Avec 23 cas recensés à Ez-zahra, la ville est la plus touchée du gouvernorat de Ben Arous qui compte quelque 74 cas.
Depuis quelques semaines, la petite ville paisible de la banlieue sud de près de 35 000 habitants vit au rythme du confinement général en ces temps de pandémie. Pourtant, dans les rues principales d’Ez-zahra, comme ailleurs dans le pays, ce confinement n’est pas toujours respecté. Loin d’être une ville fantôme, Ez-zahra reste plus que jamais vivante. Ici des jeunes qui discutent ensemble, sans masques, à moins d’un mètre l’un de l’autre, là-bas, des citoyens achètent le pain tout juste sorti du four, en respectant cette fois la distanciation sociale, et, pour la majorité d’entre eux, portant un masque chirurgical.
Avec 23 cas recensés à Ez-zahra, la ville est la plus touchée du gouvernorat de Ben Arous qui compte quelque 74 cas. Une situation qui inquiète les habitants. « Je me fais évidemment des soucis, nous confie Rabiâ, une quinquagénaire qui affirme respecter à la lettre les consignes de confinement et de distanciation sociale. Je souhaite qu’il y ait un peu plus de campagnes de propreté et de désinfection pour éviter tous les risques liés au coronavirus ».
Régulièrement, le maire de la ville, Rayen Hamzaoui (le plus jeune maire en Tunisie), lance des appels sur sa page officielle pour demander aux riverains de rester chez eux et de respecter le confinement. Mais sans une police à ses ordres, Hamzaoui n’a que les mots pour convaincre. Mais, grâce au soutien de la société civile, la mairie a pris des dispositions à saluer en faveur des habitants. Dernière en date, la mise en place d’une cellule chargée d’assurer des livraisons à domicile, et ce, de manière absolument gratuite. Seifeddine Oueslati de la Jeune Chambre économique d’Ez-zahra est bénévole dans cette cellule composée d’un peu plus de dix personnes. Depuis le démarrage de cette action il y a quatre jours, ces bénévoles ont pu assurer la livraison de pas moins de 125 commandes.
« Chaque jour, sur notre nos numéros verts, nous prenons les commandes de 9 heures à 14 heures, et nous les livrons le même jour, nous explique Seifeddine Oueslati. Pour ceux qui nous appellent l’après-midi, nous les livrons généralement le lendemain, et le jour même si nous en avons le temps et les moyens ». Fruits, légumes, pain et même parfois des médicaments sont livrés avec le ticket de caisse au domicile de l’usager de ce service généreusement offert par la commune. Le plus souvent, ce sont les jeunes bénévoles qui se déplacent avec leurs propres véhicules pour faire les courses. « Pour nous, le plus important est que les citoyens restent chez eux », résume Seifeddine Oueslati.
Outre ces besoins du quotidien, une cellule d’information sur le Covid-19 composée de spécialistes est à pied d’œuvre pour répondre aux interrogations des habitants de la ville. Les internautes peuvent également bénéficier d’une consultation gratuite, en envoyant simplement un message sur la page Facebook dédiée à cet effet.
« Nous recevons des appels en tous genres, affirme Eya Madani, une jeune bénévole de la cellule. Certains paniquent parce qu’ils ont les symptômes de la grippe qu’ils croient être ceux du Covid-19, d’autres nous demandent où se trouvent les malades du Covid-19, d’autres encore nous appellent pour des consultations diverses, et nous répondons à leurs questions ».
Selon la nature de la demande, les bénévoles réorientent les citoyens vers des médecins partenaires. Notons que quatre psychologues se sont également portés volontaires pour un soutien psychologique des plus fragiles.