
Entre documentaires et fictions, Gabès Cinéma Fen a offert à ses fidèles internautes une panoplie de choix. Osciller entre différentes productions pour la plupart inédites sous le confinement a permis de rattraper des projections qu’on a ratées lors des dernières JCC 2019 comme «Haifa Street» de Mohanad Nahal ou d’avoir l’exclusivité de toucher à l’inédit en regardant «Mon cousin anglais» de Karim Sayad.
«Haifa Street» de Mohanad Nahal ou l’Humain en temps de guerre
Pendant 1heure 20, le réalisateur Mohanad Nahal nous fait vivre un stress haletant et captivant jusqu’au bout. Un cauchemar passionnant vécu derrière notre écran en temps de guerre, à Haifa, en Irak plus précisément. Cité détruite, tirs à bout portant à chaque coin de rue, snipers, dénichant sans cesse une proie civile à massacrer et ciel brumeux, apocalyptique. L’atmosphère oppressive de ce long métrage ne rend pas moins belle le peu d’humanité filmée sous les décombres d’un pays qui part en miette. Dans cette artère principale de Bagdad, à l’avenue Haifa, on ne compte plus les corps. En 2006, elle est ravagée par les conflits sectaires et est même devenue l’épicentre d’une violence insoutenable. Ahmed se fait déposer par un taxi en route vers la maison de sa dulcinée Suad pour lui demander sa main. Il se fait tirer dessus par Salam, un sniper qui vit son enfer personnel sur le toit d’un immeuble délabré situé sur le trottoir d’en face… Commence alors, la découverte surprenante de nombreuses personnes, vivant cachées aux environs de cette avenue dont des femmes battantes, passionnées, bravant la mort et les dangers et liées à des âmes errantes au vécu cassé. Ce long métrage Irakien de Nahal rassemble des acteurs comme Ali Thameur, Asaad Abdul Majeed, Iman Abdulhasan, Redhab Ahmad, Yumna Marwan, Ali Karkhi et est sorti en 2019. Son visionnage sur la plateforme du festival ne pouvait se faire qu’en 3 heures. Sa sortie commerciale en salle se fera probablement ultérieurement.
«Mon cousin anglais» de Karim Sayad : à la poursuite du bonheur
Dans un tout autre registre, celui des documentaires, nous retrouvons une production intimiste de Karim Sayad titrée «Mon cousin anglais». Le réalisateur suit, caméra à bout portant, le quotidien d’un ancien clandestin algérien, qui, au bout d’une quinzaine d’années, décide de tout plaquer en Angleterre et de revenir en Algérie. Une décision prise lorsque les rues algéroises s’enflammaient sous le Hirak. La révolution sociale n’a pas été un facteur de taille dans sa prise de décision, mais le timing, choisi au hasard, sonnait le glas d’un changement global. Mais avant tout, ce long métrage aborde la question de l’exil et retrace un parcours redondant. Celui d’un adulte à la recherche perpétuel d’un bonheur très peu atteint, introuvable, y compris dans son pays d’accueil et encore moins dans son village natal auprès des siens.
Le documentaire énumère plusieurs ressentis et interrogations : parvient-on à avoir les pieds sur terre, se construire un foyer, se brosser une identité, se projeter dans un avenir plus apaisant, radieux ? Le tout en se posant cette question fatidique : est-ce qu’un retour en arrière est possible après avoir construit tout un pan de sa vie à l’étranger ? Le réalisateur algéro/suisse Karim Sayad questionne d’une manière singulière l’exil dans son 2e long métrage à découvrir jusqu’au 11 avril sur la plateforme Artify.