
En Tunisie, ni la direction technique nationale ni les sélectionneurs en place n’ont réussi à faire de notre football un laboratoire du jeu dans lequel s’élaborerait un modèle séduisant et gagnant. Et quand des pontes reconnus s’y attellent en sélection, ils sont raillés et leur séjour est écourté !
La propagation du coronavirus a non seulement poussé à interrompre la compétition, mais a engendré aussi une certaine perte de l’ordre d’un tiers de la valeur de transfert des joueurs continentaux, selon une étude publiée récemment. Ainsi, la valeur totale de transfert des joueurs au niveau africain diminuerait de 30% dans le cas où aucun match ne serait joué et aucun contrat ne serait prolongé à l’avenir. Les « victimes » potentielles sont nombreuses, du cador au menu fretin, en passant par les valeurs sûres de la Ligue 1. Du point de vue acteurs du jeu maintenant, l’ampleur de la baisse varierait en fonction de plusieurs facteurs, tels que l’âge des joueurs, la durée du contrat, le cheminement de carrière et les performances récentes. Pour revenir à l’âge justement, les pertes potentielles les plus importantes concerneraient les footballeurs âgés avec des contrats à court terme, et ayant moins de « matches dans les jambes » que la saison dernière (moins de temps de jeu que lors de l’exercice précédent). Du point de vue tendance et orientation, la courbe de l’attractivité de la Ligue 1, jointe à celle de l’évolution de la valeur du transfert de nos joueurs, semblent à la baisse. Ainsi, la L1 tunisienne n’est désormais que le 4e championnat de football en Afrique avec une valeur marchande de l’ordre de 118 millions d’euros. La première place est occupée par l’Afrique du Sud avec une valeur estimée à 146 millions d’euros, talonnée par l’Egypte qui vaut 137 millions d’euros. La « Botola » marocaine complète le podium (126 millions d’euros) et le championnat d’Algérie est cinquième avec 92 millions d’euros selon le site Transfermarkt. Ainsi, le poids économique du championnat de Tunisie ne pèse pas lourd relativement face à celui de l’Afrique du Sud, un pays qui n’a pourtant pas de « traditions ancestrales » volet sport-roi (nation de rugby plutôt).
L’Espérance, l’arbre qui cache la forêt…
Revenons à la vitrine de notre football, à la réalité de notre sport-roi. Cette saison, les ratés aux portes du « quart » de la C1 ont relancé l’éternel procès de notre football. Sauf qu’il n’est pas ici question de déclin, mais d’essoufflement ponctuel pour l’ESS, et surtout pour l’EST, championne d’Afrique en titre. Ce que l’on note par contre, c’est que du point de vue résultats, il n’y a pas vraiment d’écart entre les performances de la sélection nationale et celles des clubs. Et s’il y a eu frustration en ce sens après la campagne tunisienne du Mondial surtout, cette frustration reposerait sur un malentendu historique, qui consiste à prendre pour référence un football tunisien qui trônait sur l’Afrique selon les différents classements établis par des instances reconnues. Ce qui nous amène à dire qu’en ce moment, la Ligue 1 tunisienne est à sa place volet hiérarchie continentale. A une époque où les résultats sportifs sont de plus en plus indexés aux moyens financiers, le football tunisien apparaît, en réalité, à sa place, celle d’une « puissance africaine » qui garde juste la main en termes de prestige et d’attention. Merci à qui ? A l’EST pardi ! C’est donc grâce aux « Sang et Or » que notre football préserve sa visibilité à l’échelle continentale. En clair, l’Espérance joue dans une autre cour, celle de la C1 et du Mondial des clubs. Notre football est ce qu’il est avec son inertie, son absence de vases communicants, son manque d’audace et ses maux récurrents qui compromettent le spectacle proposé. Et cela ne manque bien entendu pas de déteindre sur le Team Tunisie, une sélection qui a toujours souffert de son tropisme défensif et de son manque d’éclat ! L’audace payante comme diraient les braves du sport-roi en Tunisie est un objectif lointain. Ni la direction technique nationale ni les sélectionneurs en place n’ont réussi à faire du football tunisien un laboratoire du jeu dans lequel s’élabore un modèle séduisant et gagnant.