Le secrétaire général de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) a dénoncé, jeudi à Sousse, l’attitude de la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (CONECT) qui a exprimé son rejet de l’accord signé, le 14 avril 2020, entre le ministre des Affaires sociales, le secrétaire général de l’UGTT et le président de l’UTICA, concernant le versement des salaires du mois d’avril pour les salariés du secteur privé.
Dans une déclaration à la TAP, en marge de l’inauguration d’une unité hospitalière d’urgences pour les patients infectés par le coronavirus à l’hôpital universitaire Sahloul à Sousse en présence du ministre de la santé et du président de l’organisation patronale, Taboubi a déclaré qu’« il aurait été plus opportun pour celui qui bafoue les droits des travailleurs, de rembourser la société tunisienne de banque », affirmant que l’UTICA reste l’unique et le principal partenaire social de l’organisation ouvrière.
Taboubi a, d’autre part, mis l’accent sur la nécessité de rendre hommage aux cadres médicaux et paramédicaux pour les efforts considérables qu’ils ne cessent de déployer pour faire face à la pandémie du Coronavirus, appelant à récompenser financièrement l’armée des blouses blanches et à accélérer l’activation du nouveau statut des travailleurs de la santé.
De son côté, le président de l’UTICA, Samir Majoul a salué l’initiative de l’homme d’affaires, Moez Driss qui a pris en charge la totalité des dépenses d’extension du service des urgences de l’hôpital Sahloul dénommé par la direction de l’établissement « Unité Covid-19 », appelant à renforcer la coopération entre les secteurs public et privé, notamment dans le secteur de la santé.
Il a, également, mis l’accent sur la nécessité d’éviter les tiraillements politiques et sectoriels, d’axer tous les efforts sur la lutte contre la pandémie du Coronavirus et de se préparer à la période post-pandémique.
La CONECT avait exprimé son rejet catégorique de l’accord signé le 14 avril entre le ministre des Affaires sociales, le secrétaire général de l’UGTT et le président de l’UTICA, concernant le versement des salaires du mois d’avril pour les salariés du secteur privé, en vertu duquel l’État va verser une aide exceptionnelle occasionnelle de 200 dinars alors que le reste de la rémunération sera pris en charge par l’entreprise.
Exprimant son profond regret du fait que cet accord ait été signé sans concertation suffisante avec les différentes organisations représentatives des employeurs, la CONECT a estimé qu’il n’obéit pas aux conditions légales, réglementaires et conventionnelles présidant à l’adoption de normes de travail contraignantes pour les entreprises. La CONECT a rappelé que la majorité du tissu économique tunisien est formée de PME et TPE employant plus de deux millions de personnes, que la plupart de ces entreprises sont à l’arrêt depuis le 20 mars 2020, soit depuis 26 jours compte tenu du confinement sanitaire total décrété par les pouvoirs publics. Elles ne disposent pas de ce fait de capacités financières suffisantes pour supporter les frais fixes tels que loyer, charges sociales et fiscales, ainsi que les salaires. Elle a exhorté le gouvernement à engager un dialogue sérieux et ouvert à toutes les parties prenantes sur les meilleurs moyens à même de prévenir les licenciements et la crise des salaires. La CONCET a aussi présenté une série de recommandations au gouvernement. Il s’agit essentiellement de suspendre d’urgence l’accord du 14 avril concernant le versement des salaires du mois d’avril pour les salariés du secteur privé. Il s’agit, en outre, d’adopter d’urgence, après une large et juste consultation des organisations représentatives des employeurs et des salariés, un décret-loi en vue de pourvoir aux insuffisances de la législation du travail en vigueur et prévenir, avant tout, le chômage technique par des dispositions permettant aux entreprises d’adapter le système de récupération des heures perdues en allant au-delà de la limite des deux mois fixée par l’article 92 du Code du travail et d’adopter une limite adaptée à l’ampleur des difficultés engendrées par le confinement sanitaire général.