Pour tenter de combler la pénurie de masques à laquelle le personnel de santé dans les hôpitaux et les pharmacies est confronté en cette période de crise sanitaire, des jeunes start-uppeurs ont eu l’idée de fabriquer des visières imprimées en 3D afin d’apporter leur aide dans la lutte contre l’épidémie de coronavirus.
Depuis le déclenchement de la crise liée à l’épidémie de Covid-19, les jeunes Tunisiens ne cessent de nous surprendre avec des idées innovantes et surprenantes. De nombreuses initiatives ont émergé spontanément pour lutter contre le coronavirus et chaque jour on découvre le potentiel caché de ces jeunes avec des solutions qui viennent de partout et souvent de là où on ne les attend pas. C’est en fait le cas de Sil3a 3D, une start-up spécialisée dans l’impression d’objets personnalisés en 3D, créée par deux jeunes étudiants de l’Institut supérieur des sciences biologiques appliquées de Tunis (Issbat).
«L’idée nous est venue à l’université dans le cadre de notre projet de fin d’étude. Créée en février 2020, Sil3a 3D offre aux acteurs économiques la possibilité de développer des solutions rapides pour être plus compétitifs… Contrairement aux techniques de production soustractives, notre start-up mise sur la technologie verte et l’impression 3D», précise Sofiene Mallek, l’un des fondateurs de Sil3a 3D, dans une déclaration accordée à La Presse.
A une question sur l’utilité de ces produits dans la lutte contre la propagation du Covid-19, Mallek précise que la visière, qui est fabriquée à partir de PLA, une matière écologique, réutilisable et lavable, est idéale pour la protection contre les gouttelettes, les éclaboussures, les germes et la poussière. Elle peut aussi être retirée en minimisant tout risque de contact. Cette visière ne protège pas contre les particules virales en suspens dans l’air, mais réduit considérablement le risque d’infection par voie respiratoire en contact du visage. Elle est destinée au personnel médical vu qu’ils est les plus exposé aux risques de contamination.
Environ 1h30 pour faire une visière
Le jeune start-uppeur ajoute que dès le déclenchement de la crise sanitaire du coronavirus, Sil3a 3D a pris l’initiative de diffuser, sur les réseaux sociaux, des messages de sensibilisation sur l’importance du confinement pour limiter la propagation du virus. Mais vu l’aggravation de la situation, qui devient de plus en plus préoccupante et précaire, ils ont décidé d’interrompre leur activité commerciale pour mettre leurs services bénévolement et gratuitement à la disposition du cadre médical et sanitaire. «Dès le début de la propagation de la maladie en Tunisie, on a constaté un manque flagrant de matériels de protection dans les hôpitaux… On a pu réagir immédiatement en fabricant des visières avec un coût de production unitaire inférieur à 3 dinars, mais le temps de réalisation demeure encore trop lent (environ 1h30 par pièce)… La fabrication des visières a débuté le 20 mars 2020, et jusqu’à présent Sil3a 3D a fabriqué et livré 416 visières à 29 hôpitaux, dont une quinzaine se trouvent dans le Grand-Tunis… On a aussi essayé d’aider les hôpitaux en difficulté, tels que ceux de Jendouba, Bou Salem, Tajerouine … La livraison de toutes ces commandes est assurée par le Samu», souligne-t-il, ajoutant que ces visières de protection ont été fabriquées en collaboration avec FabLab ENIT, FAB619, Elfab Space, TN-inventor et beaucoup d’autres particuliers.
Mallek affirme, en outre, que dans cette période de crise, l’impression 3D peut offrir une solution immédiate et moins coûteuse et que Sil3a 3D était prête à fabriquer le plus de visières possible, mais, malheureusement, le taux de productivité demeure faible. «Au début, on a commencé par utiliser notre propre stock de matière première, puis on a reçu un don de la part de ‘’Eco-Bureau’’. Ce don était comme un coup de pouce pour nous, mais il est insuffisant puisque la demande est de plus en plus importante… Aujourd’hui, notre production risque de s’arrêter vu l’épuisement inévitable de notre stock et l’incapacité de s’en approvisionner à cause de la fermeture des frontières», explique-t-il.
Les jeunes start-uppeurs ne comptent pas s’arrêter à la production de visières. Ils travaillent actuellement sur l’étude de faisabilité d’un connecteur à 4 sorties, qui permettra de multiplier la capacité des respirateurs déjà existants dans les hôpitaux. Grâce à ce nouveau produit, quatre malades pourront bénéficier du même respirateur. «Nos médecins et infirmiers sont nos soldats dans la lutte contre le Covid-19 et c’est notre devoir de les soutenir dans leur combat avec les moyens dont nous disposons», indique-t-il.
En parallèle, Sil3a 3D travaille sur plusieurs autres projets. Les deux jeunes start-uppeurs ont été contactés par Mme Dorra Ismail pour collaborer avec le Pr. Fakher Kharratl, directeur de l’Enau (Ecole nationale d’architecture et d’urbanisme), dans un projet d’impression de prototypes de valve de Venturi. Ce projet sera réalisé avec le Conseil national de l’ordre des médecins. Sil3a 3D a aussi imprimé des moules destinés à produire des maques afin d’accélérer l’étape de conception pour les industriels.
