
Le limogeage de bon nombre de délégués qui a coïncidé avec la distribution des aides sociales aux familles et personnes nécessiteuses ne peut que conforter la position du chef de l’Etat à ce propos et jeter une lumière crue sur une pratique derrière laquelle se dissimulent certains partis, ou du moins des personnalités politiques influentes.
L’absence de transparence n’a fait que saper la crédibilité des gouvernements qui se sont succédé au pouvoir depuis le 14 janvier 2011 et creuser le hiatus entre les gouvernants et la population et entre les élus et les électeurs qui ne savent plus à quel saint se vouer en raison des sempiternelles chamailleries à l’hémicycle qui s’apparentent à un crêpage de chignons.
Rachida Ennaifer, conseillère à la présidence de la République chargée de la communication, n’a fait que confirmer ce constat atterrant en levant le voile sur les ondes de la radio privée Shems FM sur les raisons qui ont poussé le président de la République Kaïs Saïed à superviser lui-même les opérations d’aide à Tebourba. « Le président voulait s’assurer que les aides arriveront aux bons destinataires d’autant plus qu’il y avait des aides qui ont été détournées. »
En quelques mots, la conseillère qui, rappelons-le, avait démissionné de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) en 2015 à cause des « déviations récurrentes et tentatives d’instrumentalisation », a résumé la méfiance des citoyens et la perte de crédibilité à l’égard des gouvernants qui ne datent pas d’aujourd’hui.
Si c’est le chef de l’Etat en personne qui a perdu confiance dans les institutions chargées de superviser les aides accordées aux familles nécessiteuses, c’est que rien ne va plus. Mais au fait, la conseillère en question, sur les traces du Président Kaïs Saïed, a eu le courage de dire tout haut ce que les politiques ont tendance à chuchoter.
Le limogeage de bon nombre de délégués qui a coïncidé avec la distribution des aides sociales aux familles et personnes nécessiteuses ne peut que conforter la position du chef de l’Etat à ce propos et jeter une lumière crue sur une pratique derrière laquelle se dissimulent certains partis, ou du moins des personnalités politiques influentes.
On n’est toujours pas sortis de l’auberge. Quand la corruption et la mauvaise gestion sont systémiques et que certaines affaires sont soit étouffées à l’état embryonnaire ou par des enquêtes qui s’ouvriront et se refermeront au gré des fluctuations de la politique, c’est tout l’édifice de la confiance à l’égard des instituions qui s’écroule. Dans une récente étude qu’il vient de publier, le vice-président du groupe de la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, Ferid Belhaj, explique qu’au moment où le coronavirus se propage dans la région Mena, « les rues se laissent aller à l’incertitude et à la peur. Les citoyens se tournent vers leurs gouvernants pour obtenir une réaction, mais des décennies d’absence de transparence ont fait le lit de la méfiance et, dans bien des cas, sapé la crédibilité de nos États ».