Les Tunisiens qui suivaient les débats s’attendaient, pour une fois, à des prises de parole responsables et pleines de sens. Au grand dam des citoyens qui évoquent l’augmentation des cas contaminés avec des trémolos dans la voix, l’hémicycle du Bardo a de nouveau pris les allures d’une foire d’empoigne. En effet, les Tunisiens, qui dépriment à cause de ce virus, ont assisté sans broncher à la même cacophonie et aux discussions sur des questions futiles, usantes, frustrantes et rageantes à l’ARP.
La séance plénière de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) consacrée à un dialogue avec le gouvernement sur la situation sanitaire dans le pays ainsi que sur le projet de loi sur la délégation de pouvoir législatif au chef du gouvernement conformément à l’article 70 de la Constitution, qui dans son paragraphe 2 stipule que l’Assemblée des représentants du peuple peut, à la majorité des trois cinquièmes de ses membres, en vertu d’une loi et pour un motif déterminé, déléguer au chef du gouvernement, pour une durée déterminée qui ne dépasse pas les deux mois, le pouvoir de prendre des décrets-lois dans le domaine de la loi, lesquels seront soumis à l’approbation de l’Assemblée à la fin de la période en question.
L’heure est grave et le motif invoqué est la pandémie de coronavirus et les moyens de lutte pour en freiner la propagation.
Les Tunisiens qui suivaient les débats s’attendaient, pour une fois, à des prises de parole responsables et pleines de sens. Au grand dam des citoyens qui évoquent l’augmentation des cas contaminés avec des trémolos dans la voix, l’hémicycle du Bardo a de nouveau pris les allures d’une foire d’empoigne. En effet, les Tunisiens, qui dépriment à cause de ce virus, ont assisté sans broncher à la même cacophonie et aux discussions sur des questions futiles, usantes, frustrantes et rageantes à l’ARP. Certains députés ôtaient leur bavette pour prendre la parole, un autre a montré un pantalon déchiré pour prouver l’agression qu’il a subie, soit tous les ingrédients d’une pièce tragicomique.
Plus de quatre heures ont été consacrées à des débats sur les dispositions du règlement intérieur en cas de force majeure. Sur la continuité des travaux de l’ARP conformément à l’article 80 de la Constitution. Sur la fiabilité ou non du vote à distance. Le débat a tourné aussi à un règlement de comptes avec l’Ugtt, accusant ses représentants régionaux à Sfax d’être des « barbouzes ». Le gouverneur de Sfax en a pris aussi plein la figure, étant qualifié de « lâche ». Pourtant, le chef du gouvernement est venu à l’ARP en situation d’urgence réclamer une arme légale – le recours à l’article 70 de la Constitution – pour pouvoir agir à ce stade de la pandémie, engager une riposte qui doit être rapide, soit des actions promptes afin de sauver le maximum de vies.
Mais voilà que les divergences de vues sur les dispositions de cet article ont mis en branle les factions politiques habituées à croiser le fer et à se tirer à boulets rouges.
C’est que nos élus chargés de veiller sur les affaires sanitaires, économiques, sociales et politiques du pays ont préféré perdre leur temps, laissant ainsi dans la débâcle les citoyens hébétés. Certes, c’est encore une fois à l’image écornée d’une Assemblée en pleine ébullition, composée d’une mosaïque loin d’être harmonieuse, qu’on a assistée. Pourtant, c’est l’image du pays et du peuple tunisien qui en pâtit. Sommes-nous, à ce point, incapables de montrer au monde l’autre image de la Tunisie et des Tunisiens ?