de ma generation partout où j’ai travaillé en Afrique francophone qu’anglophone. En Mauritanie, par exemple, on m’a rappelé l’accueil trés chaleureux qu’il a reçu et cette chanson pleine de tendresse qu’on lui chantait partout où il allait: « BOURGUIBA YA HABIB »….Je suis fier d’être TUNISIEN et j’espère qu’on aura la chance de corriger le tir en Afrique du Sud. Mais quelle honte ces « tocards » de députés….