Il n’y a pas plus de sujet de proximité que le transport. On ne peut se passer de ce mode de déplacement. Le transport public, c’est la vitrine d’une nation, son degré de civilisation, de progrès, de savoir-vivre et surtout de sa sincère volonté de vivre ensemble. Jusqu’à ce jour, ce domaine passe au dernier rang des préoccupations de l’exécutif.
En effet, dans les huit priorités fixées par le nouveau chef du gouvernement Elyes Fakhfakh, le transport est inexistant alors qu’il constitue bel et bien le vrai moteur de la croissance et du dynamisme économique et social. Sans exception et sans bombarder notre lecteur de chiffres, qui ne relatent pas le plus souvent la réalité et le quotidien des gens, le transport public est la misère quotidienne de l’ensemble de nos concitoyens. Notre pays mise sur la voiture individuelle mais celle-ci n’est plus source de liberté. Elle devient bien plus source de stress, d’embouteillage, d’incivisme, d’égoïsme, de klaxons et de parasitage sonore. Je m’arrête là mais la liste est encore longue.
La plupart des trajectoires dans la capitale et même partout dans le pays sont laissées entre les mains des entreprises privées notamment les taxis individuels et collectifs. Mais ces véhicules ne sont pas sans risque. On ne cesse de dénombrer les accidents qui se produisent presque tous les jours, ou peu s’en faut. Ces accidents sont banalisés. Désormais, on préfère parler du coronavirus. Peut-être, c’est plus à la mode et c’est bien plus d’actualité. Dans notre pays, c’est devenu de coutume de voir un transport clandestin à la sauvette s’improvisant le dimanche durant les marchés ; cela au vu et au su des pouvoirs locaux. Ces derniers sont dans le déni et savent pertinemment qu’ils sont incapables de proposer une alternative digne des usagers. Ceux-ci souffrent le martyre afin de joindre un point de départ à un point d’arrivée.
Le monde du transport dans notre pays : c’est la jungle !
Kamel Bahri, un taxiste faisant 23 ans comme chauffeur de taxi privé et 7 ans dans le taxi collectif, déplore le fait que ce métier est complétement délaissé et que les pouvoirs publics n’envisagent aucune solution pour améliorer le service du transport dans le pays. Selon lui ceux qui travaillent dans le taxi collectif ignorent complètement le code de la route. « L’État ne fait qu’augmenter la TVA, ainsi le véhicule coûte désormais 80 mille dinars alors qu’il y a 7 ans il coûtait à peine 40 mille dinars sans parler des augmentations successives du prix du carburant », dit-il avec un petit pincement d’amertume et de dégoût. Avec beaucoup d’insistance, lui qui a passé tout sa vie dans le monde du transport, affirme que ce secteur est « marginalisé ». Pour lui, les détenteurs de capitaux ne voient pas l’intérêt d’investir dans le transport. Dans la même lignée, notre pays a une grosse faiblesse dans la gestion des transports publics. Il faut dire que la situation ne cesse de dégringoler, objectivement, depuis la fin de la colonisation. Pour Kamel Bahri, la prolifération des syndicats dans ce secteur à partir de janvier 2011 n’a fait qu’empirer la crise dans la mesure où il y a une multitude de discours et de promesses sans résultats tangibles à la fois pour les professionnels et les usagers. Aussi, les syndicats favorisent la multiplication des licences des taxis alors que ces nouveaux entrants dans le domaine, selon Bahri, ne connaissent pas ce que c’est qu’un « service citoyen » qui est au cœur même de la profession de taxi. À cela s’ajoutent la qualité de nos routes, leur étroitesse, leur engorgement facile et le manque d’imagination des architectes de celles-ci. De fait, ils ont complément exclu le développement des nouvelles lignes de train et de métro tout au long des nouvelles et anciennes routes. Selon les dires de Kamel Bahri, « personne ne pense réellement au quotidien du citoyen ». Celui-ci galère pour arriver à son travail ou rejoindre son domicile en l’absence d’une infrastructure de transport digne, même dans les quartiers soi-disant riches. En effet, le TGM est désormais désuet et voit donc ses voitures, d’au moins 40 ans, vieillir. En ce qui concerne ce moyen de transport, le ministère de tutelle indique à chaque fois qu’il y aura de nouveaux wagons plus rapides et plus confortables. Or, le personnel et les citoyens attendent cette promesse depuis 2013 et nous sommes en 2020 et rien ne se passe encore.
Le transport : un lieu de braquage et de vandalisme
Hanane, un agent de transtu avec une expérience de 10 ans, indique qu’avec la disparition de la peur, il y a de plus en plus de jeunes, sans scrupules et qui sont délaissés, sans aucun encadrement, de la part de leurs parents, qui n’hésitent pas à jouer les caïds dans les moyens de transport. Aujourd’hui, les trains et les métros dans le pays sont devenus une jungle c’est-à-dire des lieux sans lois où des gens dans le besoin dérobent des gens modestes. Ces derniers ne cherchant qu’à gagner dignement leur vie. Le phénomène nouveau est que ces malfrats sont des adolescents. Ils accourent derrière les valeurs symboliques de notre société comme les smartphones ou encore les voitures de luxes qu’ils dérobent ou vandalisent. À ce titre, Hanène parle d’une bande de petits criminels qui s’appelle « Nanci » et dont le chef est un jeune ne dépassant même pas les 16 ans. Cette bande opère principalement au Kram. Elle affirme avec une grande angoisse que les agents des transports travaillent tous les jours dans l’insécurité et sont exposés à maintes agressions. Aussi, à croire ses dires, ces mêmes adolescents se sentent dans l’impunité la plus totale et font à peu près ce qu’ils veulent sans la moindre coercition. Heureusement que les touristes ou les étrangers ne voient pas ces problèmes. Ceux-ci voient dans nos moyens de transport un certain exotisme. Ils voient circuler des moyens de transport qu’ils ont vu durant leur enfance, pour les plus âgés. Pour d’autres, ils sont parfois admiratifs du désordre ambiant et de l’arriération de ces moyens de transport qui ne respectent pas encore la dignité humaine.
Pour finir, à ce monde de transport s’applique très convenablement la chanson de Dalida « parolé, parolé » car en réalité le secteur du transport est la dernière préoccupation de l’élite dirigeante !
Mohamed Ali ELHAOU
Liberte
9 mars 2020 à 11:10
Ce genre de transport doit être bien encadré, les taxis et les louages sont un danger permanent sur les routes , il faut faire un contrôle technique chaque année, limiter la vitesse sur route et automobile, un examen sur la capacité de bien conduire ainsi qu’un certificat médical, c’est un minimum pour la sécurité de tout le monde, j’ai un louage de Tunis à sfax et le plancher de ce louage était pourri qu’on pouvait suivre la route de l’intérieure et je ne vous parle pas de l’ hygiène.