Accueil Sport CA-Périodicité de paiement: La couleur de l’argent !

CA-Périodicité de paiement: La couleur de l’argent !


Le salaire d’un footballeur est décidé par un club qui espère que le joueur fera vibrer les fans. En retour, le joueur doit être performant pour justifier son salaire, sans quoi le club voudra s’en séparer… comme dans n’importe quel métier !


L’équipe A du Club Africain n’aurait pas perçu le moindre sou depuis l’arrêt de la compétition et le début du confinement. Rien d’inédit au CA, ni d’exceptionnel en ces temps difficiles pour le football tunisien. Cependant, la nouveauté est en rapport avec la réaction des joueurs qui auraient décidé de s’en remettre à la commission des litiges pour avoir gain de cause. Là, il n’est plus question de se rebeller, ni de résister, mais d’enjoindre son employeur, quitte à le sommer. Un employeur furtif et aux abonnés absents depuis quelque temps. Pour les compétiteurs clubistes, c’est forcément éprouvant de se retrouver sans ressources. Cinq mois sans percevoir de salaire : ça influe sur le mental et sur le quotidien. En conséquence, même le coach ne peut les blâmer, alors qu’il s’efforce tant bien que mal à garder le groupe mobilisé dans la perspective de la reprise. Bref, l’on peut s’attendre prochainement à ce que les joueurs « sèchent » le cyber entraînement d’usage en cette période. En clair, ils ont d’autres « chats à fouetter » comme remplir leur frigo d’abord. D’habitude, protester contre le non-paiement de son salaire par le club se fait de manière radicale comme ne pas se présenter aux entraînements. Or, là, vu que nous sommes en situation de crise sanitaire, le regroupement de joueurs est déjà banni. Ce qui permet à l’exécutif de « traîner les pieds ». Bref, quand un exécutif ne s’expose pas de facto à une certaine vindicte visible, il ne s’empresse pas. Et c’est dire la particularité de cette situation embarrassante pour les joueurs pros du CA.

Un droit fondamental

Depuis des lustres, les joueurs du CA n’ont quasiment jamais reçu leur salaire à temps. Situation commune à la majorité des clubs de L1 d’ailleurs. Ce qui intrigue par contre, et c’est de notoriété publique en Tunisie, c’est que les « grands joueurs » et les continentaux enrôlés à coups de millions sont payés rubis sur l’ongle. Or, tous les footballeurs tunisiens n’ont pas la chance de s’appeler Blaili, Badri, Djabou ou Chikhaoui et ne perçoivent pas des salaires mirobolants, payés en temps et en heure. En Ligue 1 tunisienne, généralement, les retards sur les salaires sont monnaie courante. Or, de point de vue réglementation, c’est le droit fondamental de tout joueur contractant d’être payé en intégralité et à temps. Le fait que ce droit le plus basique ne soit pas respecté dans le microcosme du football tunisien est assez révélateur des difficultés à vraiment adopter les mécanismes du professionnalisme. Pour revenir au CA, cette situation fréquente met forcément en lumière les conditions de travail tendues des joueurs. A quand des conditions si décentes ? Difficile de se projeter et d’établir un calendrier dans ce cas d’espèce. A l’image de clubs huppés livrés à leur triste sort, notre football vacille, même si les instances et la tutelle tentent de parer au plus urgent (subvention débloquée). Le CAB, à titre d’exemple, navigue à vue, sans capitaine. De conditions décentes, on passe à tendues, puis carrément précaires ! Conséquences de tout ce branle-bas, même en situation de reprise, une fois le Covid-19 neutralisé, les joueurs seront toujours tourmentés s’ils ne sont pas payés.

Populisme improductif

De par le monde, le football est un sport qui génère beaucoup d’argent. Les chaînes de télévision achètent le droit de retransmettre des matchs. Les marques donnent aussi de l’argent pour s’afficher sur les maillots des joueurs ou sur les panneaux publicitaires au bord des terrains, et  les supporters dépensent de l’argent pour acheter les maillots de leurs équipes préférées. Il est donc logique qu’une partie de cet argent permette aux clubs de rémunérer les joueurs. Un joueur de football professionnel n’est pas seulement un être gâté par la nature et béni par la providence. Il faut savoir que seuls les plus méritants deviennent professionnels. Ils ont investi en travaillant dur dans leur formation, sachant qu’après coup, la carrière d’un pro est très courte, sans compter le destin et les imprévus, comme les blessures, voire les périodes de chômage, quand la concurrence fait rage. Il faut donc éviter les clichés et les stéréotypes du genre un joueur pro est moins utile qu’un professeur, un médecin, un policier ou un pompier ! Bref, évitons donc de comparer le salaire à l’utilité du travail, et de stigmatiser  un corps de métier qui gagne effectivement beaucoup d’argent (populisme improductif). Le salaire d’un footballeur est décidé par un club qui espère que le joueur fera vibrer les fans. En retour, le joueur doit être performant pour justifier son salaire, sans quoi le club voudra s’en séparer comme dans n’importe quel métier ! L’ironie de ce processus, c’est que dans le monde du football, il arrive que les employés (les joueurs) gagnent beaucoup plus d’argent que leurs patrons (les dirigeants). Et ça, ce n’est pas fréquent dans les autres métiers !

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