La traçabilité est par définition, « une technique indispensable qui permet de connaître toutes les informations d’un produit, liées à sa fabrication jusqu’à sa destruction (consommation) »
Elle commence par les toutes premières étapes de la fabrication d’un produit, après avoir connu ses composants et les fournisseurs, le ou les lieux où il a été stocké, les éventuels contrôles effectués sur le plan sanitaire, les opérations commerciales qui ont eu lieu entre fabricants, grossistes, fournisseurs et revendeurs, les moyens et lieux de fabrication, ses clients ou consommateurs.
Avec ce que les opérations de contrôle nous livrent comme informations, au quotidien, nous remarquons tout de suite que nous sommes loin du compte.
Alors que les citoyens se plaignent en raison des ruptures de stocks à répétition, des centaines et des centaines de tonnes de ces produits, souvent subventionnés, sont saisies dans des « entrepôts » que l’on aménage un peu partout, on ne peut que se poser des questions.
Des questions d’abord qui relèvent des relations qui existent entre le fabricant de ces produits et qui les a cédés et celui qui les a « achetés » pour ravitailler (théoriquement) le marché. Il ne faudrait pas être le dernier des niais de ce monde, pour comprendre que les relations qui existent entre un fournisseur qui ne se pose aucune question et un « client » qui multiplie les commandes, de très grosses commandes, finissent par devenir pour le moins qu’on puisse dire douteuses.
Dans un monde où la confiance et l’honnêteté morale et intellectuelle est de rigueur bien entendu. Et ce n’est pas toujours le cas.
Dans la nature
Ce qui le prouve, c’est bien cette noria de poids lourds qui vient s’approvisionner et qu’une fois ces gros porteurs bâchés, se perdent dans la nature. On ne retrouve leurs traces qu’à la faveur de ces descentes que les agents de contrôle opèrent et qui se traduisent par des pertes énormes. Des pertes qui plombent les caisses de l’Etat lequel subventionne ces produits pour les mettre à la disposition des citoyens aux bourses limitées, qui font la joie des nantis, et le bonheur de ceux qui y ont recours pour faire tourner leurs activités.
Imaginez ce que rapporte un kilo de farine subventionnée à un pâtissier qui vous sert un morceau de gâteau microscopique pour plus de quatre dinars, ou un revendeur de pizza qui égrène les zéros pour des parts qui tiennent plus de l’amuse gueule que d’un soit disant repas.
Consultez les prix que proposent les restaurants pour des plats de pâtes ou de couscous.
C’est que faute de traçabilité, ceux qui sont sensés acheter farine ou semoule ou produits dérivés au prix réel, ne le font qu’en apparence. Les fournisseurs de l’ombre sont là et les aident à faire tourner leurs commerces, au moindre frais, en leur livrant ce dont ils ont besoin.
Une priorité
On ne peut à l’infini, jouer à ce jeu du chat et de la souris. Si l’on veut à être juste et permettre à l’Etat de se retirer progressivement du magma que constitue cette caisse de compensation, il faudrait commencer par mettre de l’ordre dans les circuits de production et de consommation.
Il faudrait commencer par interdire le transport des produits subventionnés entre les gouvernorats, sans justificatifs et en assurant une traçabilité à toute épreuve. La responsabilisation des producteurs est incontournable. Pensez tout simplement que l’on a saisi des camions dont la cargaison était destinée à des …terroristes !
C’est dire que ce mercantilisme de tout bord doit cesser et qu’un acheteur qui dépasse certaines normes, devient automatiquement louche.
Les lieux de livraison ou de stockage et la tenue d’un registre paraphé des mouvements doivent absolument être de rigueur. L’Etat a son mot à dire dans tout ce qui concerne ces produits subventionnés. Et jusqu’à la mise en place de cette future vision que l’on réserve à la caisse de compensation ces dispositions (il y a sans doute d’autres), nous paraissent une priorité.
De toutes les façons, lorsque l’on ferme l’œil sur l’implantation des lieux et des conditions de stockage et quen’importe qui est en mesure d’acheter en gros (dans tout ce manège il y forcément des passe-droits), on ne peut qu’aller droit dans le mur. Tout le marché est forcément faussé, du départ des produits jusqu’à sa consommation.