Le confinement actuel est un fait insolite. Il oblige chacun de nous à rester enfermé à la maison pendant deux semaines.
Les mesures de confinement total de la population tunisienne qui sont entrées en application depuis le dimanche 22 mars 2020 ont obligé une grande majorité de Tunisiens à rester cloîtrés chez eux en attendant que l’orage coronavirus passe. Télétravail, cours pour enfants à domicile et autres activités nécessaires, utiles et intelligentes laissent parfois place à d’autres occupations plus ou moins drôles et ludiques loin des tâches ménagères si ingrates. Hormis cela, un ennui mortel prend la personne confinée pour certains depuis de nombreux jours au point qu’elle se sent prisonnière et condamnée à subir le sort imposé par l’épidémie du Covid-19 à des centaines de millions de personnes dans le monde.
Le confinement vécu actuellement est un fait insolite et inédit pour de nombreux citoyens qui découvrent, à leurs dépens, le mal-être du prisonnier dans sa cellule ou celui de l’animal dans sa cage au zoo. Si la personne n’a pas l’habitude d’avoir un rythme de vie élevé et poussé fait de journées de travail et de fonctions sociales comme dans le cas des chômeurs, le confinement prend l’ampleur d’un petit enfer.
On a vu de nombreux Tunisiens défier la mise en quarantaine forcée en sortant dans les rues tard le soir ou se rendre au moindre café ouvert pour prendre l’air, incorrigibles qu’ils sont. C’est le signe d’un réel malaise social au point que cette situation n’arrange en rien les choses et les ramène face à leur propre réalité. De nombreuses voix estiment que l’épidémie du Covid-19 va remettre en cause beaucoup de choses chez l’être humain en général dans son rapport à la vie et à la nature en général. C’est qu’il y aura un après-coronavirus et un avant… Toutefois, il y a des personnes qui prennent le bon côté des choses et se préparent activement à leur vie post-coronavirus pleine d’espoir et d’optimisme. Sport à la maison, régime diététique et immersion dans les réseaux sociaux, rien n’est laissé au hasard. Pour eux, il y a du bon dans le confinement. Des personnes confinées et forcées à rester dans un espace déterminé ont bien voulu confier leur vécu quotidien au temps du coronavirus.
C’est que les personnes de nature casanière ne rapportent pas un écho négatif, loin s’en faut.
Vive la maison !
Mourad J, quadragénaire, résidant à El Menzah VI, a rapporté son témoignage tout en avouant qu’il ne serait pas représentatif de tous les Tunisiens : «Je devais rentrer à Paris, mais ma femme et moi sommes restés bloqués à cause des circonstances de rapatriement. En fait, ce qui est bien avec le confinement, c’est que tout le monde joue le jeu. Donc, côté santé, c’est devenu rassurant car même les chats ne font pas ce qu’ils veulent (rires). Après, personnellement, l’enjeu c’est de rythmer les journées. Je bosse sur ma certification en informatique à domicile. Ce qui est bien dans cette situation contraignante, c’est qu’on passe pas mal de temps en famille, même si on ressent un peu l’enfermement. Ma conjointe et ma mère suivent de leur côté les informations en continu. De mon côté, je scrute plus les articles de fond, notamment l’affaire Raoult en France. Je vois que le pays est à l’arrêt. A chaque sortie du domicile, j’ai l’impression que c’est un petit événement vu que les déplacements sont très limités». Autre confidence qui dépasse le cadre du confinement, celui de cet expatrié qui s’organise pour faire les courses avec sa sœur afin de nourrir convenablement la famille. Il termine en donnant une impression positive sur la situation en Tunisie : «Sur ce point, une enseigne tunisienne est très bien organisée car elle veille au respect de la distanciation sociale.
En revanche, chez les vendeurs de légumes, c’est moins le cas, ça se mélange bien plus. Notre épicier a trouvé une astuce qui consiste à camper devant sa boutique, en mettant dans le sac de chacun les denrées et les produits qu’il a choisis». On n’oubliera pas d’avoir une pensée pour les Sans Domicile Fixe de Tunisie qui sont des personnes sans abri vivant dans la rue et qui ne connaissent pas ce qu’est le confinement. Les ouvrières tunisiennes qui se sont engagées à être confinées sur leur lieu de travail ont suscité l’admiration des Tunisiens qui voient des conditions de confinement extrêmes se produire. Au final la maison, c’est bien mieux non ?